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8 mars 2006
Cette journée est aussi la nôtre
Aujourd'hui, journée internationale des femmes, le groupe Les Putes lance un appel à toutes les féministes et défensseures de la cause des femmes afin qu'elles écoutent ce que les travailleuses du sexe ont à leur dire :
Lettre ouverte à nos soeurs féministes
Notre nouveau groupe activiste Les Putes, composé exclusivement de putes -femmes et transpédégouines- a pour but l'auto support et la lutte contre la putophobie. Nous estimons que le combat des Putes est un combat féministe. Malheureusement jusqu'à présent nous sommes exclues de la plupart de ses mouvements. Cette exclusion est le fruit d'une incompréhension: la majorité des féministes pensent que nous serions victimes de la prostitution quand nous pensons que nous sommes victimes des mauvaises conditions dans lesquelles nous l'exerçons. Pourquoi cette alliance avec les catholiques intégristes sur la prostitution ? Pire, le lobby abolitionniste est aujourd'hui très puissant, présent au sein de différentes instances nationales et européennes, fortement subventionné, alors que les associations de prostituées ne bénéficient elles que de subventions pour la lutte contre le sida beaucoup plus faibles.
Nous ne sommes pas les premières à ne pas correspondre au modèle de LA femme valorisé par les mouvements féministes. Avant les années 1970 et la création du mouvement de libération des femmes par de nombreuses lesbiennes, celles-ci en étaient exclues. Considérées au début du XXè siècle comme des perverses elles auraient donné une mauvaise image au combat des suffragettes qui étaient déjà taxé de vouloir féminiser la société, déviriliser les hommes et encourager l'homosexualité. La revendication du droit à l'avortement à l'exception de la précurseure Madeleine Pelletier ne faisait pas partie de leur combat.
Quittons donc cette vision essentialiste de ce que devrait être LA femme, LA bonne féministe. Les putes ont besoin de l'aide des autres femmes pour améliorer leurs conditions de travail et de vie, pour faire valoir leurs droits et tout simplement être respectées. En effet, nous sommes en première ligne sur le front des violences sexistes. L'injure pute est sans doute la plus violente à l'égard des femmes et nous désignent TOUTES. A chaque instant de nos vies, elle peut nous rattraper et permet de limiter notre liberté sexuelle. Nous préférerions donc qu'au lieu de tenter de s'en défaire les autres féministes se la réapproprient avec nous en fierté cassant ainsi son rôle stigmatisant.
En voulant s'en extraire, elles ne font que la renforcer et n'y échappent pas pour autant.
En tant que femmes transgressant les règles du genre, nous sommes davantage victimes de violences sexuelles, et plus encore depuis l'application de l'article L50 de la LSI pénalisant le racolage passif. Or, la reconnaissance des violences sexuelles que nous subissons passe par la reconnaissance de nos vies, de nos identités et donc de notre travail. Le viol conjugal a été reconnu grâce au combat de nos mères, le viol des putes ne l'est toujours pas.
Aujourd'hui, journée mondiale des femmes, nous souhaiterions que cette journée soit celle de toutes les femmes et donc aussi la notre. Notre combat n'est pas tant qu'il n'y parait opposé à celui des autres féministes et se rejoint au contraire sur de nombreux points tels la parité, l'égalité salariale etc. Nous demandons donc officiellement au CNDF de bien vouloir accepter l'inclusion de notre groupe activiste Les Putes au sein de ce collectif représentant l'ensemble des grandes associations féministes françaises.
Nous avons besoin du soutien de l'ensemble des féministes et espérons qu'elles et ils marcheront avec nous le samedi 18 mars prochain à l'occasion de la première Pute Pride, manifestation de prostituées. Départ à 14H, place Pigalle, Paris.
Pour plus d'informations, voir notre site http://www.lesputes.org
-- Nikita et Cadyne, pour le Collectif
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Marche des travailleuSEs du sexe - samedi 18 mars 2006 - départ 14H place Pigalle *
Nous sommes des travailleuses et travailleurs du sexe. Nous voulons pouvoir travailler dans les meilleures conditions de travail qui soient.
Or, depuis l’entrée en fonction du gouvernement nous sommes la cible d’une répression et d’un harcèlement policier accru. L’instauration de la pénalisation du racolage passif – Loi de Sécurité Intérieure, art L50 - fait de nous des délinquantEs encourant des peines de 3750 euros d’amende et de deux mois de prison ainsi qu’une expulsion du territoire pour les étrangèrEs.
Depuis le vote de cette loi, certains policiers abusent de plus en plus de leur pouvoir : contrôles d’identité, confiscation de préservatifs, arrestations, gardes à vue, racket, violences verbales et physiques, viols sont de plus en plus courants. Cette situation engendre également des violences de la part d’hommes qui se sentent d’autant plus légitimes à nous agresser que les forces de l’ordre sont les premières à le faire.
Si nous sommes victimes de cette répression, nous récusons en revanche les discours nous assignant à un statut de victimes de la prostitution. Ces amalgames ne nous rendent pas service. C’est justement grâce à eux que le ministre de l’Intérieur a pu faire passer sa loi, assurant qu’elle permettrait de lutter contre le trafic des femmes et le proxénétisme. Car dans les faits, cette loi a fragilisé l’ensemble des travailleuSEs du sexe. Les tarifs des passes ont fortement baissés. La négociation du préservatif est plus difficile. L’illégalité et la clandestinité sont devenues la porte ouverte à tous les abus.
Nous ne voulons plus être désignéEs ni comme des délinquantEs, des vectRICEs de désordre et d’épidémie, dont la visibilité serait une nuisance, ni comme des victimes, incapables de savoir ce qui est bon pour elles, et dont la parole est confisquée au profit de celles qui voudraient éradiquer la prostitution et nous « sortir de là ».
Par conséquent, nous exigeons :
•L’abrogation de l’art L50 de la Loi sur la Sécurité Intérieure pénalisant le racolage passif,
•La régularisation de touTEs les sans papierEs sans condition,
•Le droit au changement d’Etat civil pour les trans’ selon leur genre revendiqué,
•La reconnaissance de nos droits sociaux, l’égalité des droits avec les autres travailleurs,
•La pénalisation de toutes les discriminations putophobes,
•Le libre choix du statut et des conditions de travail : profession libérale, statut artisanal,etc.
•La reconnaissance d’une Journée Internationale des travailleuses et travailleurs du sexe.
•Des actions ciblées de prévention des IST, du VIH/sida et des Hépatites, en direction des clients,
•Que notre sécurité soit assurée par les forces de l’ordre et non l’inverse.
http://www.lesputes.org
contact : Maitresse Nikita - 06 60 08 34 67
* venez avec des parapluies rouges, c’est notre signe de ralliement.