30 ans après : mettre fin à la pauvreté pour la prochaine génération

27 nov 2019

30 ans après : mettre fin à la pauvreté pour la prochaine génération

WINNIPEG et TORONTO, Nov. 25, 2019 /CNW/ - En cette veille de l'assermentation des membres du nouveau Parlement canadien, la cohorte d'anciens et de nouveaux député.e.s fédéraux a l'occasion d'écrire une page de l'histoire en s'engageant à nouveau à éliminer la pauvreté des enfants et des familles.

Le 24 novembre 2019 marque le 30e anniversaire de la résolution multipartite adoptée à la Chambre des  communes visant à mettre fin à la pauvreté des enfants et des familles. Au cours des trois décennies depuis son adoption, on a lancé puis arrêté puis relancé des programmes pour réduire la pauvreté, mais dans l'intervalle, une génération entière d'enfants a grandi en situation de pauvreté. Près d'un enfant sur cinq au pays vit en situation de pauvreté et les chiffres sont encore plus élevés pour les enfants des communautés autochtones et des groupes marginalisés.

« Dans toutes les circonscriptions fédérales au pays, les taux de pauvreté infantile sont élevés. Et les statistiques démontrent que ces taux sont plus élevés encore chez les enfants autochtones, les enfants racisés, les enfants d'immigration récente et les enfants de familles monoparentales dirigées par une femme, a dit Leila Sarangi, coordonnatrice nationale de Campagne 2000. Dans un pays aussi riche que le Canada, cette situation est tout à fait inacceptable ».

L'Allocation canadienne pour enfants s'est avérée une mesure déterminante pour réduire la pauvreté infantile, mais les progrès ont été inégaux au pays, la pauvreté infantile ayant augmenté dans 28 circonscriptions fédérales de 2015 à 2017. Les limitations de la Mesure du panier de consommation, adoptée par le gouvernement fédéral comme mesure officielle de la pauvreté au Canada, rendent encore plus ardu le défi de réduire la pauvreté. Le coût du panier de consommation dans les communautés nordiques et les réserves autochtones n'y figure pas et la mesure n'a pas été mise à jour depuis 2010. Dans le contexte actuel, cette mesure sous-estime le coût de la vie et sous-estime, par conséquent, les taux et l'étendue de la pauvreté au Canada.

« Malheureusement, le gouvernement a adopté comme mesure de pauvreté officielle une mesure absolue de privation matérielle au lieu de la mesure de faible revenu (MFR), laquelle est une mesure relative plus complète et plus étroitement reliée à l'état de santé et au développement de l'enfant », a dit Sid Frankel de l'Université du Manitoba. « Sans compter que la MFR est la norme internationale par excellence utilisée par l'UNICEF et l'OCDE ».

Mesurer la pauvreté ne doit pas être un exercice trompeur ou partisan. Si c'est le cas, il aura pour effet d'exclure les enfants les plus pauvres des améliorations marginales observées dans pays et de les laisser pour compte.

La Stratégie canadienne de réduction de la pauvreté, la Stratégie nationale sur le logement, la Politique alimentaire actualisée et le projet de régime national d'assurance-médicaments sont des mesures prometteuses pour s'attaquer aux problèmes structurels fondamentaux qui font que de nombreuses personnes à faible revenu vivent dans un logement précaire, ne mangent pas à leur faim et sont en mauvaise santé. Faute d'investir substantiellement dans ces domaines et de cibler les enfants et les familles appartenant à des groupes marginalisés, et en l'absence d'un système universel de services de garde à l'enfance, ces stratégies demeureront des projets sur papier.

« La Stratégie canadienne de réduction de la pauvreté de 2018 est un début modeste. Maintenant, les député.e.s de la Chambre des communes doivent exiger une stratégie plus ambitieuse, y affecter le financement nécessaire et mettre à jour les échéanciers, a dit Mme Sarangi. Le gouvernement a la responsabilité de voir à ce que la vie de tous les enfants soit améliorée. Ce n'est pas suffisant de hisser les enfants à peine au-dessus du seuil de pauvreté ou encore d'utiliser une mesure qui donne l'impression que les chiffres diminuent alors que c'est faux. Le but doit être de faire en sorte que les familles prospèrent ».

Faire de la pauvreté chose du passé doit être le moteur des décisions dans tous secteurs gouvernementaux. Les solutions doivent être adaptées aux milieux et elles doivent être communautaires. Les objectifs et les indicateurs de développement social des Nations Unies aident à formuler et conceptualiser la réduction de la pauvreté en tant que droit humain, mais nous n'y arriverons jamais à moins de nous engager à nouveau à éradiquer totalement la pauvreté des enfants et des familles.

Nous n'avons pas les moyens d'attendre trente ans de plus.

Messages clés

  • Près d'un enfant sur cinq au Canada (18,7 %) vit en situation de pauvreté.
  • De 2015 à 2017, près de 134 000 enfants ont été extirpés de la pauvreté (une réduction de 9 %) en vertu de la Mesure de faible revenu après impôt. Cela, à comparer à 278 000 enfants en vertu de la Mesure du panier de consommation.
  • De tous les enfants autochtones, ce sont les enfants inscrits appartenant à une Première nation qui sont les plus pauvres, soit 53 % de ceux qui vivent dans une réserve et 41 % de ceux qui vivent hors réserve; 25 % des enfants inuits, 22 % des enfants métis et 32 % des enfants non inscrits appartenant à une Première nation vivent en situation de pauvreté.
  • La pauvreté désavantage les enfants de familles monoparentales dirigées par une femme, les enfants de familles racisées, immigrantes ou autochtones, et les enfants de familles touchées par des incapacités. 35 % des enfants d'immigration récente et 47,4 % des enfants de familles monoparentales vivent en situation de pauvreté.
  • L'Allocation canadienne pour enfants réduit la pauvreté et la privation matérielle, mais son effet est inégal au pays. La pauvreté infantile a diminué dans 308 circonscriptions sur 338 de 2015 à 2017, mais ces diminutions varient de 24,1 % dans Scarborough-Buildwood à un faible 0,1 % dans Brampton Ouest. Et 28 circonscriptions ont vu leurs taux de pauvreté augmenter au cours de la même période.
  • Le Canada a encore besoin d'un système universel de services de garde qui assure l'accès aux familles à faible revenu.
  • Le Canada a besoin d'une stratégie de bons emplois et de salaires décents : le gouvernement fédéral devrait mener par l'exemple et restaurer à 15 $/h le salaire minimum dans les secteurs qu'il règlemente et il devrait améliorer l'accès au régime d'assurance-emploi.

Campagne 2000, organisme hébergé par Family Service Toronto, est un réseau pancanadien non partisan de plus de 120 organismes partenaires nationaux, provinciaux et communautaires engagés à travailler ensemble pour éliminer la pauvreté des enfants et des familles au Canada. Pour tous les rapports de Campagne 2000, rendez-vous à http://www.campaign2000.ca.

Renseignements: COORDONNÉES : COORDONNATRICE NATIONALE : Leila Sarangi - coordonnatrice nationale, Campagne 2000 : (647) 393-1097, leilasa@familyservicetoronto.org ; Porte-parole francophone : Rachel Gouin 613-791-0361, rachel.gouin@cwlc.ca ; PARTENAIRES PROVINCIAUX : Colombie-Britannique - Adrienne Montani, First Call: BC Child and Youth Advocacy Coalition, 604-709-6970; info@firstcallbc.org ; Manitoba - Sid Frankel, Université du Manitoba, 204-295-3749 Sid.Frankel@umanitoba.ca ; Ontario - Leila Sarangi, coordonnatrice nationale, 647-393-1097, leilasa@familyservicetoronto.org ; Nouveau-Brunswick - Randy Hatfield, Saint John Human Development Council, 506-645-1145, randy@sjhdc.ca ; Île-du-Prince-Édouard, Mary Boyd, PEI Coalition for a Poverty Eradication Strategy 902-892-9074 ou 902-388-2693