Les femmes violentées écopent : où sont nos politiques?
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Soutenue par les 3 partis d’opposition, la Fédération des maisons d’hébergement pour femmes (FMHF) a interpellé le premier ministre et son gouvernement sur la place réservée aux femmes violentées et leurs enfants dans l’ordre de ses priorités politiques.
Elles ont crié leur rage contre le manque de volonté politique. « Le gouvernement doit s’attaquer fermement à la violence envers les femmes ! », affirme Manon Monastesse, directrice générale de la Fédération des maisons d’hébergement pour femmes (FMHF). Elle rappelle que seule 19% des femmes soutenues portent plainte à la police, faute de confiance et de soutien dans le système de justice.
Quelques chiffres
La situation en maison d’hébergement est dramatique. 50% des femmes hébergées composent avec des problèmes de santé mentale. 20% des femmes soutenues par les maisons ont reçu des menaces de mort de la part de leur conjoint. Au Québec, une trentaine de femmes sont victimes de tentative de meurtre chaque année et une douzaine en meurt. Au Canada, une femme décède tous les 2 jours sous les coups de son conjoint.
Les maisons sont des actrices incontournables de la sécurité physique et psychologique des femmes. Afin d’accomplir leur importante mission, elles doivent avoir les moyens d’accomplir entièrement leur mandat. « Nous sommes ici pour lancer un appel clair : De Montréal ou Québec, de Chibougamau à Gaspé, de Sherbrooke à Gatineau, toutes dénoncent une même réalité : le financement des maisons fait cruellement défaut, les maisons peinent à fournir les services essentiels - ce qui met les femmes en danger » réitère madame Monastesse.
Sylvie Bourque, présidente de la FMHF et directrice de la maison Inter-Val 1175, est choquée : « Bien que nos maisons accueillent près de 3500 femmes et leurs 1500 enfants, le taux d’occupation avoisine voire dépasse les 100% et nous devons refuser environ 15 000 demandes d’hébergement chaque année faute de places disponibles au moment de l’appel. Quand on dit non à une femme, on ne sait pas si on la renvoie vers un conjoint violent, un propriétaire agresseur, ou tout simplement dans la rue, souvent avec ses enfants. »
Les maisons sont à bout de souffle, elles ne parviennent plus à joindre les deux bouts. Plusieurs ont déjà coupé dans leur services d’hébergement, dans les services externes, dans les services d’accompagnement, de sensibilisation, de concertation. Sans parler du manque de personnel dû à la pénurie de main d’œuvre.
Il est donc primordial que le gouvernement consolide le réseau actuel par un rehaussement significatif du financement des maisons existantes. Il faut également réinvestir massivement dans le réseau des maisons d’hébergement pour femmes et enfants et ouvrir plusieurs centaines de places rapidement.
« Le réseau des Fédérations de maisons d’hébergement pour femmes est essentiel à la sécurité des enfants et des femmes. Nous avons besoin de ces ressources et de leur expertise. Nous devons les écouter et répondre à leurs demandes. », affirme Francine Charbonneau, porte-parole de l’opposition officielle en matière d’intimidation.
« On manque de places dans les maisons d'hébergement pour accueillir des milliers de victimes de violence dont la vie est en danger. Rappelons-nous qu’au Québec, une femme par mois est tuée par son conjoint ou son ex-conjoint. C'est clair que la situation mérite une réponse urgente, elle doit venir dans la mise à jour économique de demain », exige Christine Labrie, responsable solidaire en matière de condition féminine.
"Le sous-financement chronique des maisons d’hébergement depuis plusieurs années empêche des centaines de femmes et d’enfants d’obtenir de l’aide. Ils cognent à nos portes et on doit les refuser... c’est inacceptable. On réclame un financement supplémentaire pour ouvrir rapidement des places en hébergement et pour offrir un service adéquat partout dans la province", ajoute Méganne Perry Mélançon, porte-parole en matière de condition féminine du PQ.
La rapporteure spéciale des Nations unies contre les violences envers les femmes, de passage au Québec en 2018, insiste : « plusieurs femmes se remettent en danger faute de place en maisons d’hébergement et de disponibilité des logements sociaux, incluant dans les zones rurales. Il est urgent également de prendre en compte les diversité linguistiques et culturelles ».
Les besoins sont énormes, les attentes sont grandes. Nous répétons que nous souhaitons être des alliées. Aidez-nous à protéger les femmes et les enfants violentés !
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Source et info
Marie Hélène Senay
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