L’UNESCO lance une coalition mondiale pour accélérer la mise en œuvre de l’enseignement à distance

18 juin 2020

L’UNESCO lance une coalition mondiale pour accélérer la mise en œuvre de l’enseignement à distance

Mardi en fin de journée, plus de 850 millions d'enfants et de jeunes gens - soit environ la moitié de la population mondiale d’âge scolaire – n’avaient plus accès à leurs établissements d'enseignement, la fermeture des écoles et universités ayant été instaurée au plan national dans 102 pays, au plan local dans 11 autres. Le nombre d’individus concernés a ainsi plus que doublé en seulement quatre jours, alors que d'autres décisions de même nature sont attendues.

L'ampleur et la rapidité des fermetures d'écoles et d'universités représentent un défi sans précédent pour le secteur de l'éducation. Les pays du monde entier prennent en toute hâte des mesures afin de combler le vide en matière de solutions d'enseignement à distance. Celles-ci vont des alternatives à la pointe de la technologie - tels que les cours en direct par visioconférence - aux alternatives plus classiques comme les programmes éducatifs à la télévision ou à la radio.

Face à la fermeture massive des établissements scolaires, l'UNESCO a créé un groupe de travail COVID-19 chargé de fournir des conseils et une assistance technique aux gouvernements qui s'efforcent de dispenser un enseignement aux élèves temporairement déscolarisés. L'Organisation organise également des réunions virtuelles régulières avec les ministres de l'éducation du monde entier afin de procéder à des échanges d’expériences et d'évaluer les besoins prioritaires. L'UNESCO lance également une Coalition mondiale COVID-19 pour l'éducation réunissant des partenaires multilatéraux et le secteur privé, dont Microsoft et le Global System for Mobile Communications (GSMA), afin d'aider les pays à déployer des systèmes d'apprentissage à distance susceptibles de minimiser les perturbations dans l’éducation et de permettre de maintenir le contact social avec les apprenants.

« La situation actuelle impose aux pays d'immenses défis pour être en mesure d'offrir un apprentissage continu à tous de manière équitable. Nous renforçons notre action au niveau mondial en créant une Coalition pour garantir une réponse rapide et coordonnée. Au-delà de l’urgence, cet effort est l'occasion de repenser l'éducation, de développer l'apprentissage à distance et de rendre les systèmes éducatifs plus résilients, plus ouverts et plus innovants », a déclaré la Directrice générale de l'UNESCO, Audrey Azoulay.

« Les difficultés augmenteront de manière exponentielle si les fermetures d'écoles se prolongent », estime Stefania Giannini, Sous-Directrice générale de l'UNESCO pour l'éducation. « Les écoles, aussi imparfaites soient-elles, jouent un rôle égalisateur dans la société et lorsqu'elles ferment, les inégalités s'accentuent. »

L'UNESCO organisera en outre régulièrement des webinaires et des réunions virtuelles pour permettre aux représentants des pays de partager des informations sur l'efficacité des approches utilisées dans différents contextes, en s'appuyant sur le succès de sa réunion ministérielle du 10 mars qui a associé 73 pays.

On ne saurait surestimer les effets négatifs des fermetures d'écoles. L'UNESCO a dressé une liste d'impacts, dont beaucoup dépassent le secteur de l'éducation, pour aider les pays à anticiper et à atténuer les problèmes. Ces impacts sont les suivants :

  • Interruption de l'apprentissage. Les inconvénients sont disproportionnés pour les apprenants défavorisés qui ont tendance à avoir moins de possibilités d'instruction en dehors de l'école.
  • La nutrition. De nombreux enfants et jeunes dépendent des repas gratuits ou à prix réduit fournis dans les cantines scolaires pour leur alimentation et une saine nutrition. Lorsque les écoles ferment, cet avantage disparaît.
  • Protection. Les écoles assurent la sécurité de nombreux enfants et jeunes ; lorsqu'elles ferment, les jeunes sont plus vulnérables et plus exposés.
  • Les parents ne sont pas préparés à l'enseignement à distance et à domicile. Lorsque les écoles ferment, on demande souvent aux parents de faciliter l'apprentissage des enfants à la maison et ils peuvent avoir de la difficulté à s'acquitter de cette tâche. C’est particulièrement vrai pour les parents dont l'éducation et les ressources sont limitées.
  • Accès inégal aux portails d'apprentissage numériques. Le manque d'accès à la technologie ou à une bonne connexion internet est un obstacle à la poursuite de l'apprentissage, en particulier pour les élèves issus de familles défavorisées.
  • Les lacunes en matière de garde d'enfants. En l'absence de solutions alternatives, les parents qui travaillent laissent souvent leurs enfants seuls lorsque les écoles ferment, ce qui peut entraîner des comportements à risque, notamment une mauvaise influence accrue de certains camarades, voire de la toxicomanie.
  • Coûts économiques élevés. Les parents qui travaillent sont plus susceptibles de s'absenter de leur emploi pour s'occuper de leurs enfants lorsque les écoles ferment. Il en résulte une perte de revenus et une baisse de la productivité.
  • Pression accrue sur les écoles et les systèmes scolaires qui restent ouverts. Les fermetures d'écoles localisées font peser un fardeau sur les écoles car les parents et les fonctionnaires redirigent les enfants vers les écoles qui sont ouvertes.
  • Augmentation des taux d'abandon scolaire. Il peut s’avérer difficile de faire en sorte que les enfants et les jeunes retournent et restent à l'école lorsque les écoles rouvrent après les fermetures, ce qui est particulièrement vrai pour les fermetures prolongées.
  • Isolement social : Les écoles sont des centres d'activité sociale et d'interaction humaine. Lorsque les écoles ferment, de nombreux enfants et jeunes ne bénéficient pas des contacts sociaux qui sont essentiels à l'apprentissage et au développement.