Appel à contributions - Gouvernances féministes intersectionnelles : quelles avancées et quelles lacunes dans les organisations féministes?
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Ouvrage collectif co-dirigé par Sastal Castro-Zavala, Vinciane Cousin Geneviève Pagé, Margaux Ruellan, Jeanne-Marie Rugira
Cet appel à contributions vise à rassembler des recherches, témoignages et récits de pratique sur les transformations des organisations féministes contemporaines, à la lumière des féminismes intersectionnels et décoloniaux.
L’ouvrage vise à faire converger les différentes réflexions et expériences en cours actuellement dans les groupes féministes, à propos des structures et des pratiques d’organisation des milieux féministes, et de leur manière originale de s’organiser pour réduire les rapports d’oppression à l’interne. De l’embauche à l’élection aux conseils d’administration, en passant par la réservation de sièges aux minorités, de la cogestion participative à la reddition de comptes, du “comment ça va ?” aux espaces de ressourcement, cet ouvrage cherche à faire le point sur les modèles, les règles et les manières de faire qui favorisent l’inclusion et la participation pleine et entière des personnes qui oeuvrent pour le groupe, et plus spécifiquement des personnes marginalisées dans l’organisation. L'ouvrage cherche à documenter aussi bien les structures et tactiques qui maintiennent les systèmes d’oppression, tout autant que celles qui permettraient de les subvertir. Il cherche ainsi à mettre en lumière la vigilance et les difficultés qu’ont les organisations féministes pour ne pas reproduire des oppressions structurelles, à travers leur fonctionnement.
Historiquement, les féministes ont tenté de s’organiser de façon plus horizontale et démocratique afin de réduire les rapports de domination internes. Plusieurs innovations organisationnelles ont vu le jour depuis les années 1970, dont la cogestion, la gestion participative ou encore la collective. Ces innovations se sont voulues des contre-modèles cherchant à abolir les hiérarchies formalisées et normalisées par la bureaucratie patriarcale (Bordt, 1997 ; Ferguson, 1974 ; Mansbridge, 1984 ; Rothschild et Whitt, 1979).
Toutefois les organisations féministes horizontales ne sont pas exemptes de rapports de domination. En effet, plusieurs recherches récentes et bon nombre d’expériences vécues par les personnes oeuvrant au sein des milieux féministes attestent de la présence et de la violence de rapports d’oppression racistes, colonialistes, capacitistes, classistes et hétéronormatifs, à l’intérieur même d’organisations qui, pourtant, sont en lutte contre la domination patriarcale (Almeida et Lopez, 2020 ; Anctil-Avoine, Veillette et Pagé, 2019 ; Corbeil et Marchand, 2006 ; Corbeil, Marchand, Boulebsol et Fédération des maisons d’hébergement 2020 ; Flynn et al. 2019 ; Pagé et Pires, 2015).
Aujourd’hui, plusieurs groupes féministes cherchent à adapter et même à transformer leurs structures et leurs modèles de gestion pour rendre les milieux de travail et de militance accessibles aux personnes marginalisées, et à les repenser à travers un regard intersectionnel.
Comment limiter et empêcher les rapports de domination et d’oppression à l’intérieur des organisations féministes ? Quelles sont les tactiques d’oppression et de domination ? Les structures horizontales sont-elles efficaces pour réduire les oppressions systémiques ? Comment bien faire fonctionner une organisation en cogestion, tout en distribuant les responsabilités et l’imputabilité ?
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