Quand les raccrocheurs décrochent

27 mai 2019

Quand les raccrocheurs décrochent

Depuis 2017, les raccrocheurs sont invités à terminer leur secondaire à distance sur la plateforme ChallengeU et ils répondent à l'appel par milliers. Trois commissions scolaires misent sur cette stratégie qui leur coûte des millions, mais jusqu'à l'an dernier, 95 % des élèves avaient décroché après six mois passés sur la plateforme.

Des millions investis, peu d'examens réussis

« Finis ton secondaire sur ton cellulaire ! » C'est avec ce slogan que ChallengeU a été lancé officiellement au début de 2017 avec comme porte-parole les sportifs Georges St-Pierre, ex-champion mondial d'arts martiaux mixtes, et Steve Bégin, ancien joueur du Canadien. Ce dernier s'engage alors publiquement à finir son secondaire en utilisant la plateforme. En novembre, il a reçu son diplôme des mains du ministre de l'Éducation, Jean-François Roberge.

ChallengeU, qui a depuis changé son slogan, recrute les élèves et se charge de la conception des cours. Les commissions scolaires prennent le relais en inscrivant les élèves à des cours de méthodologie, de mathématiques et de français. Elles embauchent les enseignants et font passer aux élèves des examens reconnus par le ministère de l'Éducation.

Trois commissions scolaires francophones ont signé un contrat avec Diplômatiqc, un organisme sans but lucratif. Elles sont au Lac-Saint-Jean, dans le Témiscouata et au Témiscamingue, mais recrutent des élèves partout dans la province.

Diplômatiqc retient les services de ChallengeU, une entreprise privée. Toutes deux partagent la même adresse à Montréal, et le président de ChallengeU, Nicolas Arsenault, est aussi le cofondateur de Diplômatiqc.

Les factures obtenues par La Presse en vertu de la Loi sur l'accès à l'information montrent que depuis 2016, Diplômatiqc a reçu au moins 5 millions de dollars de ces commissions scolaires, elles-mêmes financées par Québec pour chaque élève inscrit en formation à distance.

« Il y a 50 % du financement [du gouvernement] qui s'en va dans le développement de la plateforme et le recrutement, et 50 % du financement dans le suivi des élèves et l'organisation scolaire », dit Annie Bouchard, directrice du secteur adultes de la Commission scolaire du Lac-Saint-Jean (CSLSJ). Les deux autres commissions scolaires ont des ententes semblables.

[...]

Lire la suite