Le monde laisse tomber les femmes et les filles, selon un nouveau rapport de l’ONU

15 sep 2023

Le monde laisse tomber les femmes et les filles, selon un nouveau rapport de l’ONU

De nouveaux chiffres indiquent qu’un investissement supplémentaire de 360 milliards de dollars par an sera nécessaire pour assurer l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes d’ici 2030.

7 septembre 2023, New York — Malgré les efforts consentis dans le monde entier, l’égalité des sexes est loin d’être atteinte. L’édition 2023 de l’étude « Progrès vers la réalisation des Objectifs de développement durable : Gros plan sur l’égalité des sexes », réalisée par ONU Femmes et le Département des affaires économiques et sociales de l’ONU, lancée aujourd’hui, dresse un tableau inquiétant à mi-parcours du Programme de développement durable à l’horizon 2030.

L’édition 2023 prévient que, si les tendances actuelles se poursuivent, plus de 340 millions de femmes et de filles, soit environ 8 % de la population féminine mondiale, vivront dans l’extrême pauvreté d’ici 2030, et près d’une sur quatre connaîtra une insécurité alimentaire modérée ou grave. Les disparités de genre en ce qui concerne les postes de pouvoir et de direction restent bien ancrées et, au rythme actuel des progrès, la prochaine génération de femmes consacrera encore en moyenne 2,3 heures de plus par jour aux travaux domestiques et aux soins non rémunérés que les hommes.

Cette publication annuelle fournit une analyse globale de la situation actuelle de l’égalité des sexes pour les 17 objectifs de développement durable (ODD) et met en évidence les tendances dominantes, les lacunes et les revers récents sur la voie de l’atteinte de l’égalité des sexes d’ici 2030.

Pour la première fois, le rapport de cette année comprend des données ventilées par sexe sur les liens entre le genre et le changement climatique. Selon ses prévisions, dans le pire des scénarios climatiques, d’ici le milieu du siècle, le changement climatique pourrait plonger 158,3 millions de femmes et de filles supplémentaires dans la pauvreté, soit 16 millions de plus que le nombre total d’hommes et de garçons pauvres.

Sarah Hendriks, Directrice exécutive adjointe par intérim d’ONU Femmes, explique : « En cette période critique, à mi-parcours des ODD, le rapport de cette année est un appel à l’action retentissant. Nous devons agir collectivement et intentionnellement dès maintenant pour rectifier le tir afin de bâtir un monde dans lequel toutes les femmes et les filles bénéficieront de l’égalité des chances, des droits et de la représentation. Pour y parvenir, nous avons besoin d’un engagement sans faille, de solutions innovantes et d’une collaboration entre tous les secteurs et toutes les parties prenantes. »

Ce rapport, qui se concentre plus particulièrement sur les femmes âgées, cette année, révèle que celles-ci sont confrontées à des taux de pauvreté et de violence plus élevés que les hommes âgés. Dans 28 des 116 pays pour lesquels des données sont disponibles, moins de la moitié des femmes âgées bénéficient d’une pension, et dans 12 pays, moins de 10 % ont accès à une pension. À mi-chemin de l’échéance de 2030, les progrès concernant l’ODD 5 – l’égalité des sexes – sont clairement très éloignés de l’objectif. Le rapport montre que le monde laisse tomber les femmes et les filles, avec seulement deux indicateurs de l’objectif 5 « proches de la cible » et aucun indicateur de l’ODD 5 au niveau « cible atteinte ou presque atteinte ».

Le rapport Gros plan sur l’égalité des sexes 2023 souligne le besoin urgent d’efforts concrets pour accélérer les progrès vers l’égalité des sexes d’ici 2030, révélant que 360 milliards de dollars supplémentaires par an seront nécessaires pour atteindre l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes dans le cadre des principaux objectifs mondiaux. Le rapport comprend également des appels à une approche intégrée et globale, à une collaboration accrue entre les parties prenantes, à un financement continu et à des actions politiques pour lutter contre les disparités entre les sexes et autonomiser les femmes et les filles dans le monde entier, concluant que le fait de ne pas donner la priorité à l’égalité des sexes maintenant pourrait mettre en péril l’ensemble du Programme de développement durable à l’horizon 2030.

« L’égalité des sexes n’est pas qu’un objectif du Programme 2030 », affirme Maria-Francesca Spatolisano, Sous-Secrétaire générale chargée de la coordination des politiques et des affaires interinstitutions du DESA. « Il s’agit du fondement même d’une société équitable et d’un objectif sur lequel tous les autres objectifs doivent reposer. En faisant tomber les barrières qui entravent la pleine participation des femmes et des filles à tous les aspects de la société, nous libérons le potentiel inexploité qui peut être le moteur du progrès et de la prospérité pour toutes et tous ».

Voici quelques autres faits et chiffres mis en évidence dans le rapport :

  • Dans le pire des scénarios climatiques, l’insécurité alimentaire devrait toucher 236 millions de femmes et de filles supplémentaires, contre 131 millions d’hommes et de garçons supplémentaires, en raison du changement climatique.
  • L’éradication de la violence entre partenaires intimes n’est encore à la portée d’aucun pays, et seuls 27 pays disposent de systèmes complets de suivi et d’allocation budgétaire relatifs à l’égalité des sexes et à l’autonomisation des femmes.
  • Le nombre de femmes et de filles vivant dans un contexte de conflit a augmenté de manière significative, avec des conséquences catastrophiques. En 2022, le nombre de femmes et de filles vivant dans un tel contexte a atteint 614 millions, soit 50 % de plus qu’en 2017.
  • Au rythme actuel, on estime qu’à l’échelle mondiale, en 2030, 110 millions de filles et de jeunes femmes ne seront pas scolarisées.
  • Les disparités entre les sexes restent élevées en ce qui concerne l’emploi et les revenus. Pour chaque dollar que les hommes gagnent en revenus du travail au niveau mondial, les femmes ne gagnent que 51 cents. Seulement 61,4 % des femmes dans la force de l’âge font partie de la population active, contre 90 % des hommes dans la force de l’âge.