La prison pour avoir harcelé des féministes
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Le 15 mars, au Palais de justice de Montréal, il s'est produit quelque chose d'important pour la lutte féministe. L’homme qui avait publié des commentaires haineux sur la page Facebook du RéQEF a été condamné à 4 mois de prison et sera sous le coup d'une probation de trois ans avec de multiples conditions. Cette sentence constitue de la jurisprudence. C’est aussi la première fois qu’un tel cas de cyberharcèlement contre des féministes franchit toutes les barrières du système de justice québécois. Nous avons estimé important de vous informer que le coupable a des conditions qui l’empêchent notamment de contacter l’équipe et les membres du RéQEF ou d’être présent à nos activités durant cette période de trois ans suivant sa sortie de prison. Pour citer le jugement :
- ne pas communiquer directement ou Indirectement, de quelque façon que ce soit, avec le regroupement Réseau québécois en études féministes et avec toute personne dans le cadre des activités de la campagne Sans oui, c’est non!;
- ne pas être dans un rayon de 300 mètres de tous locaux occupés par le regroupement Réseau québécois en études féministes ou par toute personne dans le cadre des activités de la campagne Sans oui, c'est non!;
- ne pas se trouver dans tout local où se tient un événement auquel participe le regroupement Réseau québécois en études féministes ou tout évènement dans le cadre des activités de la campagne Sans oui, c'est non!.
Les administratrices des pages Facebook du Réseau québécois en études féministes (RéQEF) et – ce que nous ignorions jusqu’à tout récemment, celles de Sans oui, c'est non!, avaient déposé des plaintes pour harcèlement en 2016. Sous un faux profil, des messages publics et privés faisaient référence à Marc Lépine (auteur de l’attentat de Polytechnique). Un individu, Alexandre Chebeir, a plaidé coupable pour harcèlement criminel. À noter qu’il a comparu le 12 mars dans une autre affaire de cyberharcèlement contre des femmes, cette fois à Gatineau.
Nous espérons vous avoir justement représenté-e-s pour contrer ces discours haineux. L'équipe de travail du RéQEF, une organisation universitaire qui a pour mission de fédérer et promouvoir les études féministes, a refusé de subir en silence la misogynie 2.0 et le cyberantiféminisme. Que notre affaire se soit rendue jusqu'au procès tient à plusieurs facteurs, à commencer par la gravité du geste qui implique une symbolique de terreur pour nous empêcher de faire notre travail, nous intimider, nous silencier, bref, nous rappeler à l'ordre social, celui de l'attentat antiféministe de Polytechnique, celui qui s'objecte à l'existence des féministes, en l'occurence à l'université.
C'est bien d'une victoire collective qu'il s'agit. Bien sûr, c’est une victoire d'équipe, celle du RéQEF : Stéphanie Benoit-Huneault, Francine Descarries, Véronica Gomes, Laurence Lauzon et Sandrine Ricci, avec Mélissa Blais, Francis Dupuis-Déri et Rachel Chagnon, membres du RéQEF, que nous remercions pour leur soutien moral et expert. Sandrine a pu témoigner en notre nom des impacts psychologiques et matériels de ces attaques virtuelles. Nous exprimons notre solidarité à l'équipe de Sans oui c'est non! et aux autres féministes - notamment de l'UQAM - qui n'ont pu avoir justice alors qu'elles ont vécu une expérience similaire à la nôtre.
Plus largement, cette reconnaissance par la justice représente une victoire pour les féministes et les personnes qui subissent des discours haineux. Nous avons envoyé un message que l'appareil judiciaire peut parfois servir nos intérêts dans ces situations de cyberviolence et de cyberantiféminisme qui minent notre engagement mais peuvent aussi le catalyser. C'est pourquoi nous remercions l'enquêtrice, le procureur ainsi que les journalistes de leur collaboration pour le faire savoir. Et faire savoir aux agresseurs que #EtMaintenant la violence sexiste et sexuelle, ça suffit !
L’équipe du RéQEF