« Dans le monde actuel, caractérisé par la globalisation du capitalisme, l’émancipation des femmes semble être devenue une thématique centrale dans tous les champs sociaux, économiques et politiques. Ainsi, on ne compte plus les programmes de développement qui prennent pour cible les femmes, pour en faire des entrepreneures, des artisanes, des leaders, etc. modèles » (Selim, 2010 : 253). En effet, cet engouement international se fait sentir dans les politiques, la programmation et les actions des organismes de développement à petite, moyenne ou grande échelle. Devant une recrudescence des programmes et des projets visant l’autonomisation des femmes, il est important de ce questionner sur les rôles qui leur sont octroyés dans ces processus. Au moment d’élaborer les propositions visant leur empowerment, quelle place ont-elles? Et quelle considération donne-t-on à leur capacité d’agir et décisionnelle dans les étapes suivantes ? Afin de réfléchir sur ces questionnements, ce midi-recherche portera plus particulièrement sur le contexte de la frontière nord équatorienne.

La région frontalière au Nord de l’Équateur, est formée par les provinces d'Esmeraldas (côtière), de Sucumbíos (jungle amazonienne), de Carchi et d'Imbabura (montagnes andines). Toutes, sauf Imbabura, partagent la frontière avec la Colombie. La région est affectée par plusieurs types de conflits (dont les effets débordants du conflit voisin), combinés à un certain nombre de vulnérabilités sociales et économiques particulières à chacune des provinces. S’ajoutent à cela, des défis liés à la situation que vivent les femmes de cette région. Les travaux et projets menés dans les dernières années ont démontré que les femmes sont particulièrement affectées par les violences basées sur le genre (physique, psychologique, sexuelle et structurelle); la violence domestique (qui est accentuée en situation de conflit); et l’exploitation sexuelle (de mineures et d’adultes équatoriennes et colombiennes refugiées). Dans ce contexte, nombre de programmes et de projets de développement sont mis en place, mais jusqu’à quel point et dans quelle mesure les premières intéressées y sont considérées?