Parlons littératie! Un projet du CÉA de Kamouraska–Rivière-du-Loup pour communiquer de manière plus efficace et respectueuse
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Au cours des quatre dernières années, le Centre d’éducation des adultes (CEA) de Kamouraska–Rivière-du-Loup a développé une boîte à outils des plus novatrices pour communiquer de manière plus efficace et plus respectueuse avec la population adulte qui éprouve de la difficulté à comprendre et à utiliser l’information écrite dans leur quotidien. Capsules vidéo, affichette, roulette de la littératie sont quelques-uns des outils mis de l’avant par une équipe composée de deux enseignantes et une agente de développement et conseillère d’orientation, Mmes Catherine Fournier, Isabelle Labrecque et Valérie Lepage, le tout en collaboration avec une formatrice de l’ABC des Portages, Mme Pauline Solomon. Leur initiative est en voie de faire boule de neige au Centre de services scolaire de Kamouraska–Rivière-du-Loup, dans notre communauté et un peu partout au Québec. Elle sera bientôt présentée au ministère de l’Éducation du Québec (MEQ).
« Remplir un formulaire gouvernemental, comprendre un document légal, déchiffrer une facture, lire une prescription, inscrire son enfant à la garderie ou à l’école sont autant de situations qui peuvent représenter un défi de taille pour beaucoup d’adultes qui présentent de faibles compétences en littératie, d’expliquer la directrice du CEA de Kamouraska–Rivière-du-Loup, Mme Nathalie Bélanger. Selon des études du PEICA*, c’est un Québécois sur deux, âgé entre 16 et 65 ans, qui ne possède pas les compétences minimales en lecture pour être autonome, fonctionnel et indépendant dans ses activités quotidiennes. Cela signifie que, malgré qu’il puisse occuper un emploi, il éprouve de la difficulté, voire une incapacité, à traiter l’information dans la vie courante. Notre projet Parlons littératie! vise à aider les organisations de toutes sortes à communiquer de manière plus efficace et plus respectueuse auprès des gens avec qui elles transigent au quotidien. »
Le point de départ
L’initiative du CEA de Kamouraska–Rivière-du-Loup fait suite à une rencontre de travail avec l’ABC des Portages, un organisme d’action communautaire autonome en alphabétisation.
« Nous nous rencontrons afin de partager sur nos réalités et de discuter des enjeux que nous avons en commun. C’est là qu’ils nous ont fait part de la difficulté qu’ils avaient de rejoindre leur clientèle, même si comme nous l’avons souligné précédemment, le nombre de personnes ayant un faible niveau de littératie demeure important au Québec et tout particulièrement dans notre région. Selon la Fondation pour l’alphabétisation, le Bas-Saint-Laurent se classe à plus de trois points sous la moyenne québécoise en matière de littératie. Pour nous, cela a été l’élément déclencheur. Comme organisme public œuvrant dans le secteur de la formation des adultes, nous devions faire quelque chose. Il était impératif de sensibiliser, d’informer et d’outiller les entreprises, les différents organismes de notre communauté ainsi que le secteur de la santé sur les différents niveaux de littératie et sur l’importance d’adapter leurs interventions au quotidien. »
Des ateliers pédagogiques aux capsules vidéo
Un comité ad hoc a été mis en place pour trouver des solutions concrètes. Un projet a été déposé au MEQ visant le rehaussement et le maintien du niveau de littératie de la population adulte sur notre territoire.
« Trois membres de notre équipe ont levé la main pour relever ce beau et grand défi. Avec l’ABC des Portages, nous avons conçu des ateliers de sensibilisation d’une durée d’une heure qui ont été donnés en présentiel, mais nous avons dû revoir rapidement notre plan de match avec la pandémie et tout ce qui s’en est suivi. Nous sommes donc retournés à la table à dessin et l’idée de capsules vidéo nous est alors apparue comme le moyen le plus approprié pour rejoindre le plus grand nombre de personnes dans notre communauté, en tout temps, partout sur le territoire. Quatre capsules d’une quinzaine de minutes ont vu le jour; elles abordent, de manière concrète, les thèmes suivants : Qu’est-ce que la littératie?, Les comportements observables, Adapter ses communications à l’oral, Adapter ses communications écrites. Nous venons de rendre publique notre troisième vidéo, le tout intégré à un diaporama. »
Ces capsules lancées depuis déjà quelques mois, en plus de présenter des stratégies simples de communication, proposent des trucs et astuces qui peuvent véritablement aider les organisations dans leurs communications avec la population. Elles sont accompagnées de différents outils, dont une affichette avec des informations globales et la roulette de la littératie qui présente les différents niveaux de compétences, de -1 à 5.
« La démarche nous a amenés à nous questionner sur nos propres pratiques. Nous avons apporté d’importantes améliorations au processus d’accueil des nouveaux élèves. Beaucoup de malentendus découlent souvent d’une mauvaise compréhension de l’information transmise. Notre boîte à outils est aussi très appréciée par notre organisation. Plusieurs établissements de notre CSS l’utilisent dans leurs communications avec les parents. Notre projet a aussi fait grand bruit à l’extérieur de notre territoire. Un autre centre de services scolaire nous a contactés récemment en vue d’utiliser le matériel que nous avons développé. Une fois que la quatrième capsule aura été diffusée, nous serons en mesure de mieux évaluer l’impact du projet dans notre communauté. Dans un avenir rapproché, nous prévoyons présenter nos différents outils au MEQ qui a participé financièrement à notre initiative. »
Poursuivre sur sa lancée
Pour la directrice du CEA de Kamouraska–Rivière-du-Loup, le projet Parlons littératie! s’inscrit dans un plan d’action global qui a pour but premier de mieux outiller les adultes des MRC de Kamouraska et de Rivière-du-Loup en vue de les préparer à vivre dans un monde qui ne cesse de se complexifier.
« Ce projet nous a permis de rappeler notre mission qui est souvent méconnue du grand public. Peu de gens savent que nous sommes proactifs en ce qui concerne notamment l’autonomie fonctionnelle et la littératie numérique. Ici, au CEA, on ne donne pas de cours d’informatique pour que les gens deviennent des spécialistes en informatique, on donne ces cours pour que les gens puissent se sentir plus à l’aise avec les nouvelles technologies et puissent être fonctionnels dans leurs activités de tous les jours. Même chose pour nos formations sur la gymnastique du cerveau et cerveau touche-à-tout. Et nous n’entendons pas en rester là. Il s’agit d’enjeux fondamentaux dans une société qui évolue à vitesse grand V et où la capacité de comprendre, bien plus, de développer son esprit critique, notamment dans les réseaux sociaux, est, plus que jamais, essentielle. Il en va de la qualité de vie de nos citoyennes et citoyens. »