Le Québec ne peut faire l’économie d’une réelle lutte contre l’analphabétisme et la pauvreté

Le Québec ne peut faire l’économie d’une réelle lutte contre l’analphabétisme et la pauvreté

Montréal, le vendredi 8 septembre 2006 - La Journée internationale de l'alphabétisation est l'occasion pour le Regroupement des groupes populaires en alphabétisation du Québec (RGPAQ) de rappeler à quel point il est urgent de se donner les moyens de s'attaquer au problème de la faible alphabétisation.

Au Québec, 1,3 million d'adultes sont directement touchés par ce problème. La récente Enquête internationale sur l'alphabétisation et les compétences des adultes (EIACA) a démontré que, sur une échelle de 1 à 5, près d'un quart de la population québécoise de plus de 16 ans ne dépasse pas le plus faible niveau de compétence en littératie et en numératie (niveau 1). L'Enquête illustre bien que, pour ces personnes, les conséquences sont grandes : isolement, chômage à long terme, pauvreté, effets négatifs sur l'apprentissage des enfants, etc. L'EIACA démontre également que plus de la moitié de la population québécoise de 16 ans et plus n'atteint pas le niveau de littératie jugé souhaitable pour bien fonctionner dans nos sociétés (niveau 3).

Au-delà de cela, l'Enquête démontre aussi à quel point la pauvreté et la faible alphabétisation sont liées. Les personnes en situation de pauvreté ont plus de chance d'avoir de faibles compétences en littératie et en numératie. Inversement, les personnes faiblement alphabétisées sont très souvent privées de travail ou confinées à des emplois très mal payés et sans aucune sécurité. Ce cercle vicieux crée de véritables foyers d'exclusion à l'intérieur même de notre société. Lutter contre la faible alphabétisation exige donc un engagement sans détour dans la lutte contre la pauvreté. C'est pour cette raison que les groupes populaires en alphabétisation du Québec luttent contre l'analphabétisme dans une perspective plus large de lutte contre les inégalités sociales et économiques.

Il semble toutefois que le gouvernement tarde à reconnaître ce problème comme il le devrait et à en comprendre les multiples implications. Depuis le début de l'année, le RGPAQ mène la campagne de sensibilisation et de revendications « Ça cloche en alpha pop ! ». Le Regroupement réclame une indexation des subventions octroyées aux groupes populaires en alphabétisation dans le cadre du Programme d'action communautaire sur le terrain de l'éducation (PACTE) et un investissement additionnel et récurrent de 20 millions de dollars dans le financement de la mission globale des groupes populaires en alphabétisation. Le RGPAQ revendique aussi l'établissement de mesures de soutien pour les personnes qui entreprennent des démarches d'alphabétisation populaire, notamment pour les aider à payer le transport et les frais de garde. Jusqu'à maintenant, l'absence de réaction du gouvernement nous force à remettre en question sa volonté de réellement confronter le problème de la faible alphabétisation.

Les subventions des groupes populaires en alphabétisation sont attendues à la fin du mois de septembre. Nous espérons fortement que le gouvernement aura pris la décision de les indexer. Nous l'invitons également à s'engager fermement auprès des personnes travaillant à améliorer leur niveau de littératie et de numératie et des groupes qui les accueillent en leur allouant les ressources nécessaires. Tenter de faire l'économie d'une réelle lutte contre l'analphabétisme et la pauvreté serait un très mauvais calcul pour le Québec.

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Source : Jean-François Venne
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