8 000 milliards d'euros par an : un rapport révèle le coût des inégalités de genre au travail

26 sep 2016

8 000 milliards d'euros par an : un rapport révèle le coût des inégalités de genre au travail

Un an après l'adoption à l'unanimité des Objectifs de développement durable par 193 Etats membres des Nations Unies, ActionAid France publie un rapport sur le coût des inégalités de genre au travail[1].

Publié le jour de l'ouverture de l'Assemblée générale des Nations Unies, ce rapport vient souligner l'importance de veiller à ce que la mise en œuvre, le suivi et l'évaluation de l'Agenda 2030 et des Objectifs de développement durable fassent véritablement progresser les droits des femmes et comblent les écarts de genre au travail.

Des centaines de millions de femmes approvisionnent leur famille en bois de chauffage et en eau, cuisinent, font le ménage et prennent soin des personnes âgées, des enfants et des malades, tout en s'efforçant de gagner leur vie par le biais des emplois les moins bien rémunérés et les plus précaires. Le travail qu'elles accomplissent – au sein et hors du foyer – est indispensable au développement durable et au bien-être de la société. Sans ce travail non rémunéré, l'économie mondiale ne fonctionnerait pas. Pourtant, le travail des femmes reste sous-évalué, en grande partie invisible, et leurs droits souvent bafoués.

Pour rendre compte de l'ampleur des inégalités de genre au travail, ActionAid a calculé leur coût annuel dans les pays du Sud. Le résultat, publié dans le rapport « Le grand écart. Le coût des inégalités de genre au travail » est accablant : plus de 8 000 milliards d'euros, un montant supérieur aux PIB combinés de la Grande-Bretagne, de la France et de l'Allemagne[2].

« Ce chiffre astronomique illustre combien l'égalité de genre pourrait contribuer à renforcer l'économie dans les pays en développement, en plus de répondre au respect des droits des femmes. S'il prenait en compte le travail non rémunéré de care[3], dont traite aussi le rapport, le coût serait encore plus important », souligne Mégane Ghorbani, Chargée de mission Droits des femmes chez ActionAid France.

Le rapport souligne également les conséquences humaines des inégalités économiques sur les femmes, notamment les freins aux libertés, la violence ainsi que d'autres formes de discrimination, d'exploitation et d'abus de droits humains.

Alors que les dirigeant·e·s du monde entier se réuniront dès demain pour l'Assemblée générale des Nations unies à New York, ActionAid France rappelle que les inégalités au travail ne sont pas une fatalité. L'exploitation du travail des femmes prévaut à cause des idées politiques injustes qui fondent notre économie et parce qu'elle s'enracine dans la discrimination de genre qui opère plus généralement dans la société.

« Il est grand temps d'agir sur les causes profondes des inégalités économiques imposées aux femmes, en adoptant une approche à visées transformatrices. Le système économique ne peut continuer de se reposer sur l'exploitation du travail des femmes, notamment des plus pauvres. S'il ne veut effectivement ‘laisser personne de côté', l'Agenda 2030 devra refléter l'instauration d'une économie juste, durable, fondée sur les droits humains et prospère pour tou·te·s », conclut Mégane Ghorbani.

[1] Ce rapport est une version française et éditée du rapport Close the gap ! The cost of inequality in women's work publié en 2015 par ActionAid UK.
[2] En 2015, le PIB allemand se montrait à 3 356 milliards de dollars US, le PIB français à 2 422 milliards et le PIB du Royaume-Uni à 2 849 milliards. Source : données de la Banque mondiale http://donnees.banquemondiale.org/pays (page consultée en juin 2016).
[3] Le care correspond au travail lié aux soins des autres qui incombe de façon disproportionnée aux femmes.