Les portes se ferment pour les réfugiés : les premiers six mois de l'accord du tiers pays sûr
LES PORTES SE FERMENT POUR LES RÉFUGIÉS:
LES PREMIERS SIX MOIS DE L’ACCORD DU TIERS PAYS SÛR
Montréal. 4 août 2005
Le Conseil canadien pour les réfugiés (CCR) a rendu public aujourd’hui un rapport intitulé Les portes se ferment pour les réfugiés: un rapport sur l’Accord du tiers pays sûr, montrant que plusieurs des pires craintes que l’on entretenait à propos de cet accord entre le Canada et les États-unis sont devenues une réalité. Maintenant que la frontière canadienne est largement fermée pour eux, les réfugiés sont beaucoup moins nombreux à pouvoir trouver la protection dont ils ont besoin au Canada : certains sont détenus et déportés par les États-Unis; d’autres sont forcés à vivre sans statut aux États-Unis, craignant d’être arrêtés; d’autres encore ont recours à des passeurs pour trouver une voie vers la sécurité.
«Ce n’est pas une exagération de décrire cet Accord comme un tueur silencieux», a déclaré Nick Summers, Président du CCR. «Hors de la vue des Canadiens, les demandeurs d’asile sont en train de payer le prix de cette approche de type "pas dans ma cour" que le Canada utilise en matière de protection des réfugiés. Les faits montrent que les États-Unis ne sont pas sûrs pour tous les réfugiés et que le Canada est en train de laisser tomber des réfugiés ayant besoin de notre protection. Nous demandons au gouvernement canadien d’annuler l’Accord immédiatement.»
Le rapport montre que le nombre de gens ayant demandé le refuge au Canada en 2005 est le plus bas de l’histoire depuis le milieu des années 80. La chute des demandes déposées à la frontière est particulièrement dramatique, avec seulement 50% du nombre de demandes déposées l’an passé. Les Colombiens ont été plus particulièrement touchés, avec une diminution de demandes du 70% par rapport aux demandes déposées en 2005. Étant donné le taux d’acceptation beaucoup plus bas dont font l’objet les demandes d’asile des Colombiens aux États-Unis lorsqu’on les compare au Canada, le rapport calcule que, seulement pendant la première année d’application de l’Accord, 916 Colombiens auront été privés de protection dans l’un ou l’autre pays. Le rapport met en relief également des témoignages à l’effet que, tel qu’on l’avait prédit, l’Accord a pour résultat une augmentation des passages clandestins à la frontière entre le Canada et les États-Unis.
«Nous appuyons ce rapport et l’engagement indomptable du Conseil canadien pour les réfugiés envers la protection des réfugiés et des demandeurs d’asile en situation de vulnérabilité», a déclaré Anne P. Wilson, Vice-présidente exécutive au Programme des services du Lutheran Immigration and Refugee Service (États-Unis). «Nous continuons à exhorter les leaders politiques des États-Unis à stopper les politiques qui sapent l’engagement de longue date de notre pays envers la protection des réfugiés et les droits humains.»
Les changements nécessaires aux politiques états-uniennes incluent l’abolition de la date limite d’un an pour déposer une demande d’asile, la fin de la politique de détention des demandeurs d’asile, l’augmentation de l’accès à un avocat pour tous les détenus, la fin des politiques coercitives injustes visant les demandeurs d’asile haïtiens et un rémède aux défauts des méchanismes de protection pour les demandes d’asile suite à la persécution basée sur les rapports de genre. «À moins que ces préoccupations, parmi d’autres, soient adéquatement traitées et que l’on trouve des solutions à leur égard, a conclu Wilson, nous nous joignons au Conseil canadien pour les réfugiés dans le cadre de cet appel à l’annulation de cet Accord.»
«Chaque jour nous sommes témoins d’une tragédie qui se déroule, alors que nous informons des personnes et des familles vulnérables qu’on leur refusera l’accès à la protection au Canada. L’impact de cet Accord sur les vies de réfugiés menacés est dévastateur», a déclaré Patrick Giantonio, Directeur exécutif de Vermont Refugee Assistance, organisation qui travaille avec des gens qui cherchent l’asile autant aux États-Unis qu’au Canada, y compris ceux qui sont en détention.
Le rapport Closing the Front Door on Refugees: Report on Safe Third Country Agreement (en anglais) est disponible au site web du CCR à www.web.ca/~ccr/closingdoor.pdf
Contacts:
(en français)
Janet Dench, Directrice, tél.: (514) 277-7223 poste 2
Richard Goldman, Comité d’aide aux réfugiés, tél. : (514) 272-6060 (poste 5)
(en anglais)
Nick Summers, Président (709) 682-9329
Anne P. Wilson, Vice-présidente, Lutheran Immigration and Refugee Service (410) 230-2720
Patrick Giantonio, Directeur exécutif, Vermont Refugee Assistance (802) 456-7444
Le Conseil canadien pour les réfugiés est un organisme de regroupement sans but lucratif qui se voue à la défense des droits et à la protection des réfugiés au Canada et dans le monde, et à l'établissement des réfugiés et des immigrants au Canada. Ses plus de 180 membres sont des organismes impliqués dans le parrainage et la protection des réfugiés et dans l’établissement des nouveaux arrivants. Le CCR est au service de ses membres pour leurs besoins en matière d'échange d'informations et d'expériences et de défense des droits.
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