Journée internationale des luttes paysannes: appliquons la Déclaration
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Ce 17 avril, la Journée internationale des luttes paysannes, l’Union paysanne, en tant que membre du mouvement paysan mondial la Via Campesina, célèbre une importante victoire : l’adoption, le 17 décembre, 2018, par l’Assemblée générale des Nations unies de la Déclaration sur les droits des paysans et des autres personnes travaillant dans les zones rurales.
Bien qu’il ne soit pas juridiquement contraignant, ce nouvel instrument est une affirmation de la volonté des Nations unies de faire respecter les droits de cette partie de l’humanité trop souvent victime de déplacement forcé, de pauvreté, de criminalisation et de subordination aux intérêts des transnationales agro-industrielles.
Au Canada actuellement, les paysanNEs se trouvent menacéEs par le gouvernement, qui souhaite fragiliser le droit de garder leurs semences, ce qui accentuerait la mainmise des transnationales semencières sur l’agriculture familiale. Il s’agit toutefois d’un droit protégé par la Déclaration.
Au Québec, il a fallu le courage d’un lanceur d’alerte, ajouté aux travaux des journalistes, pour persuader le gouvernement de mettre sur pied une commission sur les effets des pesticides sur la santé et l’environnement. Espérons que la commission se penchera particulièrement sur la santé de ceux qui sont les plus exposés aux effets des pesticides, c’est à dire les paysanNEs et leurs familles ainsi que les travailleurs-euses agricoles, et qu’elle se souviendra de l’obligation de l’État de « mener des programmes de …sensibilisation du public aux effets ….des produits chimiques d’utilisation courante dans les zones rurales, ainsi qu’aux solutions de remplacement. » La Commission doit aussi se souvenir du droit des travailleurs-euses agricoles de « ne pas utiliser des substances dangereuses … et de ne pas y être exposés. »
Au Québec et au Canada, les travailleurs- agricoles se voient souvent privéEs de leurs droits, en particulier du droit de constituer des syndicats et de mener des actions collectives, malgré l’obligation des États « de prendre des mesures appropriées pour encourager la création … de syndicats ,.. et de lever les obstacles à … leur développement. » Pour sa part, le gouvernement québécois a souvent manqué de prendre des mesures adéquates pour faire respecter le droit des travailleurs-euses saisonniers à « un logement convenable. »
La Déclaration insiste sur le fait que les droit humains sont « indissociables et interdépendants et se renforcent mutuellement ». Ainsi, dans certaines parties du monde, les paysanNEs et les travailleurs-euses qui réclament leurs droits socio-économiques sont exposéEs à des représailles allant du harcèlement à l’assassinat, une situation qui fait appel à un effort de solidarité de la part du mouvement paysan mondial et des changements de politique chez les gouvernements. Selon Karen Rothschild du Comité international de l’Union paysanne, « avec la nomination d’un Ombudsman pour surveiller le comportement des entreprises canadiennes à l’étranger, le Canada a fait un pas dans la bonne direction. Cependant, il est essentiel que cette nomination se traduise par le plein respect des communautés paysannes en Amérique latine, qui sont souvent victimes de violations très graves de leurs droits humains aux mains des agents des sociétés minières canadiennes. »
En fin de compte, la nouvelle Déclaration marque un point tournant dans les obligations des gouvernements à l’égard de la paysannerie et des zones rurales. Elle appelle aussi à un changement de mentalité chez les paysanNEs et les travailleurs-euses, qui cesseront d’être reléguéEs au statut de simples groupes d’intérêt ou de pression dans un monde majoritairement urbain afin de devenir de pleins sujets des droits collectifs et individuels spécifiques au monde rural.