En Afghanistan, le règne des chefs de guerre met en péril la sécurité des femmes
Réacheminé par Ariane Brunet, Droit et démocratie
Communique de presse
10 mars 2003
En Afghanistan, le règne des chefs de guerre met en péril la sécurité des femmes
Montréal - L'apartheid sexuel a refait son apparition en Afghanistan sous forme de graves violations des droits des femmes et des fillettes. Cette fois, ce sont les chefs de guerre qui mènent l'offensive. Mû par une doctrine destructrice qui l'apparente au hooliganisme ou au vandalisme, le féodalisme des seigneurs de la guerre menace la sécurité et la stabilité de l'Afghanistan post-taliban.
À l'occasion de la Journée internationale des femmes, Droits et Démocratie lance une campagne contre le règne des chefs de guerre en Afghanistan avec un appel à l'action intitulé Le pouvoir des chefs de guerre compromet la sécurité des femmes en Afghanistan. Droits et Démocratie invite les gouvernements à agir et les pays qui contribuent à perpétuer le pouvoir des chefs de guerre à suspendre le soutien financier et politique qu'ils leur accordent, et a rédigé 17 recommandations destinées à éliminer cet obstacle à la paix en Afghanistan. Alors que ce pays s'emploie tant bien que mal à se reconstruire, le pouvoir des chefs de guerre, dont certains sont appuyés par les États-Unis et d'autres par des membres du cabinet de l'Administration intérimaire, constitue un obstacle majeur à la paix et au respect des droits de la personne dans tout le pays.
À Herat, par exemple, le gouverneur Ismail Khan oblige les femmes à se soumettre à des examens gynécologiques pour prouver leur virginité. À Kaboul, Abddurab Rasul al-Sayyaf a publiquement déclaré que les femmes ne devraient pas avoir le droit de participer à la vie politique. Dans chaque province, on retire aux femmes et aux petites filles des droits chèrement acquis. Et les chefs de guerre qui contrôlent encore une grande partie du pays ferment à nouveau aux femmes l'accès à l'instruction en interdisant l'enseignement «mixte» (les classes réunissant filles et garçons et le fait que des hommes enseignent à des femmes).
Droits et Démocratie s'emploie à dresser la liste des chefs de guerre et des forces ou pays qui les appuient, entre autres les États-Unis, le Pakistan, l'Ouzbékistan et l'Iran, ainsi que certains membres du cabinet de l'Administration intérimaire (AIA) qui gouverne le pays.
Droits et Démocratie appelle le gouvernement afghan, le gouvernement américain et les États de la région, ainsi que la communauté des pays donateurs, à suspendre toute aide financière et militaire aux chefs de guerre et à trouver des solutions viables de manière à offrir aux Afghans des moyens d'existence durables et non violents et de désamorcer ainsi les conflits.
Droits et Démocratie lance donc cette campagne de lettres pour attirer l'attention de l'opinion mondiale sur la situation difficile des femmes et des fillettes afghanes. On trouvera des renseignements sur la situation en Afghanistan, ainsi que le modèle de lettre proposé, dans les documents ci-joints.
Si vous désirez une entrevue avec une ou plusieurs des personnes suivantes, vous pouvez contacter Lucie Léveillé au (514) 283-6073 ou à l'adresse électronique leveille@ichrdd.ca.
Personnes parlant français et anglais:
Marzia Ali, Canadienne d'origine afghane et coordonnatrice à Action Réfugiés Montréal, a participé au sommet de Bruxelles pour les femmes afghanes en 2001; elle intervient activement à partir du Canada en faveur des droits fondamentaux et de la sécurité des femmes afghanes.
Ariane Brunet, coordonnatrice du programme Droits de femmes de Droits et Démocratie, a co-rédigé «Women's rights in Afghanistan» après une mission effectuée dans le pays en septembre 2002 pour évaluer les conditions de sécurité et la situation des droits des femmes et des fillettes depuis la chute du régime taliban.
Personnes parlant anglais :
Sally Amstrong est une journaliste et militante des droits humains lauréate de plusieurs prix; elle a dernièrement publié «Veiled Threat: the Hidden Power of Afghan Women» et tourné le documentaire «Daughters
of Afghanistan»; elle a beaucoup voyagé en Afghanistan.
Adeena Niazi, présidente de l'Organisation des femmes afghanes à Toronto, a travaillé avec le Conseil canadien pour les réfugiés, le Conseil canadien pour les victimes de torture et l'organisme Women in Transition.
Hekmat Sadat, professeur de sciences politiques au Collège Pitzer affilié au Claremont University Consortium de Los Angeles, enseigne les études afghanes et pakistanaises. Rédacteur en chef du afghanmagazine.com, il a écrit sur la question des droits des femmes dans l'Afghanistan post-taliban.