L'enseignement professionnel chinois passe à la vitesse supérieure
2006-09-11 15:13:31 cri
Au cours de ces dernières années, le système scolaire chinois peut se targuer d'avoir obtenu de bons résultats. En effet, le taux de scolarisation pour l'enseignement supérieur n'a cessé de s'élever. Mais si de plus en plus de Chinois peuvent désormais suivre des études secondaires pour s'instruire, on a constaté aussi une tendance à privilégier l'enseignement théorique dans la société chinoise, aux dépens de l'enseignement professionnel et de la formation technique. On a ainsi constaté qu'on manquait d'ouvriers qualifiés dans certaines régions chinoises. Le gouvernement chinois a donc pris des mesures pour encourager le développement de l'enseignement professionnel. Ces formations professionnelles ont depuis repris du galon en Chine, comme nous allons le voir dans notre magazine « Science et Education».
En Chine, on peut diviser les écoles de formation professionnelle en deux catégories : l'une, l'école secondaire professionnelle et technique, équivalente au lycée, et l'autre, l'école supérieure spécialisée et professionnelle supérieure, dont le niveau se situe entre l'école secondaire et l'université.
Jian Jiaji a fêté ses 18 ans cette année. Elle a étudié à l'école de management informatique. C'est une école secondaire professionnelle spécialisée dans l'informatique. Elle nous a confié que comme elle aimait beaucoup dessiner depuis son enfance, elle a naturellement choisi cette école pour se former à la création graphique assistée par ordinateur, une fois ses études à l'école secondaire de premier cycle terminées en 2005. Depuis, elle est devenue une élève assidue de tous les travaux pratiques organisés par l'école ou l'entreprise.
Pour elle, les avantages de cette formation sont nombreux. « Je crois qu'à mon entrée sur le marché du travail, cette spécialité va beaucoup m'aider. Récemment, notre école nous a donné le projet de réaliser une animation sur le thème : « Des jeux olympiques civlisés ». Les meilleurs projets réalisés seront diffusés à la télé. Je pense être en mesure de faire quelque chose de vraiment bien. »
Pendant notre enquête, nous nous sommes rendu compte que les formations professionnelles, comme l'école de management informatique de Beijing, n'étaient pas vraiment valorisées par la plupart des parents. En effet, beaucoup continuent de penser que la seule voie valable pour leur enfant, c'est d'entrer à l'université pour devenir plus tard des fonctionnaires ou 'cols blancs', seule preuve de la réussite de leurs études. Pour eux, choisir de faire une formation professionnelle est un signe d'échec.
Jiang Jiaji, comme tant d'autres, est passée par là. Quant elle s'est inscrite dans sa formation, ses parents n'ont pas compris son choix et se sont inquiétés pour son avenir. Mais depuis, ils ont changé d'avis et sont très fiers de ses travaux de fin de première année. Ce qui la rend encore plus confiante, c'est que tous les étudiants des promotions précédentes ont facilement trouvé du travail à la fin de leurs études, et bien payé de surcroît. Certains d'entre eux ont choisi de poursuivre leurs études, pour acquérir encore plus de compétences et obtenir de bons diplômes, et sont devenus les piliers de l'institution.
Les paroles de Zhou Ji, le ministre de l'Education chinois, n'ont fait que confirmer les espoirs de Jiang Jiaji. Selon des statistiques, il y a en Chine environ 16 mille écoles d'enseignement professionnel. Chaque année, elles forment des millions de diplômés. Et ces dernières années, les taux de recrutement sont plus élevés pour les étudiants issus des formations professionnelles que pour ceux issus des universités. « Ces dernières années, le nombre d'embauches pour des diplômés des écoles d'enseignement professionnel n'a cessé d'augmenter, à tel point que l'offre pour ces jeunes est supérieure à la demande ! Des directeurs d'écoles m'ont raconté que les entreprises faisaient la queue dans les écoles pour embaucher les futurs diplômés. »
Les mutations économiques qu'a connu la Chine ces dernières années expliquent ce changement de perspective du gouvernement. Beaucoup de multinationales ont installé des succursales en Chine. Au même moment, les entreprises chinoises se sont efforcées d'innover dans les secteurs scientifiques et techniques. Tout ceci explique le nouveau besoin en main-d'oeuvre qualifiée, autant théorique que pratique. Le besoin en ouvriers qualifiés s'est particulièrement fait sentir dans les domaines des systèmes de contrôle numérique et d'entretien et de réparation des véhicules. Le nombre de techniciens supérieurs et d' ouvriers qualifiés ne représente que 3,5% du nombre total des ouvriers chinois. Ce taux est encore très éloigné de ceus des pays développés, qui se situent entre 20% et 40%.
C'est la raison pour laquelle le gouvernement chinois souhaite importer des techniques de pointe et tirer profit des dernières méthodes de gestion. En ce qui concerne le besoin en main-d'oeuvre qualifiée, la Chine veut mettre l'accent sur l'enseignement professionnel pour résoudre ce problème.
C'est pourquoi le gouvernement chinois a pris des mesures pour développer l'enseignement professionnel. D'ici à cinq ans, 10 milliards de yuans seront investis dans l'enseignement professionnel, pour renforcer les structures d'accueil des écoles, construire de nouveaux établissements et renouveller les équipements, ainsi que pour perfectionner l'enseignement de ces spécialités. La Chine compte aussi s'appuyer sur des partenariats à l'international, pour échanger et tirer profit des expériences en matière de formations à l'enseignement professionnel à l'étranger.
Par ailleurs, le Ministère de l'Education et le Ministère des finances chinois ont décidé récemment de consacrer, à partir de cette année, un budget annuel de 800 millions de yuans en faveur des étudiants défavorisés. Ceci afin de leur permettre de financer une partie de leurs études en école secondaire professionnelle. Certains dispositifs vont être mis en place pour aider ces étudiants : certaines régions vont attribuer des bourses gouvernementales et des bourses par spécialité et les institutions financières seront incitées à accorder des prêts aux étudiant les plus défavorisés.
Sur ces derniers points, écoutons tout de suite Mme Wu Qidi, vice-ministre de l'Education : « Avec un budget de 800 millions de yuans dégagé par les finances centrales, auquel vont être ajoutés les financements locaux, ceux des écoles et des milieux sociaux, on peut évaluer à 20% la part des étudiants d' écoles secondaire d'enseignement professionnel qui bénéficieront cette année d' aides financières à différents degrés. Cela pourrait augmenter de façon notable le nombre d'inscriptions des étudiants dans les écoles secondaires professionnelles, tout en assurant la promotion des bienfaits de l'enseignement professionnel. »
Grâce au soutien du gouvernement central, les écoles d'enseignement professionnel des diverses régions du pays s'efforceront de fournir un enseignement de qualité suivant leurs spécialités.
Si l'on reprend l'exemple de l'école en management informatique, il y a quelque temps, elle possédait très peu d'équipements pour mettre en oeuvre ses travaux pratiques, et les étudiants avaient donc peu d'occasions de mettre en pratique ce qu'ils avaient appris. Par conséquent, ils se retrouvaient en entreprise sans avoir le niveau technique requis. Aussi, les écoles ont consacré une grande quantité de ressources tant humaines que financières pour permettre à leurs étudiants de pouvoir travailler sur des cas pratiques.
Mais écoutons tout de suite Han Lifan, directeur de cette école en management informatique : « En tant que formation professionnelle, il faut faire valoir ses points forts et remédier à ses points faibles. Par conséquent, pendant notre cursus, nous insistons moins sur la théorie que sur la pratique afin de privilégier le temps que l'étudiant va passer à pratiquer ce qu'il a appris.
Par exemple, pour notre spécialité d' informatique en réseau, nous avons dû entièrement équiper une salle en matériel informatique utilisé en entreprise. »
Et de nombreuses provinces comme celles du Henan, du Zhejiang ou du Shandong ont accru leur compétitivité en conjuguant leurs ressources régionales et celles provenant de leurs différents secteurs d'activité. A présent, ces régions ont déjà formé une vingtaine de partenariats école-entreprise, un partenariat bénéfique à tous points de vue. Par exemple, le groupe industriel Jinhua a investi des capitaux dans l'école de travaux de l'industrie légère du Shandong pour installer un atelier pratique de tuning automobile animé par ses propres techniciens.
Zhao Yapeng est étudiant dans une école secondaire professionnelle dans la campagne de la province du Henan, au centre de la Chine. Il nous a dit qu'il y a quelques années, certains travaux pratiques se faisaient uniquement par dessins sur le tableau. Mais depuis, grâce au partenariat entre son école et son entreprise, il a pu avoir l'opportunité de faire un stage en entreprise en ville. Ses compétences se sont rapidement améliorées grâce aux meilleurs conditions d'étude et de pratique et il a obtenu deux diplômes d'ouvrier qualifié professionnel. « Actuellement, bien qu'encore en stage, quelques entreprises sont déjà d'accord pour m'embaucher.»
On rapporte que ces cinq dernères années, l'enseignement professionnel a formé 26 millons de jeunes diplômés et 400 millions d'employés en ville et à la campagne. Cela a contribué à élever le niveau général et améliorer les compétences techniques de la main-d'oeuvre. Actuellement, pour répondre au besoin de la société en ouvriers qualifiés, l'enseignement professionnel chinois est en train de se mettre à la pratique avec des écoles comme : « Formation continue de technicien », « Formation continue des ouvriers en milieu rural », « Formation continue pour la réinsertion des adultes », etc. Le personnel concerné a affirmé que l'enseignement professionnel chinois était en pleine mutation et connaissait un boom sans précédent.
Source: Cri Online