Le CIAFT juge insuffisante l’augmentation du salaire minimum annoncée par le ministre Jean Boulet
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Montréal, le 31 janvier 2025-L’augmentation du salaire minimum annoncée ce vendredi 31 janvier par le ministre Jean Boulet est insuffisante. À 16,10 $ de l’heure soit une augmentation de 0,35 $, des centaines de milliers de travailleuses et travailleurs resteront dans la pauvreté sans espoir d’amélioration.
Une personne travaillant 35 heures par semaine toute l’année gagnera 26 520 $, soit 31 % en dessous du seuil de pauvreté. En 2016, nous avions déjà signalé qu’une travailleuse à temps plein au salaire minimum gagnait 35 % de moins que ce seuil de revenu décent. Bien qu’une augmentation soit positive, un rattrapage important est nécessaire. Les prix des produits de base ont explosé, avec une inflation générale de plus de 12 % entre novembre 2021 et 2024, et une augmentation de près de 20 % du coût de l’alimentation et du logement.
Chaque année, le Tribunal administratif du logement (TAL) suggère des augmentations de loyer. Pour 2025, il propose une hausse de 5,9 % pour les logements non chauffés.
Pour une travailleuse à faible revenu, la majorité du revenu sert à couvrir les besoins essentiels comme le logement et l’alimentation. Malgré une légère augmentation du salaire minimum ces dernières années, sa progression est encore trop faible pour compenser la perte de pouvoir d’achat. Selon le Bilan-Faim 20241, les demandes d’aide auprès des banques alimentaires au Québec atteignent 2,9 millions par mois, soit 55 % de plus qu’en 2021. Près de 20 % des ménages ayant recours aux banques alimentaires ont un emploi comme principale source de revenu.
Les femmes sont surreprésentées dans les emplois à faible revenu, avec un salaire minimum plus élevé, elles pourraient voir leur situation économique s’améliorer. Ceci aurait entre autres un impact important sur les femmes monoparentales et à faible revenu. Un salaire plus élevé leur permettrait de mieux subvenir aux besoins de leurs enfants réduisant ainsi la pauvreté infantile et améliorait les perspectives économiques de leurs enfants.
Stimulation de l’économie
Lorsque les travailleurs à faible revenu disposent de plus d’argent, ils sont plus susceptibles de le dépenser dans leur communauté. Cela stimule les commerces locaux et peut entraîner une augmentation de la demande pour les biens et services, ce qui est bénéfique pour l’économie locale. L’augmentation progressive et prévisible du salaire minimum permet aux entreprises de planifier et d’ajuster leurs budgets en conséquence. Cela réduit l’incertitude et permet aux entreprises de s’adapter sans subir de chocs financiers majeurs.
Avec un pouvoir d’achat accru, les travailleuses et travailleurs dépensent plus, ce qui peut compenser les coûts supplémentaires liés à l’augmentation des salaires. Des salaires plus élevés peuvent réduire le taux de rotation du personnel, ce qui diminue les coûts liés au recrutement, à la formation et à la perte de productivité associée aux nouveaux employés. Cela améliore l’image de l’entreprise, une entreprise qui paie des salaires équitables peut améliorer son image de marque et attirer des clients soucieux de l’éthique tout en attirant des employés talentueux qui deviendront fidèles à leur employeur. C’est du gagnant-gagnant.
Les impacts
Avec un salaire minimum plus élevé, les femmes à faible revenu seraient moins dépendantes des programmes d’aide de dernier recours. Cela réduirait la stigmatisation associée et permettrait aux femmes de gagner leur vie de manière plus autonome et digne.
Des salaires plus élevés peuvent améliorer la santé et le bien-être des travailleuses. Moins de stress financier peut conduire à une meilleure santé mentale et physique, réduisant ainsi les coûts de santé à long terme pour la société.
Le salaire minimum influence directement le revenu de retraite d’une femme. Les femmes au salaire minimum ont souvent des revenus plus bas, ce qui réduit leurs cotisations aux régimes de retraite publics et privés. Par conséquent, leurs prestations de retraite sont souvent plus faibles. Les cotisations aux régimes de retraite, comme le Régime de rentes du Québec (RRQ), dépendent des revenus de travail. Un salaire minimum plus élevé permettrait à une femme de cotiser davantage, augmentant ainsi ses prestations de retraite futures et réduirait les inégalités.
Équité et justice sociale
Le CIAFT se positionne et argumente que l’augmentation du salaire minimum est une question d’équité et de justice sociale. Il est essentiel de garantir que tous les travailleuses et travailleurs, en particulier les plus vulnérables, reçoivent un salaire décent qui reflète le coût de la vie et leur contribution à la société.
CONTACT PRESSE
Colette Cummings, directrice générale
514 616 2359 | direction@ciaft.qc.ca
À propos du CIAFT
Le Conseil d’intervention pour l’accès des femmes au travail (CIAFT) est une organisation québécoise constituée de groupes et de personnes qui œuvrent dans le domaine de l’accès et du maintien des femmes au travail. Identifié comme principal défenseur des droits des femmes au travail depuis sa création en 1982, le CIAFT a développé une expertise reconnue par l’ensemble des partenaires syndicaux, communautaires et institutionnels ainsi que par les principaux médias au Québec.
La philosophie d’intervention du CIAFT relève de la certitude que l’autonomie financière des femmes est largement tributaire de leur accès au travail, à condition que ce travail soit rémunéré à sa juste valeur. Dans cette perspective, la mission du CIAFT est d’œuvrer à la défense, à la promotion et au développement de services, de politiques et de mesures permettant de répondre aux besoins spécifiques des femmes en matière de travail.
Ses membres proviennent principalement des milieux communautaires d’intégration au marché du travail, de comités de condition féminine, d’organisations syndicales et d’organisations féministes régionales et nationales. On retrouve également des représentantes des milieux institutionnels et du développement économique ainsi que de la défense des droits de la personne. Ses actions sont réalisées dans le but d’améliorer les conditions socio-économiques des femmes et d’assurer la prise en compte des réalités et des besoins des femmes en matière d’emploi.
1 Bilan-Faim 2024 : https://banquesalimentaires.org/wp-content/uploads/2024/10/Bilan-Faim_2024.pdf