6 décembre 1989 : à la mémoire des victimes de Polytechnique

Résumé: 

Ce dossier, préparé à l'occasion de la commémoration du 20e anniversaire de la tragédie du 6 décembre 1989 à l’École Polytechnique et mis à jour à l’occasion du 35e, souhaite rendre hommage à Geneviève Bergeron, Hélène Colgan, Nathalie Croteau, Barbara Daigneault, Anne-Marie Edward, Maud Haviernick, Barbara Klucznik-Widajewick, Maryse Laganière, Maryse Leclair, Anne-Marie Lemay, Sonia Pelletier, Michèle Richard, Annie St-Arneault et Annie Turcotte.

Attention, cet article contient une description non graphique d’un attentat antiféministe.


 

Le 6 décembre 1989, quatorze femmes ont été tuées et treize personnes ont été blessées à l'École Polytechnique de Montréal par un homme antiféministe. Après avoir pénétré dans une classe de génie mécanique où il sépare les femmes des hommes, il ouvre le feu sur les étudiantes en criant qu’elles sont toutes des féministes et qu’il hait les féministes. Il poursuit ensuite son massacre dans les couloirs de l’École avant de s’ôter la vie. Le fusil utilisé avait été obtenu légalement.


Cet attentat antiféministe a profondément bouleversé le Québec et le reste du Canada. D’abord, est fondée la Coalition pour le contrôle des armes, qui travaille à resserrer les lois sur le contrôle des armes à feu au pays. Puis, en 1991, le Parlement canadien décrète le 6 décembre Journée nationale de commémoration et d'action contre la violence faite aux femmes, aussi connue sous le nom de journée du ruban blanc. Depuis 2008, cette commémoration concorde également avec la fin des 12 jours d'actions pour l'élimination de la violence faite aux femmes qui se déroule du 25 novembre – Journée internationale de lutte contre la violence faites aux femmes – au 6 décembre.


La tuerie de Polytechnique n’a pas immédiatement été présentée dans les médias comme un acte politique, la tendance étant plutôt à l’établissement de la psychologie du tueur ou à la réflexion sur la violence de manière générale. Pourtant, des voix se sont immédiatement levées pour dénoncer cet acte profondément misogyne. Mélissa Blais écrit ainsi qu’« en dépit de la multiplication des mobilisations et de la diversification de leur forme (manifestations, pétitions, débats etc.), les discours féministes rencontrent peu d’écho dans les médias qui fonctionnent comme autant de freins mémoriels, hésitant entre la marginalisation, le discrédit ou le silence à l’encontre des positions féministes ».


Il aura fallu attendre 2019 pour que la Ville de Montréal reconnaisse officiellement le caractère politique de l’attentat, perpétré contre des femmes parce qu’elles étaient des femmes.

Documentation

Documents disponibles chez Co-Savoir

Blais, M. (2009). J’haïs les féministes! : Le 6 décembre 1989 et ses suites. Éditions du Remue-ménage.

Boudreau, J. (1996). Étude du processus de construction du sens dans les médias : Le cas de la tragédie de l’école polytechnique en 1989. Mémoire : Université de Sherbrooke, Département des sciences humaines.

Fahmy, P. (1991). Les événements de Polytechnique : Analyses et propositions d’action. Université Laval, Groupe de recherche multidisciplinaire féministe.

Malette, L., & Chalouh, M. (1990). Polytechnique, 6 décembre. Éditions du Remue-ménage.

Rathjen, H., Montpetit, C., & Cukier, W. (1999). 6 décembre : De la tragédie à l’espoir: les coulisses du combat pour le contrôle des armes. Libre Expression.

Documents disponibles en ligne

Articles, déclarations et poèmes sur le drame du 6 décembre 1989. (2002-2017). Sisyphe.

Blais, M. (2007). Entre la folie d’un seul homme et les violences faites aux femmes : La mémoire collective du 6 décembre 1989. Mémoire : Université du Québec à Montréal, Département d'histoire.

Blais, M. (2012). Y a-t-il un « cycle de la violence antiféministe »? Les effets de l’antiféminisme selon les féministes québécoises. Recherches féministes, 25(1), 127‑149.

Decoster, S., Lapointe, P., & Cossette, S. (1991). Mémoire du groupe de travail Decoster sur la tragédie du 6 décembre 1989 à l’école Polytechnique de Montréal présenté à la Commission des affaires sociales. Urgences-Santé.

Dufresne, M. (1998). Masculinisme et criminalité sexiste. Recherches féministes, 11(2), 125‑137.

El Yamani, M. (1990). La mascarade médiatique. Sociologie et sociétés, 22(1), 201‑205.

El Yamani, M. (1998). Médias et féminismes : Minoritaires sans paroles. L’Harmattan.

Lamoureux, D. (2021). Une longue tradition antiféministe au Québec. Cap-aux-Diamants : la revue d’histoire du Québec, 145, 36‑40.

Martin, J. (2009). Survivre au 6 décembre 1989 (D. Ouellet). Poly - Automne.

Pelletier, F. (2005). Je me souviens. La Vie en rose, Hors série, 34‑37.

Raboy, M. (1993). Crise des médias, crises de société : Les femmes, les hommes et l’École polytechnique de Montréal. Communication. Information Médias Théories, 14(1), 82‑105.

Autres documents

Boucher, M.-J., Dalphond, J.-M. (2024). Projet Polytechnique. Montréal (Québec) : Atelier 10.
Disponible à Bibliothèque et Archives nationales du Québec

Cernea, A. (1999). Poly 1989 : Témoin de l’horreur. Montréal : Éditions Lescop.
Disponible au Centre de documentation du Conseil du statut de la femme

Dumouchel, P. (2000). Comprendre pour agir : Violences, victimes et vengeances. Sainte-Foy : Presses de l’Université Laval.
Disponible à Bibliothèque et Archives nationales du Québec

Murphy, C. (2007). The December man = (L’homme de décembre) (1st ed.). Toronto : Playwrights Canada Press.
Disponible à Bibliothèque et Archives nationales du Québec

Racicot, L. (2003). Heidi Rathjen : De la tragédie à la victoire. Montréal : Productions Point de mire.
Disponible à Bibliothèque et Archives nationales du Québec


Sources

Bugnon, F. (2010). Compte rendu de [Mélissa Blais, « J’haïs les féministes! » Le 6 décembre 1989 et ses suites. Montréal, Les éditions du remue-ménage, 2009, 220 p.] Recherches féministes, 23(2), 192–195.

Lachapelle, J. (2019, novembre 4). Polytechnique: Montréal reconnaît un « attentat antiféministe ». La Presse.

Lanthier, S. & Cooper, C. (2021). Tragédie de Polytechnique. L’Encyclopédie canadienne.