Des inégalités criantes menacent la pérennité des progrès du développement humain (PNUD)
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La Norvège, la Suisse, l’Australie, l’Irlande et l’Allemagne dominent le classement des 189 pays et territoires du plus récent Indice de développement humain (IDH) diffusé vendredi par le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD).
Le Niger, la République centrafricaine, le Soudan du Sud, le Tchad et le Burundi occupent le bas du tableau des résultats nationaux en matière de santé, d’éducation et de revenu, selon cet indice.
Le passage d’un grand nombre de pays à la catégorie supérieure de l’IDH traduit une tendance globale à l’amélioration continue du développement humain : sur les 189 pays pour lesquels l’IDH est calculé, 59 appartiennent aujourd’hui à la catégorie « développement humain très élevé » et 38 seulement à la catégorie « développement humain faible », par rapport à 46 et 49 respectivement il y a huit ans (2010), note le PNUD dans un communiqué de presse.
L’Irlande, qui gagne 13 places, affiche la plus forte progression dans le classement selon l’IDH entre 2012 et 2017, suivie par la Turquie, la République dominicaine et le Botswana, qui grimpent chacun de huit places. Les trois reculs les plus marqués en matière de développement humain sont enregistrés par des pays en conflit : la République arabe syrienne accuse la plus forte régression et perd 27 places, suivie par la Libye (26 places) et le Yémen (20 places).
Les évolutions vers le haut ou le bas de l’IDH dépendent des changements survenus dans les domaines de la santé, de l’éducation et du revenu. Les progrès considérables en matière de santé sont attestés par l’allongement moyen de l’espérance de vie à la naissance, de presque sept ans à l’échelle mondiale ; en Afrique subsaharienne et en Asie du Sud, qui ont le plus avancé, l’espérance de vie s’est allongée d’environ 11 ans depuis 1990. Par ailleurs, les enfants d’âge scolaire peuvent aujourd’hui prétendre à 3,4 années de scolarisation de plus qu’en 1990.
Les inégalités inter- et intranationales continuent de freiner les progrès
Les niveaux d’IDH moyens ont considérablement augmenté depuis 1990 – de 22% à l’échelle mondiale et de 51% dans les pays les moins développés – indiquant que, en moyenne, nous vivons plus longtemps, nous faisons de plus longues études et nos revenus sont supérieurs. D’énormes différences continuent cependant d’être observées au regard du bien-être des populations du monde entier.
Un enfant né aujourd’hui en Norvège, en première place du classement selon l’IDH, a de bonnes chances de vivre plus de 82 ans et de rester dans le système éducatif pendant au moins 18 ans. Un enfant né au Niger, en dernière place du classement selon l’IDH, a peu de chances de vivre plus de 60 ans et d’être scolarisé plus de cinq ans. Ces différences profondes sont observées encore et encore.
« Si ces statistiques marquent à elles seules un contraste saisissant, elles témoignent également de l’influence tragique des inégalités et des déficits en opportunités sur la trajectoire de millions d’individus. Ce n’est pourtant pas une fatalité », déclare Achim Steiner, l’Administrateur du PNUD.
Un examen plus poussé des éléments constituant l’IDH livre des données sur la répartition inégale des résultats en matière d’éducation, d’espérance de vie et de revenu au sein des pays. L’Indice de développement humain ajusté aux inégalités permet de comparer les niveaux d’inégalités intra-nationales : plus ce niveau est élevé, plus l’IDH d’un pays diminue.
Bien que des inégalités marquées soient constatées dans de nombreux pays, y compris dans quelques-uns des plus riches, leurs répercussions sont en moyenne plus profondes dans les pays qui affichent des niveaux inférieurs de développement humain.
Les inégalités entre les sexes
L’une des principales causes d’inégalité au sein des pays réside dans l’écart femmes-hommes au regard des chances, des accomplissements et de l’autonomisation. L’IDH moyen pour les femmes, à l’échelle mondiale, est inférieur de 6 % à celui des hommes en raison de leurs revenus et de leurs niveaux d’études moindres dans un grand nombre de pays.
En dépit d’une progression louable du nombre de filles scolarisées, d’importantes différences persistent au quotidien entre les femmes et les hommes dans plusieurs domaines clés. L’autonomisation des femmes demeure un enjeu spécifique.
Le taux d’activité féminin est inférieur au taux d’activité masculin à l’échelle mondiale, à raison de 49% contre 75%. Qui plus est, lorsque les femmes sont actives, leur taux de chômage dépasse celui de leurs homologues masculins de 24%. Dans le monde entier, les femmes assument une bien plus grande part du travail domestique et familial non rémunéré que les hommes.
Globalement, la part de sièges parlementaires occupés par des femmes reste faible, bien qu’elle varie d’une région à l’autre : de 17,5% et 18% en Asie du Sud et dans les États arabes respectivement, à 29% en Amérique latine/Caraïbes et dans les pays de l’OCDE. La violence à l’égard des femmes concerne toutes les sociétés. Dans certaines régions, le mariage précoce et un taux de natalité élevé chez les adolescentes compromettent les perspectives d’un grand nombre de jeunes femmes et de filles : en Asie du Sud, 29 % des femmes entre 20 et 24 ans se sont mariées avant 18 ans.
Le taux élevé de natalité chez les adolescentes, la maternité précoce et l’accès inadéquat et inégal aux services de santé avant et après la naissance entraînent un taux de mortalité maternelle élevé. Le taux de natalité chez les adolescentes en Afrique subsaharienne, soit 101 pour 1.000 naissances vivantes, correspond à plus du double de la moyenne mondiale (44 pour 1.000 naissances vivantes). L’Amérique latine et les Caraïbes suivent avec un taux de 62 pour 1.000 naissances vivantes. Même si le taux de mortalité maternelle en Afrique subsaharienne est de 549 décès pour 100.000 naissances vivantes, certains pays de la région, dont Cabo Verde, parviennent à un taux nettement inférieur (42 décès pour 100.000 naissances vivantes).