Plus de la moitié des femmes inuites travaillant dans l’industrie d’extraction sont victimes de harcèlement sexuel au travail
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OTTAWA, le 31 mars 2021 – Aujourd’hui, Pauktuutit Inuit Women of Canada a publié les résultats d’une étude de recherche novatrice portant sur la sécurité et la prospérité économiques des femmes inuites ainsi que sur leurs expériences de violence et de harcèlement sexuel lorsqu’elles travaillent dans l’industrie d’extraction de ressources.
L’enquête a révélé que plus de la moitié des femmes inuites interrogées ont été victimes de harcèlement sexuel et de violence répétés alors qu’elles travaillaient dans l’industrie minière, historiquement dominée par les hommes. Les incidents les plus courants concernaient des commentaires sexuels, des blagues, des attouchements non désirés et des abus émotionnels.
Les résultats de l’enquête ont également révélé que les femmes inuites subviennent souvent aux besoins de grandes familles dans l’Inuit Nunangat avec les plus maigres salaires de l’industrie d’extraction de ressources. Bien que l’enquête n’ait pas identifié spécifiquement les postes occupés par les femmes inuites, elle a révélé que ces dernières subviennent aux besoins de leurs familles avec des salaires bien inférieurs à ceux des hommes inuits et non inuits, ainsi que des femmes non inuites.
« Cette étude souligne le besoin urgent d’améliorer les conditions permettant aux femmes inuites de participer en toute sécurité à l’industrie d’extraction de ressources dans le Nord et de profiter des nombreux avantages qui en découlent », a déclaré Rebecca Kudloo, présidente de Pauktuutit Inuit Women of Canada, qui a commandé l’étude grâce au financement de Femmes et égalité des genres Canada (FEGC).
Le rapport, intitulé Addressing Inuit Women’s Economic Security and Prosperity in the Resource Extraction Industry (aborder la question de la sécurité et de la prospérité économiques des femmes inuites dans l’industrie d’extraction de ressources), identifie les lacunes et les possibilités pour les femmes inuites dans le secteur des ressources, et met en lumière la réalité de la violence et du harcèlement sexuel en milieu de travail à l’égard des employées inuites.
Les résultats de la recherche indiquent que même si les femmes inuites se sentent généralement en sécurité dans les camps de travail éloignés, nombre d’entre elles sont victimes de harcèlement sexuel et de violence dans l’exercice de leurs fonctions.
La division du travail entre les sexes, courante dans l’industrie d’extraction de ressources, continue de placer les femmes – en particulier les femmes inuites – dans des secteurs d’emploi tels que les ressources humaines, le travail de conciergerie et les services alimentaires. Les postes liés à l’entretien ménager et à la cuisine peuvent exposer les femmes à des risques accrus de violence et de harcèlement, car le travail s’effectue dans des zones privées des camps, comme les chambres et les salles de bain.
En outre, la recherche a révélé que les incidents de harcèlement sexuel et de violence sur le lieu de travail sont souvent sous-déclarés par les femmes inuites par crainte de perdre leur emploi, par honte, par stigmatisation ou par appréhension à l’idée de revivre l’humiliation.
Dans le cadre de l’étude, on a demandé aux participantes ce qui pourrait être fait pour améliorer l’expérience des femmes inuites travaillant dans l’industrie. Parmi leurs recommandations, la plus importante portait sur la nécessité d’élaborer des politiques spécifiques en matière de harcèlement sexuel en collaboration avec les femmes inuites afin qu’elles soient claires, distinctes et accessibles et qu’elles répondent à leurs besoins uniques.
En outre, le rapport préconise une formation sur le lieu de travail adaptée à la culture et portant sur les politiques et les procédures – dans le dialecte inuktut local – afin que les femmes inuites connaissent et comprennent leurs droits en milieu de travail.
Pauktuutit se fait également l’écho des conclusions du rapport selon lesquelles les femmes inuites souhaitent que les sociétés d’extraction prennent des mesures décisives pour tenir les auteurs de harcèlement responsables de leurs actes et qu’elles investissent davantage de ressources de soutien spécifiques aux femmes employées, telles que des services de garde et de conseil sur place.
Les résultats de cette étude sont basés sur des données d’enquêtes qualitatives et quantitatives, complétées par 29 femmes inuites d’Arviat (Nunavut), de Salluit (Nunavik), d’Inuvik (Inuvialuit) et de Baker Lake (Kivalliq). Toutes les participantes étaient des employées actuelles ou anciennes de l’industrie d’extraction de ressources dans le Nord.
Le financement de l’étude a été fourni par Femmes et Égalité des genres Canada, avec des contributions en nature supplémentaires de Pauktuutit Inuit Women of Canada.