Le Regroupement des groupes populaires en alphabétisation du Québec dénonce les compressions fédérales sauvages en alphabétisation

Le Regroupement des groupes populaires en alphabétisation du Québec dénonce les compressions fédérales sauvages en alphabétisation

Montréal, jeudi 28 septembre 2006 - Le Regroupement des groupes populaires en alphabétisation du Québec (RGPAQ) critique vivement les compressions sauvages du gouvernement fédéral dans le domaine de l'alphabétisation. Ce que le gouvernement fédéral appelle « couper dans le gras » menace la survie même du mouvement de l'alphabétisation populaire au Québec et risque de priver un grand nombre de Québécoises et de Québécois de l'opportunité d'entreprendre une démarche d'alphabétisation populaire.

Le gouvernement fédéral a annoncé des compressions de 17,7 millions de dollars dans le financement de la lutte contre l'analphabétisme au Canada. M. John Baird, président du conseil du Trésor fédéral, affirme que cela fait partie d'une volonté de « couper dans le gras » et de « recentrer les ressources sur les priorités des Canadiennes et des Canadiens ». « C'est aberrant d'entendre, de la bouche d'un ministre, que l'alphabétisation n'est pas une priorité et que notre très maigre financement serait du gras à couper, alors que le gouvernement fédéral nage dans les surplus budgétaires depuis plusieurs années, déplore Caroline Meunier, responsable des dossiers politiques au RGPAQ. Les compressions représentent près de la moitié du budget annuel du Regroupement et la totalité du financement accordé aux groupes populaires en alphabétisation dans le cadre des Initiatives fédérales-provinciales conjointes en matière d'alphabétisation (IFPCA). C'est ça, le gras, pour les Conservateurs ? »

L'alphabétisation, pas une priorité ?

Selon le gouvernement fédéral, recentrer les priorités signifie couper en alphabétisation. L'alphabétisation ne serait donc pas une priorité pour le Canada ? Pourtant, l'enquête la plus récente de Statistique Canada révèle que 48 p. cent de la population canadienne de 16 ans et plus ont un niveau de littératie inférieur au seuil jugé souhaitable pour fonctionner dans notre société et accomplir leur potentiel. Au Québec, 1,3 million de personnes de 16 ans et plus ont un faible niveau de littératie. On pourrait croire que ces chiffres suffisent à faire comprendre l'importance de la lutte contre l'analphabétisme... Statistique Canada affirme d'ailleurs que ces données « ne laissent aucun doute quant à l'importance dans le Canada d'aujourd'hui du défi de la littératie ». « Que penser, se demande Madame Meunier, d'un gouvernement qui se félicite de consacrer 13 milliards de dollars au remboursement de la dette fédérale et qui saborde les efforts de milliers de citoyennes et de citoyens peu alphabétisés pour économiser 17 millions de dollars ? Viser les personnes peu alphabétisées et les groupes qui les accueillent c'est faire preuve d'irresponsabilité, d'insensibilité et surtout d'un singulier manque de vision à long terme ».

Ce qui disparaîtrait suite aux compressions, au Québec seulement :

  • Le programme de formation des travailleuses et des travailleurs en alphabétisation populaire du RGPAQ ;

  • Des activités d'analyse et de réflexion visant à mieux comprendre l'analphabétisme et à développer des pratiques plus efficaces ;

  • Des productions écrites et audio-visuelles assurant la diffusion des pratiques et des analyses ;

  • La revue Le Monde alphabétique, qui anime le milieu de l'alphabétisation populaire depuis maintenant 15 ans ;

  • Des dizaines de projets novateurs par année, menés par les groupes populaires en alphabétisation dans le cadre des IFPCA et visant, entre autres, la sensibilisation et le recrutement.

Le gouvernement fédéral peut encore redresser la situation en revenant sur ces compressions et en assurant le maintien de son financement en alphabétisation. Le RGPAQ n'entend certes pas laisser ce dossier sombrer dans l'oubli et réagira encore prochainement, en fonction des actions du gouvernement. « Nous espérons que M. Harper se souviendra que son parti s'est déjà soucié d'alphabétisation, souligne . En effet, c'est le Parti Conservateur de M. Mulroney qui a mis sur pied, en 1987, le Programme national d'alphabétisation, qui s'incarne au Québec dans les IFPCA. Nous verrons bien si le nouveau Parti Conservateur de M. Harper entend vraiment évacuer l'alphabétisation de sa liste de priorités ».

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Source : Jean-François Venne, (514) 837-2480

jf_venne@videotron.ca