L’Association des femmes autochtones du Canada (AFAC) attribue au gouvernement fédéral une note d’échec pour son inaction continue

8 juin 2023

L’Association des femmes autochtones du Canada (AFAC) attribue au gouvernement fédéral une note d’échec pour son inaction continue

« Une autre année sans action concrète pour mettre fin au génocide. »

Lynne Groulx, présidente-directrice générale, AFAC

S’il s’agissait d’un bulletin scolaire, le gouvernement fédéral recevrait un « F » pour échec. C’est la conclusion d’une analyse détaillée de l’Association des femmes autochtones du Canada (AFAC) dans son examen annuel des progrès réalisés par le gouvernement fédéral dans la mise en œuvre de son Plan d’action national (PAN). L’analyse évalue également les mesures prises par l’AFAC dans le cadre de son plan d’action national indépendant, Nos appels, nos actions, qui reçoit une note beaucoup plus élevée.

Les fiches d’évaluation annuelles ont été publiées aujourd’hui, avant le 3 juin, date anniversaire de la publication des deux plans d’action nationaux, qui remontent à 2021, en réponse aux 231 appels à la justice de l’Enquête nationale.

Les résultats de cette année brossent un tableau saisissant des progrès réalisés par le gouvernement pour répondre aux besoins en matière de sécurité des femmes, des filles et des personnes 2ELGBTQQIA+ autochtones et pour rendre justice aux familles et aux communautés touchées par le génocide actuel des FFADA2S+.

« Nous sommes déçus d’annoncer que notre fiche d’évaluation annuelle montre que le gouvernement fédéral a passé une autre année sans prendre de mesures concrètes pour mettre fin au génocide », a déclaré la présidente-directrice générale de l’AFAC, Lynne Groulx. « L’inaction du gouvernement fédéral est déconcertante, compte tenu à la fois des recommandations claires de l’Enquête nationale sur les 231 appels à la justice du Groupe de travail sur les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées et de l’appui solide du public pour lutter contre l’épidémie de violence fondée sur le sexe dont sont victimes les femmes, les filles et les personnes 2ELGBTQQIA+ autochtones. »

Un sondage national commandé par l’AFAC et mené par Nanos Research, le mois dernier, révèle qu’une proportion écrasante de 80 % des Canadiens sondés veulent que le gouvernement du Canada prenne des mesures pour rendre justice aux femmes, aux filles, aux personnes bispirituelles, aux transgenres et aux Autochtones disparues ou assassinées et les personnes de diverses identités de genre.

« Les Canadiens sont plus de deux fois plus susceptibles de considérer le travail accompli par le gouvernement du Canada comme étant mauvais plutôt que bon lorsqu’il s’agit de mettre fin à la tragédie nationale des femmes et des filles autochtones disparues et assassinées (FFADA) », selon le sondage national, il s’agit d’une détérioration de l’opinion depuis le dernier sondage mené à l’automne 2022.

« L’écart entre les priorités du public et les mesures prises par le gouvernement laisse croire qu’il y a un manque préoccupant de volonté politique pour mettre fin au racisme systémique et à la violence contre les femmes, les filles et les personnes 2ELGBTQQIA+ autochtones au Canada. Nous sommes profondément préoccupés par le message que cela envoie au sujet de l’engagement du Canada envers la réconciliation et de la valeur que le gouvernement accorde à la vie des peuples autochtones », a déclaré Mme Groulx.

Le plan d’action national de l’AFAC, Nos appels, nos actions, a été publié en même temps que le plan du gouvernement, avec plus du double du nombre de mesures proposées. La fiche d’évaluation de cette année révèle que, au cours de la dernière année, l’AFAC a réalisé des progrès à l’égard de 96,9 % des 66 mesures décrites dans son plan, et que seulement deux mesures ont affiché peu ou pas de progrès. Il s’agit d’un contraste important par rapport à la fiche d’évaluation du gouvernement, qui montre un taux d’inaction de 46,6 % de la part du gouvernement fédéral pour ce qui est d’accomplir ou de réaliser des progrès importants à l’égard de ses propres objectifs.

Au lieu d’actions concrètes, le gouvernement fédéral continue de s’appuyer sur l’optique des engagements de financement destinés aux appels à la justice. Pourtant, comme l’indique la fiche d’évaluation, les allocations de fonds ne sont pas égales aux progrès réalisés à elles seules et sont difficiles à suivre sans mécanismes de reddition de comptes adéquats. En fait, comme notre analyse l’indique, nous avons vu des cas où des fonds essentiels n’ont pas été dépensés.

L’évaluation qu’a faite l’AFAC de ses propres progrès annuels dans la mise en œuvre de son plan met en évidence les travaux importants qui portent sur les voies de la violence et des résultats importants en ce qui a trait à la défense des droits, à la sensibilisation et à la responsabilisation nécessaires pour mettre fin au génocide des personnes FFADA2S+. Face à l’aggravation de la violence, l’AFAC a de nouveau pris les choses en main en élargissant sa plateforme Safe Passage, une ressource communautaire qui décrit les expériences de violence et les ressources communautaires disponibles, et en préconisant sans relâche un système d’alerte à la robe rouge.

« Compte tenu de nos moyens limités, nous sommes extrêmement fiers des progrès que nous avons réalisés dans le cadre de notre Plan d’action et nous sommes déterminés à mettre en œuvre les mesures durables nécessaires pour appuyer la prévention de la violence, la justice et la guérison », a déclaré Mme Groulx.

« Nous ne pouvons pas sous-estimer les efforts continus nécessaires pour mettre fin à ce génocide et guérir le traumatisme qu’il a laissé », a ajouté Mme Groulx, en soulignant qu’un plus grand nombre de cas de femmes, de filles et de personnes 2ELGBTQQIA+ autochtones ont été signalés au cours des deux mois où l’AFAC a rempli les fiches d’évaluation. « Ce génocide est réel et permanent. Combien d’autres noms devons-nous ajouter à la liste des femmes, des filles et des personnes 2ELGBTQQIA+ autochtones disparues ou assassinées avant que le gouvernement prenne des mesures sérieuses? »

Compte tenu des progrès lamentables réalisés cette année par le gouvernement dans le cadre de son Plan d’action national, l’AFAC demande au gouvernement fédéral de s’attaquer publiquement à son échec. Entre autres recommandations, la fiche d’évaluation de l’AFAC exige également que le gouvernement, en consultation avec les femmes, les filles et les personnes 2ELGBTQQIA+ autochtones, élabore un plan de mise en œuvre réalisable et établisse les mécanismes de reddition de comptes auxquels il s’est engagé dans son plan d’action national pour s’assurer que les progrès sont mesurés à l’avenir.

« Il est temps que le gouvernement fédéral reconnaisse que son plan d’action national comportait des lacunes fondamentales dès le départ et qu’il en assume la responsabilité. Pour mettre fin à la violence, il ne suffit pas d’exprimer des espoirs et des objectifs sans un plan mesurable et chiffré pour en faire une réalité », a déclaré Mme Groulx.