24 avril 2018 - 24 heures d’action solidaire féministe!
Source avec lien:
Cela fait 5 ans que près de 1000 femmes sont mortes et d’autres ont été blessées dans l’effondrement du Rana Plaza au Bangladesh, où elles travaillaient dans des conditions inhumaines, contre un salaire misérable. La nouvelle a choqué le monde. Il y a eu de nombreuses actions de condamnation et des demandes de réparations pour les dégâts causés. Nous, la marche mondiale des femmes, unissons nos voix à celles de plusieurs groupes et mouvements sociaux qui autour du monde exigent la fin de l’impunité des entreprises transnationales, au Bangladesh mais aussi dans le monde entier.
En 2015, dans le contexte de La quatrième action internationale, nous avons décrété que le 24 avril serait un jour de solidarité et d’action mondiale pour se souvenir des martyrs du quotidien et réfléchir au travail des femmes dans les dynamiques de l’économie mondiale. Nos réflexions et analyses politiques dans les différents endroits où nous nous mobilisons et construisons nos luttes, nous font parvenir à la conclusion que les phénomènes comme celui du Rana Plaza sont partout et se manifestent de diverses manières.
Les mobilisations de cette année autour du 8 mars, ont été des façons pour les mouvements de femmes d’attirer encore une fois l’attention sur le travail des femmes et leurs contributions à l’économie mondiale. L’appel à une grève générale a été massivement suivi par de nombreux mouvements, groupes de femmes et alliances syndicales, pour montrer que le travail des femmes compte, et dénoncer les diverses formes d’exploitation et d’inégalité.
À l’approche d’un nouveau 24 avril, nous, les femmes de la marche mondiale des femmes, nous réaffirmons notre lutte, nous dénonçons le système patriarcal-capitaliste qui par la division sexuelle du travail crée, maintien et perpétue l’inégalité en soumettant les femmes au travail de reproduction et en même temps rend invisible ce travail et le disqualifie dans la sphère économique au sens large. C’est ce travail de reproduction et de soin qui génère, reproduit et maintien la vie et toutes les autres dynamiques de la société et de l’humanité. Au contraire, le système capitaliste et patriarcal s’approprie la force de travail des femmes et dans plusieurs cas emballe et mercantilise ce travail pour promouvoir ses profits.
Le système capitaliste a crée la crise et la récession. Dans ces circonstances, nous assistons à l’affaiblissement de l’état et la perte de son rôle de gardien des politiques publiques et de garant de l’accès aux services de santé, éducation, transports, assainissement et sécurité sociale des citoyens et particulièrement des femmes. D’un autre côté, nous assistons au renforcement du pouvoir des entreprises qui prennent le contrôle des institutions et des services à travers la privatisation. Ces entreprises réduisent les services au minimum et en même temps les vendent très chers. La majorité de la population et particulièrement les femmes, se retrouve dépourvue de l’exercice de ses droits basiques.
Nous sommes dans un moment où le capitalisme impérialiste avance, avec les formes modernes de colonisation des peuples et de leurs territoires : les accords de libre-échange et les mégaprojets d’investissements promeuvent l’invasion des territoires, l’exploitation et la mercantilisation de la nature et des systèmes de terres, eaux et forêts. Ils détruisent les modes de vie, les cultures et les savoirs des peuples locaux. Pour le capitalisme, tout a un prix et tout peut être substitué, mais nous savons que ce n’est pas le cas !
Ils créent de la discorde, ils fomentent des guerres et rendent la vie locale impossible. Le nord s’est développé grâce au colonialisme impérialiste et aujourd’hui il utilise les même stratégies pour se sauver de la crise qu’il a crée. Les personnes sont obligées de migrer de la campagne à la ville, ou de la ville à d’autres pays à la recherche de sécurité et de meilleures conditions de vies. Mais souvent les femmes tombent dans des réseaux d’extorsion, de trafic sexuel, de travail forcé, d’esclavage et se retrouvent dans des impasses. Ce qui représente un coût de production bas en Asie, en Afrique et en Amérique latine, représente un coût élevé et la destruction de la vie des femmes, ainsi que la destruction de l’environnement et de l’humanité.
Ce système patriarcal, capitaliste et colonialiste ne s’organise pas seulement pour affaiblir l’état mais détruit aussi toutes les autres formes d’organisation démocratique qui défendent le bien commun.
C’est pourquoi, nous, la Marche Mondiale des Femmes, en ce 24 avril 2018, nous nous mobiliserons pour réaffirmer nos luttes en défenses des systèmes qui maintiennent la vie et la valorisation de notre travail comme une partie centrale de l’économie et de tous les systèmes qui garantissent la durabilité de la vie. Nous défendons les valeurs de coexistence et de solidarité entre les femmes, entre les femmes et les hommes, et entre les êtres humains et la nature.
Nous faisons appel aux militantes de la marche mondiale des femmes, aux groupes, organisations et mouvements alliés, pour mettre en place un acte politique en défense du travail et d’une économie juste, où les droits des femmes sont respectés, le 24 avril, de 12h à 13 h, ainsi nous serons unies pendant 24 heures, autour du monde.
Tant que toutes les femmes ne sont pas libres, nous serons en marche!