Services éducatifs au Nunavik : le ministère de l'Éducation et de l'Enseignement supérieur doit assumer pleinement son rôle
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QUÉBEC, le 24 oct. 2018 /CNW Telbec/ - Dans un rapport d'enquête rendu public aujourd'hui, le Protecteur du citoyen conclut que le ministère de l'Éducation et de l'Enseignement supérieur doit assumer davantage ses obligations envers la Commission scolaire Kativik, au Nunavik. Selon Marie Rinfret, protectrice du citoyen, « le Ministère adopte une vision restrictive de son rôle. Ce faisant, il ne fournit pas à la Commission scolaire les outils nécessaires à la réalisation de son mandat. »
Quelques chiffres :
- Près de 80 % des élèves quittent le système scolaire sans diplôme ni certification, soit 4 fois plus qu'ailleurs au Québec;
- Le taux de diplomation y est de 25,9 %, comparativement à 77,7 % pour l'ensemble du Québec;
- Plus de la moitié des Inuit ne détiennent aucun certificat, diplôme ou grade, comparativement à 13 % ailleurs au Québec.
L'enquête du Protecteur du citoyen révèle que plusieurs facteurs compliquent la démarche des jeunes inuit tout au long de leur parcours scolaire :
- À partir de la 4e année, les matières du cursus scolaire (mathématiques, sciences, univers social, etc.) sont enseignées uniquement en français ou en anglais alors que jusque-là, la langue d'enseignement est principalement l'inuktitut;
- Le programme pédagogique n'est pas entièrement adapté à leur culture et à leur réalité;
- Ils n'ont pas accès aux programmes de sciences et de mathématiques de 5e secondaire;
- L'accès aux études postsecondaires et à la formation générale des adultes est très limité;
- Très peu de services sont offerts aux élèves en difficulté ou handicapés.
Le Protecteur du citoyen a par ailleurs constaté que la Commission scolaire Kativik peine à recruter et à retenir le personnel enseignant. Il en résulte la fermeture de classes, et ce, quotidiennement. On note aussi un fort taux d'absentéisme du personnel et des élèves. Dans le cas de ces derniers, aucun suivi n'est effectué lorsque les absences ne sont pas motivées.
Au terme de son enquête, le Protecteur du citoyen cible différents correctifs, concrets et réalistes, pour que le peuple inuit reçoive les services éducatifs auxquels il a droit. Les améliorations passent selon lui par une action concertée entre le Ministère et la Commission scolaire Kativik.
Le rapport du Protecteur du citoyen formule 14 recommandations au ministère de l'Éducation et de l'Enseignement supérieur. L'une d'elles, concernant l'encadrement des élèves en difficulté ou handicapés, s'adresse aussi au ministère de la Santé et des Services sociaux. La Société d'habitation du Québec est également visée par une recommandation qui a pour but de contrer le manque de logements.
Le Protecteur du citoyen comme médiateur
En cours d'enquête, le Protecteur du citoyen a constaté que du fait de son intervention, on assistait d'ores et déjà à des rapprochements fructueux entre le Ministère et la Commission scolaire. À titre d'exemple, le Ministère finance désormais un programme d'études postsecondaires intitulé « Nunavik Sivunitsavut » (« Nunavik, notre avenir »). Ce programme permet aux jeunes inuit d'approfondir certaines notions propres à leur territoire (histoire, politique, etc.). Les crédits obtenus dans le cadre de ce programme sont reconnus pour l'atteinte d'un diplôme d'études collégiales.
Rappelons que le Protecteur du citoyen est une institution impartiale et indépendante ayant pour mission de veiller au respect des droits des citoyennes et citoyens par les ministères et organismes, les établissements du réseau de la santé et des services sociaux et les établissements de détention du Québec. Il participe ainsi à l'amélioration de la qualité et de l'intégrité des services publics.