Publication d'un rapport sur les stérilisations imposées de femmes des Premières Nations et Inuit au Québec
Source avec lien:
WENDAKE, QC, le 24 nov. 2022 /CNW Telbec/ - Depuis des décennies, plusieurs enquêtes nationales et publiques ont dénoncé et mis en lumière les actes de discrimination systémique vécus par les Premières Nations, les Inuit et les Métis au sein des établissements de santé au Canada et au Québec. En 2020, nous avons une fois de plus été témoins de tels actes lors du décès de Joyce Echaquan.
Jusqu'à tout récemment, aucune donnée scientifique n'était disponible au Québec pour évaluer l'étendue du phénomène chez les femmes de Premières Nations et Inuit, pour mieux comprendre les circonstances dans lesquelles le consentement libre et éclairé n'est pas respecté et pour connaître les répercussions de cette violation des droits sur la vie des femmes.
Au printemps 2021, une recherche sur le consentement libre et éclairé et les stérilisations imposées de femmes des Premières Nations et Inuit au Québec a été publiquement lancée.
Il s'agit de la première recherche au Québec qui documente les stérilisations imposées de femmes des Premières Nations et Inuit.
Collecte de données
Pour tracer le portrait spécifique de cet enjeu au Québec, la Commission de la santé et des services sociaux des Premières Nations du Québec et du Labrador (CSSSPNQL) et l'Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue (UQAT) ont uni leurs savoirs en s'associant à plusieurs représentants d'organisations des Premières Nations, Inuit et autres.
Entre mai 2021 et janvier 2022, les femmes des Premières Nations et Inuit au Québec, âgées de 18 ans et plus, croyant avoir été stérilisées sans leur consentement ou avoir subi des violences obstétricales ont été invitées à confier leur témoignage dans un espace confidentiel, respectueux et sécuritaire.
La collecte de données a permis de recueillir des témoignages de personnes de plusieurs nations ou peuples. Selon les témoignages obtenus, le dernier cas de stérilisation imposée recensé au Québec date de 2019.
Appels à l'action et recommandations
Quatre grands constats se dégagent des témoignages reçus : la mise à mal du consentement libre et éclairé des patientes; la méfiance, les craintes et l'évitement des services de santé; le traitement différentiel dans les hôpitaux; ainsi que l'âge des patientes et les circonstances de la stérilisation.
En appui aux constats et aux recommandations qui émanent de cette recherche, les chefs de l'Assemblée des Premières Nations Québec-Labrador (APNQL) se sont mobilisés en adoptant une déclaration d'engagement qui dénonce ces pratiques et exige qu'elles cessent immédiatement au sein du système de santé et des services sociaux du Québec. L'APNQL, la CSSSPNQL ainsi que plusieurs partenaires poursuivront leurs efforts pour que ces pratiques ne se reproduisent plus et pour que toutes les femmes des Premières Nations et Inuit soient traitées dans le respect et la dignité.
« Cette recherche a permis de révéler le haut degré de violence coloniale d'une réalité odieuse et méconnue, relevant du génocide, dans un contexte aussi intime que celui des soins en gynécologie et obstétrique envers nos mères et nos sœurs des Premières Nations et Inuit. La stérilisation imposée subie par les femmes autochtones est un viol de leur intégrité physique et psychologique ainsi qu'un vol du droit fondamental de porter des enfants à leur issue. L'analyse des témoignages recueillis a malheureusement permis de conclure à la présence de racisme systémique dans les services publics au Québec envers les Premières Nations et les Inuit. L'APNQL salue le travail de l'équipe de recherche et souhaite reconnaître l'immense courage de ces femmes d'avoir partagé leurs paroles en toute confiance afin de réussir à briser le silence sur des gestes non consentis et imposés. » - Chef Ghislain Picard
« Les peuples autochtones viennent de cultures ayant des structures et des valeurs fondamentales holistiques. Chacun a un rôle important et sacré au sein de sa communauté. Les femmes sont la fondation des communautés autochtones, elles sont les donneuses de vie et jouent un rôle clé dans la transmission de nos langues, de nos cultures, de nos enseignements et de nos traditions, tout en honorant notre lien avec la Terre en tant que peuple. Couper ce lien avec la maternité, c'est aussi couper ces liens et cette continuité culturelle pour plusieurs. » - Cheffe Adrienne Jérôme
« Nous devons tous nous mobiliser dans le but d'instaurer des pratiques respectueuses de nos cultures. Le rôle des hommes est tout aussi crucial : il faut passer à l'action en refusant ce genre de traitement, peu importe le milieu, et en adoptant un comportement respectueux des femmes dans toutes les sphères de la vie au quotidien. » - Derek Montour