Les États doivent renforcer la protection des professionnel·le·s de santé qui dispensent des soins liés à l’avortement
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À l’occasion de la Journée internationale des femmes défenseures des droits humains, une coalition d’organisations de défense des droits humains lance une nouvelle série de lignes directrices à l’intention des gouvernements afin de protéger celles et ceux qui défendent en première ligne le droit à l’avortement, notamment les professionnel·le·s de la santé.
Amnesty International, la Fédération internationale pour la planification familiale (IPPF), Ipas, MSI Reproductive Choices, l’Organisation pour le dialogue pour l’avortement sécurisé (ODAS) et la Confédération internationale des sages-femmes (ICM) ont publié des principes et actions clés visant à protéger les professionnel·le·s de santé dispensant des soins liés à l’avortement comme des défenseur·e·s des droits humains.
Ce document contient une série de recommandations concrètes à l’intention des gouvernements afin de garantir que les professionnel·le·s de santé et ceux qui défendent le droit à l’avortement pour les femmes, les jeunes filles et les personnes enceintes, puissent le faire sans craindre les agressions et les intimidations.
« Malgré les progrès réalisés ces dernières années au niveau mondial quant aux droits relatifs à la santé en matière de sexualité et de procréation, et notamment les mesures prises pour dépénaliser l’avortement dans plusieurs pays, la défense du droit à l’avortement, qui englobe la pratique de l’avortement par le personnel de santé, reste dangereux, a déclaré Fernanda Doz Costa, directrice du programme Genre, justice raciale et personnes réfugiées et migrantes à Amnesty International.
« De nombreux États manquent à leur devoir envers les défenseur·e·s du droit à l’avortement. D’une part, ils ne respectent pas leur obligation de les protéger et, d’autre part, l’avortement continue d’être restreint et criminalisé. De ce fait, les défenseur·e·s sont considérés comme ne méritant pas vraiment d’être soutenus et protégés, et sont activement ciblés. Les Principes clés indiquent aux gouvernements comment briser ce cycle », a déclaré Melissa Cockroft, responsable au niveau mondial des questions liées à l’avortement au sein de la Fédération internationale pour la planification familiale (IPPF).
« La démocratie, les droits humains et le droit à l’avortement sont attaqués, tout comme ceux qui défendent ces droits en première ligne. Ils s’exposent à des agressions physiques et verbales, à des menaces, à des actes de diffamation et d’intimidation pour garantir l’accès à l’avortement, un service de santé crucial et essentiel. Nous nous tenons à leurs côtés aujourd’hui comme chaque jour dans la lutte en faveur des droits humains, et appelons la communauté internationale à faire de même », a déclaré Anu Kumar, président-directeur général d’Ipas.
« Malgré les progrès réalisés ces dernières années au niveau mondial quant aux droits relatifs à la santé en matière de sexualité et de procréation, et notamment les mesures prises pour dépénaliser l’avortement dans plusieurs pays, la défense du droit à l’avortement, qui englobe la pratique de l’avortement par le personnel de santé, reste dangereux. »
- Fernanda Doz Costa, directrice du programme Genre, justice raciale et personnes réfugiées et migrantes à Amnesty International
Les Principes clés englobent des recommandations d’ordre pratique :
- prévenir les violations des droits humains en mettant en place des protocoles spécifiques de protection et des canaux permettant de signaler les actes de harcèlement et de recevoir un soutien ;
- permettre aux défenseur·e·s d’exercer leurs droits sans crainte en garantissant l’accès universel à la santé en matière de sexualité et de procréation et en dépénalisant l’avortement, comme le prévoient les Lignes directrices sur les soins liés à l’avortement de l’OMS ;
- garantir les droits des défenseur·e·s en protégeant l’espace civique et en luttant contre la stigmatisation liée à l’avortement ;
- fournir des recours en cessant de criminaliser les défenseur·e·s du droit à l’avortement et en traduisant en justice ceux qui les agressent.
« Alors que le recul organisé des droits en matière de procréation se poursuit, les attaques dirigées contre les professionnel·le·s de santé se durcissent. Il est temps que les États s’acquittent de leur devoir et défendent ceux qui risquent tout pour prodiguer des soins vitaux. Nous avons hâte de collaborer avec les gouvernements, les associations professionnelles, les donateurs, les responsables d’établissements de santé et les organisations de la société civile pour faire en sorte que les professionnel·le·s de santé qui se trouvent en première ligne reçoivent le soutien qu’ils méritent », a déclaré Simon Cooke, directeur général de MSI Reproductive Choices.
« Les soins complets en matière d’avortement sont un service de santé essentiel. Les sages-femmes qui les prodiguent sont souvent victimes de discrimination, d’intimidation, voire de violence. Pour que le droit des femmes à des soins d’avortement sûrs soit respecté, nous devons protéger et soutenir les sages-femmes et les professionnel·le·s de santé concernés. Ainsi, les associations professionnelles, la société civile, les décideurs politiques et les gouvernements doivent mettre en œuvre les Principes et actions clés visant à protéger les professionnel·le·s de santé qui dispensent des services liés à l’avortement au même titre que des défenseur·e·s des droits humains », a déclaré Sandra Oyarzo Torres, présidente de la Confédération internationale des sages-femmes (ICM).
« Nous refusons de nous taire face aux tentatives répétées visant à restreindre l’avortement et à criminaliser ses défenseur·e·s, et nous nous engageons à défendre fermement ce droit fondamental », a déclaré Kadidiatou SOW, directrice du Centre ODAS.
Dans son rapport publié en 2023, Amnesty International décrit les dangers et les écueils auxquels sont confrontés ceux qui défendent le droit à l’avortement et offrent un accès aux services, souvent dans des conditions difficiles, notamment les sages-femmes, les médecins, les infirmiers/infirmières, les doulas, les militant·e·s et tous ceux qui aident les femmes enceintes à autogérer leur propre avortement à l’aide de médicaments.
Ce rapport montre que de nombreux membres du personnel du secteur de la santé sont en butte à l’hostilité et aux abus de leurs collègues, employeurs, patients et autres personnes opposées à l’avortement. Ceux qui travaillent en dehors des établissements de santé sont également exposés à des agressions physiques et verbales, à des menaces, à des actes de diffamation et d’intimidation. Certains sont criminalisés par le biais de poursuites, d’enquêtes et d’arrestations. Enfin, ce rapport fait état de cas de stigmatisation, d’isolement et d’ostracisation, ainsi que de restrictions des droits à la liberté d’expression, d’association et de réunion. Les attaques sont plus fréquentes dans les pays où l’avortement est stigmatisé, restreint ou criminalisé. « L’avortement est un soin essentiel. Pourtant, en tant que personnel de santé, nous sommes régulièrement confrontés à la discrimination et à la violence simplement pour avoir fait notre travail. Les lois et les attitudes restrictives en matière d’avortement ont des conséquences néfastes. Elles créent des environnements hostiles qui alimentent la stigmatisation et présentent les professionnel·le·s de santé et les personnes ayant recours à l’avortement comme des criminels. Nous connaissons tous, hélas, des collègues qui ont vu leur carrière bloquée, ont dû faire face à la stigmatisation, à l’intimidation, à la violence physique, à l’emprisonnement… Dans les cas les plus extrêmes, certains ont été assassinés », a déclaré Anne-Beatrice Kihara, présidente de la Fédération internationale de gynécologie et d’obstétrique (FIGO).