Bourses pour étudiants à temps partiel : les hypothèses injustifiées du ministre Roberge
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MONTRÉAL, le 28 mai 2019 /CNW Telbec/ - Lors de l'étude des crédits 2019-2020 du Ministère de l'Éducation et de l'enseignement supérieur qui s'est tenue le 2 mai dernier, le Ministre de l'Éducation Jean-François Roberge y est allé d'une déclaration pour le moins surprenante. Questionné sur l'absence de bourses dans le régime d'aide financière aux études pour les étudiant(e)s postsecondaires à temps partiel qui ne sont pas réputés temps plein, le ministre a indiqué que « le danger » d'un tel programme serait d'inciter les étudiant(e)s à temps plein à privilégier les études à temps partiel, à allonger la durée de celles-ci et à diminuer ainsi la diplomation. Or, ces craintes nous apparaissent en l'occurrence non-fondées. En quoi est-ce dangereux de supporter financièrement les étudiant(e)s les plus démunis ?
D'une part présupposer que les étudiant(e)s à temps plein passeraient au temps partiel advenant l'octroi de bourse ne repose sur aucune étude ni sur aucune observation empirique. Bien au contraire, nous savons que le choix d'un régime d'études repose avant tout sur des considérations professionnelles et familiales. Les étudiant(e)s qui ont la capacité d'étudier à temps plein, souvent parce qu'étant plus jeune, généralement le font.
D'autre part, présumer que les études à temps partiel affectent négativement la diplomation est simpliste. Loin de représenter un frein à la diplomation universitaire, les étudiant(e)s à temps partiel représentent pour la plupart des étudiant(e)s adultes en formation continue qui pour une large part ne poursuivraient pas leurs études si ce n'était de la possibilité de le faire à temps partiel. Voyons plutôt cette population étudiante comme un ajout substantiel de nouveaux diplômés pour la société québécoise.
Si le ministre de l'Éducation désire s'intéresser aux conditions de réussite de cette population étudiante, il y aurait tout intérêt à se pencher plutôt sur leurs conditions socioéconomiques et sur le surendettement auquel ces étudiant(e)s s'exposent. Les études démontrent bien que l'endettement et la précarité financière constituent un important frein à la réussite académique et à la diplomation. N'octroyer que des prêts à une population étudiante financièrement précaire et dont on s'inquiète des taux de diplomation nous apparait en ce sens plutôt contradictoire.
La FAEUQEP dénonce depuis plusieurs années maintenant l'absence de bourses pour les temps partiels les plus défavorisés. Rappelons qu'il y aurait près de 13 000 étudiant(e)s universitaires à temps partiel au Québec gagnant moins de 15 000$ par année et ayant uniquement accès aux prêts pour financer leurs études. Il s'agit d'une situation par ailleurs unique au Canada. Dans les autres provinces, les temps partiels à faible revenu sont admissibles à des bourses par l'entremise du gouvernement fédéral. Afin de corriger cette iniquité ainsi que de favoriser les retours aux études et la persévérance scolaire, il nous apparaît essentiel de revoir le régime d'aide financière aux études pour que soit inclus un volet bourse pour les étudiant(e)s à temps partiel les plus démunis.