La réforme de l’IVAC fait craindre le pire à des victimes
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Indignés, des mères d’enfants assassinés et un homme torturé par son père veulent rencontrer le ministre québécois de la Justice, Simon Jolin-Barrette, pour le sensibiliser de toute urgence aux effets de sa réforme du régime d’indemnisation des victimes d’actes criminels (IVAC), de crainte de voir « des suicides au mètre carré » à l’automne.
« Vis-le, ton régime. Et tu vas comprendre que ça n’a juste pas de bon sens. C’est un manque total d’humanité et de compassion envers les victimes d’actes criminels. On n’a rien demandé », lance Amélie Lemieux à l’intention du ministre. Ses deux filles, Norah et Romy, ont été assassinées en 2020 par leur père, Martin Carpentier.
Comme d’autres victimes, dont certaines ont subi des actes criminels aussi loin que dans les années 1990, Amélie Lemieux voit son dossier basculer dans le nouveau régime d’indemnisation malgré les assurances du ministre Jolin-Barrette. La femme a reçu à la mi-février une lettre l’avisant que l’aide financière à laquelle elle a actuellement droit prendra fin le 13 octobre 2024.
« Quand j’ai reçu la lettre, la première réaction que j’ai eue, c’est : “Tabarouette, j’aurais dû me suicider quand c’était le temps…” Je me sens lourde pour la société, lourde pour le gouvernement. Je ne me sens pas bonne de ne pas être capable [de reprendre le travail]. C’est épouvantable ce qu’ils nous mettent comme poids sur les épaules, déplore-t-elle. Ça me fait chier de ne pas avoir fait ce que Martin a fait : se pendre. Il est bien, lui, il me laisse avec sa marde. Et en plus, il faut que je me démerde avec le gouvernement. »
Amélie Lemieux dit avoir été incapable de reprendre le travail après le drame qui a secoué sa vie, et ce, en dépit des nombreux efforts qu’elle a déployés pour se relever — à commencer par des consultations régulières auprès de professionnels de la santé. Découragée et en colère, elle dit vouloir rencontrer le ministre Jolin-Barrette pour lui parler « droit dans les yeux ». « Moi, je suis prête à le faire. À aller leur dire [aux élus] : “Ça ne marche pas, faites marche arrière, vous ne comprenez pas.” Je suis brisée, je suis finie », dit-elle, la voix cassée.
Elle s’imagine le pire pour octobre. « Il va se passer un crash au niveau de la santé mentale, il va y avoir des suicides au mètre carré. […] S’ils continuent cette réforme-là et ne font pas marche arrière, ce ne sera pas beau », prévient-elle.
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