L’AVC menace la santé mentale des femmes

2 juin 2023

L’AVC menace la santé mentale des femmes

La dépression et l’anxiété sont plus fréquentes chez les femmes, mais le soutien et les services sont insuffisants

Un nouveau rapport de Cœur + AVC révèle que les femmes sont touchées plus durement que les hommes par la dépression et l’anxiété à la suite d’un AVC. Le rapport AVC et santé mentale : les effets invisibles et inéquitables sur les femmes souligne également que les femmes ont moins d’occasions de faire de la réadaptation que les hommes après un AVC et qu’elles ne reçoivent pas les soins dont elles ont besoin en santé mentale.

L’incidence de l’AVC est en hausse au pays. D’autre part, une plus grande sensibilisation et de meilleurs traitements et soins font en sorte que de plus en plus de personnes survivent à un AVC. De nouvelles données révèlent que plus de 920 000 personnes au pays vivent actuellement avec les séquelles d’un AVC, notamment des problèmes de santé mentale comme l’anxiété et la dépression.

La santé mentale des femmes après un AVC

La dépression est fréquente après un AVC, mais les femmes présentent un risque accru. Elles sont de 20 % à 70 % plus susceptibles d’en subir une que les hommes, et elles sont aussi plus à risque de développer de l’anxiété après un AVC. Les problèmes de santé mentale comme l’anxiété et la dépression ne sont pas aussi visibles que les incapacités physiques, mais elles n’en sont pas moins dévastatrices.

« Si vous êtes atteint de dépression après un AVC, vous avez moins de chance de retrouver votre autonomie et de retourner à votre domicile, et votre risque de mourir augmente », affirme le Dr Mark Bayley, directeur médical à l’Institut de réadaptation de Toronto du réseau universitaire de santé et chercheur subventionné par Cœur + AVC.

Lisa Meeches, une productrice de cinéma et de télévision de la Première Nation de Long Plain, au Manitoba, a subi un AVC en 2016. Elle a puisé la force de se rétablir auprès de nombreuses personnes, y compris son équipe de professionnels de la santé, sa famille, sa communauté et ses aînés. Lisa consulte encore un thérapeute autochtone. Elle aimerait que l’on parle davantage de santé mentale et émotionnelle lorsqu’il est question de rétablissement après un AVC. Elle presse les autres femmes qui ont subi un AVC de prendre soin d’elles, d’avoir la force d’arrêter et de se reposer, de trouver leur équilibre et de dire « non » au besoin. « J’ai appris à vivre pleinement chaque jour. Je délègue davantage, dit Lisa. Je prends vraiment bien soin de moi, je m’entoure de gens positifs et je passe du temps avec ma famille et mes amis. J’ai également appris à ne pas entreprendre des combats que je sais que je ne gagnerai pas. »

Bien qu’un AVC peut se produire à tout âge et à tout moment de la vie, les femmes présentent un risque plus élevé durant trois périodes importantes de leur vie : pendant la grossesse, tout de suite après la ménopause et au troisième âge. En outre, les rôles de genre et l’étape de la vie à laquelle elles sont rendues font que les femmes sont confrontées à des épreuves qui affectent leur santé mentale pendant qu’elles se rétablissent d’un AVC :

  • Les femmes plus jeunes ont souvent de nombreuses responsabilités, comme s’occuper de leurs enfants et travailler, et il peut être difficile de faire tout cela après un AVC. De plus, elles peuvent se sentir déconnectées et isolées, car très peu de gens de leur âge savent ce que c’est de subir un AVC.
  • Les femmes âgées sont celles qui subissent le plus d’AVC, et ceux-ci sont plus graves. L’anxiété et la dépression après un AVC ont des conséquences négatives importantes sur ce groupe d’âge.
  • Les femmes ne font pas toujours passer leur santé en premier et elles jouent souvent un rôle d’aidant plus important que les hommes.

Lee-Anne Greer, psychologue à l’Île-du-Prince-Édouard, travaille auprès de patients qui ont subi un AVC. Elle a observé des disparités dans les rôles des femmes et les attentes envers celles-ci. « J’ai vu à quel point des mères qui subissent un AVC peuvent se battre pour jouer tous les mêmes rôles qu’elles occupaient auparavant, et parfois même essayer de retourner au travail en même temps », dit-elle.

Malheureusement, les femmes qui subissent un AVC ne reçoivent pas le soutien dont elles ont besoin en santé mentale. Les ressources et les services offrant du soutien en santé mentale après un AVC sont insuffisants. En outre, ils sont dispendieux pour les personnes qui ne possèdent pas d’assurance-maladie complémentaire complète et les listes d’attente peuvent être longues. De plus, ce ne sont pas tous les thérapeutes et conseillers qui comprennent l’AVC et les incapacités qui peuvent en découler, comme les changements cognitifs ou l’aphasie.

En plus des services professionnels offrant de l’aide en santé mentale après un AVC, les réseaux sociaux, comme les groupes de soutien par les pairs, peuvent jouer un rôle important dans le rétablissement des femmes. « Discuter avec d’autres personnes concorde avec la façon dont bon nombre de femmes affrontent les difficultés », dit Mme Greer.

« Nous avons révolutionné les soins de l’AVC au pays au cours des dernières décennies, mais les services de rétablissement n’ont pas suivi le rythme, affirme Patrice Lindsay, directrice, Systèmes de santé chez Cœur + AVC. Nous devons améliorer le soutien après un AVC afin d’offrir davantage de services en santé mentale. Nous devons aussi nous assurer que les femmes disposent d’un accès équitable et qu’elles se fassent entendre. »

Les femmes ont moins d’occasions de faire de la réadaptation que les hommes et elles sont touchées de manière disproportionnée par l’AVC

Les femmes qui subissent un AVC sont plus susceptibles d’en mourir que les hommes. En 2019, 32 % plus de femmes que d’hommes en sont décédées. Lorsque des femmes survivent à un AVC, elles se rétablissent moins bien. Les femmes sont 60 % moins susceptibles que les hommes de retrouver leur autonomie dans leurs activités quotidiennes après un AVC. De plus, elles déclarent avoir une qualité de vie moindre après un AVC. Les femmes continuent d’être sous-représentées dans les essais cliniques sur l’AVC, y compris dans ceux qui portent sur la réadaptation après un AVC. Moins de femmes que d’hommes participent à un programme de réadaptation après un AVC. Elles sont aussi moins susceptibles que les hommes de retourner à la maison après un AVC. En effet, elles sont deux fois plus nombreuses que les hommes à s’en aller dans des établissements de soins de longue durée en raison du manque de soutien à la maison.