Équité au travail : des initiatives plus actives au Québec qu’au niveau national, mais une réalité floue
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CANADA, 8 mars 2023 - Si aujourd’hui marque la journée internationale des droits des femmes, cela reste un combat de chaque jour. Le Programme d’équité en milieu de travail instauré il y a presque 30 ans vise à corriger les désavantages en matière d’emploi. Cependant, le ressenti des hommes et femmes au travail peut s’éloigner des objectifs et des initiatives mis en place par le gouvernement. Pour son enquête la plus récente, Capterra a interrogé près de mille Canadiens (dont 228 résidents québécois) afin d'en savoir plus sur la réalité de l’égalité des genres au travail.
Le processus de recrutement, la demande de promotion et la reconnaissance au travail sont-ils équitables?
D’après ce coup de sonde, les femmes et hommes ont eu un nombre équivalent d’entretiens à l’embauche. En revanche, un tiers (33 %) des Canadiennes sondées affirment avoir subi plus de discrimination à l’embauche que leurs homologues masculins, pourcentage qui monte à 36 % pour le panel des Québécoises.
Les hommes sont plus à l’aise que les femmes quand il s’agit de demander une promotion au supérieur hiérarchique : 41 % des sondés disent être “plutôt” ou “totalement” à l’aise, contre 27 % des femmes interrogées. Cet écart se creuse à l’échelle du Québec (où le panel est composé de 147 hommes et de 81 femmes), avec respectivement 47 % des hommes et 37 % des femmes qui citent la même réponse. 37 % des Québécoises interrogées n’ont jamais demandé ni reçu de promotion, contre 31 % des hommes. Il est par ailleurs moins courant qu’elles obtiennent une promotion non sollicitée : c’est arrivé à 27 % des femmes pancanadiennes et 28 % des Québécoises sondées, contre 32 % et 30 % respectivement pour les homologues masculins tant au niveau national que provincial.
La moitié (50 %) des Québécois se disent satisfaits de leur salaire, contre 44 % de leurs homologues féminines. Les femmes évoquent le fait de ne pas être payées assez pour leur travail (52 %), ne pas être assez payées pour vivre (35 %) ou que d’autres personnes sont mieux payées pour le même poste (26 %). Au niveau national, 16 % des femmes affirment que leur travail n’est pas reconnu par l’entreprise, une vision partagée par 13 % des hommes. En revanche, cette tendance s’inverse au Québec : seuls 10 % des femmes considèrent que leur travail n’est pas reconnu par l’entreprise, contre 10 % des hommes.
L’équité salariale est une obligation légale : quel est le ressenti des employés?
80 % des employés, tant à l’échelle nationale que québécoise, déclarent que leur entreprise respecte l’équité salariale, mais la perception diffère en fonction du genre : 27 % des Canadiennes et 33 % des Québécoises estiment qu’elles sont moins payées que leurs homologues masculins. Seuls 9 % des hommes (tant pancanadiens que québécois) partagent la même opinion.
D’après le coup de sonde réalisé, les hommes et femmes québécois sont plus informés des mesures d’équité salariale mises en place par l’entreprise : 43 % des employé(e)s basé(e)s au Québec répondaient par la positive, contre seulement 26 % au niveau national. Ils étaient 41 % au niveau national contre 34 % à l’échelle québécoise à ignorer si des actions avaient été prises.
La parité est-elle respectée dans les entreprises québécoises?
Si la plupart des équipes semblent respecter une parité homme-femme (citée par 37 % des répondant(e)s du Québec), la situation diffère suivant le niveau d’ancienneté, comme le montre le graphique ci-dessous.
Tessa Anaya, analyste pour cette étude, déclare : « Il est clair que les employés vivent différentes expériences sur leur lieu de travail en fonction de leur sexe. Une discrimination subtile peut créer une inégalité entre l'avancement professionnel des hommes et des femmes, comme un manque d'autonomie entraînant un manque de promotions pour les employées et, par conséquent, une représentation inégale dans les postes de direction. »
Le coup de sonde souligne par ailleurs que les projets importants ont plus de probabilité d’être donnés aux hommes qu’aux femmes, et cet écart s’accentue au niveau Québécois : 15 % des hommes pancanadiens et 18 % des Québécois affirment se voir toujours proposer des projets importants, contre 11 % des Canadiennes et 10 % des Québécois interrogées.
Au-delà de la composition des équipes, 26 % des Québécoises interrogées assurent que leur entreprise organise des évènements, des actions ou des programmes pour promouvoir l’égalité des sexes.
Cependant, elles sont 48 % à stipuler que leur entreprise n’a pas mis en place ce genre d’initiatives. « Il est essentiel d'être aussi transparent que possible en ce qui concerne les possibilités de développement de carrière et les mesures d'équité salariale, même si les entreprises québécoises s'en sortent un peu mieux que celles du Canada en général. Le fait d'indiquer clairement que l'égalité des sexes est une valeur fondamentale d'un lieu de travail peut grandement contribuer à renforcer la confiance des employés, ce qui permet de créer un environnement plus équitable et plus diversifié pour tous les employés. », explique Tessa Anaya.