Littératie et diplomation : le Québec doit rattraper son écart avec l'Ontario
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MONTRÉAL, le 28 nov. 2024 /CNW/ - Les derniers résultats québécois au Programme pour l'évaluation internationale des compétences des adultes(PEICA) révèlent un écart de 7 % entre le Québec et l'Ontario en matière de littératie. Alors que les nouvelles données du PEICA sont attendues au cours des prochains mois, la Fondation pour l'alphabétisation a voulu mieux comprendre les causes de ces différences importantes, mais également identifier les meilleures pratiques qui pourraient s'appliquer en contexte québécois.
Dans ce cadre, la Fondation pour l'alphabétisation a mandaté l'économiste Pierre Langlois pour une analyse comparative afin de documenter cet écart en littératie ainsi que le décalage dans le taux de diplomation secondaire qui est de 5,2 % en défaveur du Québec (84,3 % au Québec contre 89,5 % en Ontario), et de 7,7 % si l'on exclut l'école privée. L'écart de diplomation entre garçons et filles est également significatif, s'élevant à 6 % en Ontario contre 9,3 % au Québec.
4 grandes différences au sein des parcours académiques québécois et ontarien
Les résultats de l'analyse de l'économiste Pierre Langlois mettent en évidence quatre grandes différences entre le système scolaire québécois et celui de l'Ontario, mettant en lumière le fossé qui sépare les deux provinces sur ces enjeux.
Parcours préscolaire : Une forte fréquentation préscolaire est observée en Ontario chez les enfants de 4 et 5 ans. Au Québec, le parcours préscolaire est indéfini alors que les options se multiplient (garderies privées, CPE, pré-maternelle, maternelles 4 ans).
Évaluations ministérielles : Le parcours scolaire québécois est beaucoup plus contrôlé par des évaluations ministérielles que le parcours en Ontario. L'Ontario privilégie une approche diagnostique, alors que le Québec penche davantage vers une approche axée sur la sanction des études.
Parcours scolaire : Au Québec, les parcours postsecondaires misant sur des notions techniques et sans enseignement de la littératie sont plus nombreux. Au contraire, l'existence d'une douzième année de formation générale en Ontario, combinée à la fréquentation scolaire obligatoire jusqu'à 18 ans, contribue à l'atteinte du niveau 3 en littératie.
Inclusion : Au Québec, il existe une pression pour augmenter le nombre de classes adaptées puisque le réseau privé et les programmes particuliers prennent un faible pourcentage d'élèves handicapés et d'élèves en difficulté d'adaptation ou d'apprentissage (EHDAA). En Ontario, c'est plutôt le contraire puisque le nombre de classes adaptées est limité et que l'absence du privé réduit la concentration des élèves EHDAA.
Plusieurs actions identifiées par l'analyse pour améliorer la situation
L'analyse des données a permis d'identifier 15 pistes d'action susceptibles de contribuer à réduire l'écart qui s'est creusé avec l'Ontario. Parmi celles-ci, on trouve notamment l'instauration d'un Secrétariat à la littératie et l'intégration d'une formation en littératie dans les parcours d'études professionnelles (DEP). La Fondation pour l'alphabétisation se tient prête à collaborer avec les instances concernées pour assurer le suivi des pistes d'actions identifiées.
Citations
« En matière de littératie et de diplomation, le Québec a un retard de 20 ans à rattraper par rapport à l'Ontario. À la Fondation, nous croyons que c'est en agissant en amont, en soutenant les enfants et les adultes dans le développement et le maintien de leurs capacités à lire et à apprendre que nous pourrons collectivement favoriser leur bien-être et leur pleine participation à la société. Dans cette optique, et en vue de la publication prochaine des données sur l'état de la littératie et de la numératie du PEICA, cette analyse est réalisée pour mieux comprendre l'écart existant et identifier les pratiques les plus prometteuses pour le Québec. »
- André Huberdeau, président de la Fondation pour l'alphabétisation
« Peu d'analyses publiques comparatives entre les systèmes québécois et ontarien sont disponibles. Il était donc tout à fait pertinent de brosser un portrait de la situation et de documenter les éléments ayant favorisé la progression du taux de diplomation en Ontario puis d'identifier ceux pouvant trouver racine dans notre réalité québécoise. Ce sont ces pistes d'actions qui sont mises de l'avant dans l'analyse et elles ont le potentiel d'avoir des impacts concrets. »
- Pierre Langlois, économiste et auteur de l'Analyse comparative entre le Québec et l'Ontario