Les quotas efficaces pour davantage de femmes au parlement
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D’après l’étude annuelle réalisée par l’UIP sur les femmes au parlement, la part de ces dernières dans les parlements nationaux a augmenté de près d’un point de pourcentage en 2018, à 24,3 pour cent, contre 23,4 pour cent en 2017. Ce gain de 0,9 point vient confirmer la progression de la présence des femmes au parlement, à un rythme légèrement plus rapide que les années précédentes. Les pays dotés de politiques de quotas par sexe efficaces ont élu beaucoup plus de femmes au parlement que ceux qui en sont dépourvus, à savoir 7 points de plus dans les chambres uniques ou basses et 17 points de plus dans les chambres hautes.
L’UIP scrute la participation des femmes au parlement depuis des décennies, ce qui lui permet d’observer les progrès ainsi que les reculs et les tendances. Le rapport de cette année porte sur 50 pays qui ont tenu des élections en 2018. Les données recueillies par l’UIP confirment la progression constante, quoique lente, de la part des femmes au parlement à travers le monde, qui était de 11,3 pour cent en 1995 et de 18,3 pour cent en 2008.
« Accroître le nombre de femmes au parlement permet d'améliorer et de renforcer les démocraties, tout en augmentant leur représentativité au service de l'ensemble de la population. L'augmentation de un pour cent que nous avons constatée en 2018 représente une légère amélioration en matière de représentation parlementaire des femmes. Nous sommes donc encore loin de la parité entre les sexes au niveau mondial. C'est pourquoi nous appelons de nos vœux une plus grande volonté politique dans l'adoption de quotas et de systèmes électoraux efficaces qui éliminent tout obstacle juridique empêchant les femmes d'accéder au parlement », a déclaré la Présidente de l’UIP et parlementaire mexicaine, Gabriela Cuevas Barron.
« Il est encourageant de constater que les mesures préconisées depuis de nombreuses années par l’UIP, comme l’instauration de quotas de femmes efficaces et bien appliqués, commencent à porter leurs fruits. Forte de sa longue expérience en matière d’autonomisation des femmes au parlement, l’UIP se tient à la disposition de tous les parlements qui souhaitent parvenir à l’égalité des sexes », a indiqué pour sa part le Secrétaire général de l’UIP, Martin Chungong.
Tendances générales
Le rapport de l’UIP montre que les quotas électoraux pour les femmes se sont maintenant étendus à toutes les régions du monde et que plus de 130 pays ont adopté des systèmes de quotas. Les résultats des élections de 2018 démontrent que l’utilisation de quotas efficaces peut contribuer à améliorer l'équilibre entre les sexes. En Amérique latine, plusieurs pays revoient actuellement à la hausse leurs quotas de femmes adoptés dans les années 1990 – alors fixés à 30 pour cent – afin d’obliger les partis à présenter des listes paritaires entre hommes et femmes. En 2018, le résultat de ces politiques a été particulièrement manifeste dans des pays comme le Costa Rica, où la part des femmes au parlement a augmenté de 12,3 points et au Mexique, où la chambre basse a gagné 6 points et la chambre haute 16,4. Les parlements de ces deux pays se rapprochent ainsi de la parité.
Néanmoins, l’expérience a montré que les politiques de quotas ne sont pas toutes aussi efficaces d’un pays à l’autre. Dans la plupart des cas, le simple fait d’imposer des quotas, sans prévoir de mécanismes de placement ou de sanctions, n’a pas permis d’avancées majeures en ce qui concerne la représentation des femmes au parlement.
L’analyse de l’UIP souligne également que les systèmes électoraux influent sur la représentation des femmes, la proportion moyenne de femmes élues étant nettement plus élevée avec les systèmes de scrutin proportionnel ou mixte (26,5 %) qu’avec le système de scrutin majoritaire (20 %).
Dans certains pays, la diversité de la représentation des femmes a été particulièrement remarquable en 2018, avec l’arrivée au parlement de groupes de femmes plus jeunes et d’origine ethnique davantage diversifiée. Par exemple, aux États-Unis, les élections ont été historiques en termes d’inclusion de nouveaux groupes de législateurs. La proportion de femmes n’a jamais été aussi élevée à la chambre basse (23,5 %) ainsi qu’à la chambre haute (25 %). Parmi ces élues, 37 pour cent étaient des femmes de couleur, avec pour la première fois deux femmes musulmanes et deux autres issues des populations autochtones. Ce scrutin a aussi été marqué par l’élection des deux plus jeunes femmes jamais élues au Congrès, toutes deux âgées de 29 ans, et de cinq nouveaux parlementaires homosexuels ou bisexuels, dont quatre femmes.
Les élections tenues en 2018 ont également mis davantage en évidence le problème de la violence à l’égard des femmes en politique. En 2018, l’UIP a publié la deuxième édition de son étude intitulée Sexisme, harcèlement et violence à l’égard des femmes dans les parlements d’Europe, en partenariat avec l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe. Cette étude a confirmé la forte prévalence du sexisme dans les parlements européens, 85 pour cent des femmes parlementaires interrogées ayant déclaré avoir subi une forme de violence sexiste au cours de leur mandat.
Tendances régionales
La région des Amériques demeure en tête en ce qui concerne la part d’élues au parlement (30,6 %), la première région à dépasser le seuil de 30 pour cent. La plus forte hausse a été enregistrée dans la chambre haute d’Antigua-et-Barbuda (+ 19,6 points), ce qui s’explique en partie par la petite taille du parlement.
En Asie, les femmes ont remporté 22,7 pour cent des sièges aux élections parlementaires de 2018, ce qui porte leur proportion globale à 19,6 pour cent, un taux qui reste néanmoins inférieur à la moyenne mondiale. Les progrès les plus notables ont été enregistrés dans la chambre basse du Bhoutan (+ 8,5 points), où sept des dix femmes candidates ont été élues.
En 2018, la proportion de femmes au parlement s’est renforcée en Europe, avec une moyenne de 28,5 pour cent. La Lettonie a connu l’une des progressions les plus impressionnantes, alors que la représentation des femmes est passée de 19 à 31 pour cent (+ 12 points). Malgré une baisse du nombre de candidates dans ce pays, plus de femmes ont été élues essentiellement dû au fait qu’elles occupaient une position plus élevée dans les listes présentées par les partis.
En Afrique subsaharienne, les progrès ont été relativement modestes en 2018, avec une moyenne régionale de 23,7 pour cent de femmes parlementaires. La progression la plus spectaculaire aux niveaux régional et mondial, parmi les chambres uniques ou basses, a été enregistrée à Djibouti, où la part d’élues au parlement est passée de 10,8 à 26,2 pour cent (+ 15,4 points). En 2017, le pays a mené, en partenariat avec l’UIP, un exercice d’auto-évaluation de sa sensibilité au genre, qui a conduit début 2018 à une modification de la loi électorale, en vertu de laquelle au moins 25 pour cent des sièges au parlement sont désormais réservés aux femmes. Le Rwanda a également tenu des élections en 2018. Malgré un recul de la proportion de femmes, le pays demeure à la première place du classement mondial – qu’il occupe depuis 2003 –, avec 61,3 pour cent de femmes parlementaires.
La région Moyen-Orient et Afrique du Nord a enregistré en 2018 une faible progression en termes de représentation des femmes au parlement, avec une moyenne régionale de 18,1 pour cent, le plus faible taux régional. Toutefois, le Bahreïn est entré dans l'histoire avec l’élection de sa première présidente de parlement (et la troisième dans toute la région), accompagné d'une augmentation de 7,5 points de pourcentage de femmes élues à la chambre basse.
Le 12 mars, l’UIP publiera en partenariat avec ONU Femmes sa carte bisannuelle sur la participation des femmes à la vie politique, à l’occasion de la session de la Commission de la condition de la femme à New York. Cette carte viendra compléter l’analyse de l’UIP sur les femmes parlementaires en présentant des données sur les femmes chefs d’Etat, chefs de gouvernement, présidentes de parlement ou encore ministres.