Les Canadien.ne.s sont cinq fois plus enclin.e.s à soutenir la législation canadienne actuelle sur la prostition qu'à s'y opposer

11 sep 2020

Les Canadien.ne.s sont cinq fois plus enclin.e.s à soutenir la législation canadienne actuelle sur la prostition qu'à s'y opposer

Montréal, le 27 août 2020 - Un nouveau sondage national mené par Nanos Research pour le compte du London Abused women’s Centre (LAWC), de la Concertation des luttes contre l’exploitation sexuelle (CLES) et de la Coalition Against Trafficking in Women (CATW), avec l’appui d’organismes canadiens, révèle le point de vue des Canadien.ne.s sur les approches législatives et d’autres questions liées à la prostitution (résultats du sondage, méthodologie et note technique ci-dessous).

Le gouvernement du Canada ayant annoncé son intention d’évaluer les effets de la Loi de 2014 sur la protection des collectivités et des personnes victimes d’exploitation (LPCPVE), promulguée pour aborder la question de la prostitution au Canada, ce premier sondage national sur la prostitution servira à garantir que les opinions des Canadien.ne.s sont représentées dans ladite évaluation et contribuera à éclairer le processus ainsi qu’à sensibiliser le public à la législation actuelle du Canada.

La LPCPVE s’attaque au système de la prostitution en décriminalisant uniquement les personnes qui sont achetées et vendues dans le cadre de la prostitution, tout en tenant pour responsables les acheteurs d’actes sexuels, les promoteurs de la prostitution (proxénètes), les propriétaires et gestionnaires d’établissements commerciaux de prostitution (p. ex., maisons de passe, salons de massage illicites, services d’escorte) et d’autres exploiteurs tiers.

Les résultats du sondage sont d’intérêt pour les Canadien.ne.s et le gouvernement du Canada

  • 49 % des Canadien.ne.s soutiennent la législation canadienne actuelle sur la prostitution, soit cinq fois plus que ceux qui s’y opposent (11 %).
  • 46 % des Canadien.ne.s sont plus enclin.e.s à soutenir la loi actuelle comme moyen de s’attaquer au problème de la prostitution. Ce nombre est presque deux fois supérieur à celui des personnes qui soutiennent la prostitution en tant que profession légale non régie par des lois, y compris les proxénètes, les propriétaires de maisons de passe, les acheteurs de services sexuels et ceux qui en vendent (24 %), et presque trois fois supérieur à celui des personnes qui soutiennent l’idée de rendre la prostitution illicite et de criminaliser toutes les personnes impliquées dans la vente de services sexuels (16 %).
  • 61 % des Canadien.ne.s sont d’avis que les gouvernements fédéral et provinciaux doivent accorder un financement convenable aux organismes travaillant avec les femmes dans la prostitution pour qu’ils puissent fournir des services de conseil et de soutien à long terme nécessaire, ce qui est presque neuf fois plus que les opposant.e.s (7 %).
  • 51 % des Canadien.ne.s désapprouvent qu’un membre de leur famille paie pour des services sexuels, ce qui est plus de quatre fois supérieur à ceux qui approuvent (12 %).
  • 43 % des Canadien.ne.s conviennent que si la plupart des femmes et des personnes avaient d’autres possibilités économiques viables, elles ne choisiraient pas de se livrer à la prostitution. Ce chiffre est plus de quatre fois supérieur à ceux qui ne sont pas d’accord (10 %).
  • Lorsqu’on leur a demandé si la prostitution devait être considérée comme une profession ou un emploi comme d’autres, 34 % des Canadien.ne.s étaient d’accord et 26 % étaient en désaccord. Toutefois, lorsqu’on leur demande dans quelle mesure les Canadien.ne.s sont favorables à la prostitution en tant que profession légale, considérant que toutes les activités liées à la prostitution, y compris l’achat et la vente de services sexuels, le proxénétisme, la traite des êtres humains et la gestion de maisons de passe, seraient légales, 45 % des Canadien.ne.s s’y opposent, soit plus de deux fois plus que ceux et celles qui y sont favorables (17 %).

Contexte

En décembre 2014, la Loi sur la protection des collectivités et des personnes victimes d’exploitation (également connue sous le nom de modèle suédois ou d’égalité) a reçu la sanction royale et est entrée en vigueur. Cette loi ne criminalise pas les femmes et les personnes qui sont achetées et vendues dans le cadre du commerce du sexe. La loi protège de la responsabilité pénale ceux et celles qui vendent leurs propres services sexuels et donne au gouvernement le mandat de fournir des services aux personnes prostituées et victimes de traite à des fins d’exploitation sexuelle, qui sont pour la plupart des femmes et des filles, tout en interdisant l’achat d’actes sexuels, la possession ou l’exploitation d’une maison de passe, le proxénétisme et la traite de personnes.

L’examen le plus complet des points de vue des Ontarien.ne.s quant à l’approche législative en matière de prostitution a été réalisé en 2018. Ce sondage a révélé que 58 % des Ontarien.ne.s s’opposent à toute modification de la Loi sur la protection des collectivités et des personnes victimes d’exploitation qui aurait pour effet de décriminaliser les proxénètes, les propriétaires de maisons de passe et l’achat d’actes sexuels.

Tel que la loi le prévoit, cinq ans après son adoption, le gouvernement du Canada compte évaluer le succès de la loi à protéger les citoyen.ne.s, à aider les survivantes de l’exploitation sexuelle à accéder aux services et à tenir les acheteurs et les trafiquants responsables.

Le présent sondage a été réalisé pour s’assurer que les points de vue des Canadien.ne.s sont représentés dans l’évaluation menée par le gouvernement. Les sondages menée en Ontario et à l’échelle nationale montrent que beaucoup plus de Canadien.ne.s sont favorables à la législation canadienne actuelle sur la prostitution et n’approuveraient pas la légalisation ou la décriminalisation complète de la prostitution.

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