De nouvelles directives de Condition féminine Canada interdisent aux organisations de femmes les activités de défense de droits et de lobbying
De nouvelles directives interdisent aux organisations de femmes les activités de défense de droits et de lobbying
(Ottawa) - Le 4 octobre 2006
Lors d'une rencontre [le mardi] matin avec des organisations de femmes, Beverley Oda, Ministre responsable de Condition féminine Canada (CFC), a informé leurs représentantes que de nouvelles directives de financement leur interdiront désormais d'utiliser des subventions fédérales pour entreprendre des activités de défense de droits ou de lobbying. Les femmes ont également appris que le gouvernement fédéral n'a pas l'intention de renverser les coupures de 5 millions de dollars apportées au budget du ministère, malgré l'étendue des pressions en ce sens.
« Le resserrement des règles par la Ministre entrave sérieusement notre capacité à militer en faveur de changements systémiques en matière de justice, de questions juridiques et d'autres sujets qui préoccupent les femmes du Canada », déclare Alia Hogben, directrice générale du Conseil canadien des femmes musulmanes.
« L'interdiction d'utiliser des fonds fédéraux pour des activités de défense de droits ou de lobbying est antidémocratique - et punitive pour les personnes qui ont le moins de ressources », ajoute Edeltraud Neal, de l'Association des femmes diplômées d'université.
La semaine dernière, le gouvernement a annoncé des coupures de 38,5 % au budget de Condition féminine Canada, un geste que les organisations de femmes considèrent comme une tentative de miner des initiatives de longue date visant à réaliser l'égalité des femmes. « En effet, en l'absence d'une masse critique de femmes au Parlement et au Cabinet, la défense de droits par les organisations de femmes s'est avérée un fleuron de la démocratie canadienne », déclare Madame Neal.
Au fil des ans, les organisations de femmes ont reçu des fonds fédéraux pour analyser les politiques gouvernementales, élaborer des propositions qui reflètent les besoins des femmes dans leurs communautés et militer en faveur de changements.
« Il nous semble clair que ce gouvernement ne comprend pas la réalité des femmes ordinaires du Québec et du Canada. La Ministre Oda ne semble pas saisir qu'il persiste de nombreuses discriminations systémiques à l'égard des femmes. Ces discriminations ont été documentées dans un rapport largement reconnu publié par Statistique Canada en mars 2006 », fait remarquer Michèle Asselin, présidente de la Fédération des femmes du Québec, la plus vaste organisation de femmes au Québec.
Consternées devant une attitude qu'elles perçoivent comme le défaut par une Ministre en poste d'appuyer les valeurs qu'elle est censée défendre, les organisations de femmes ont immédiatement demandé à rencontrer le Premier ministre Harper. Dans une déclaration écrite adressée à l'AFAI au cours de la dernière élection fédérale, le Premier ministre s'était engagé à « appuyer les droits humains des femmes » et à « prendre des mesures concrètes et immédiates, tel que recommandé par les Nations Unies, pour s'assurer que le Canada s'acquitte entièrement de ses engagements envers les femmes du Canada ».
« Les actions que le gouvernement fédéral a posées récemment ne sont pas cohérentes avec cet engagement », ajoute Bonnie Diamond de l'Alliance canadienne féministe pour l'action internationale. « Nous aimerions que Monsieur Harper accepte de rendre des comptes aux femmes. »
Des représentantes des organisations suivantes assistaient à la rencontre [de mardi] avec la Ministre: le Conseil canadien des femmes musulmanes, l'Association des femmes diplômées d'université, L'Alliance des femmes de la francophonie canadienne, l'Alliance canadienne féministe pour l'action internationale, l'Institut canadien de recherches sur les femmes, la Fédération des femmes du Québec, l'Association nationale Femmes et droit, le Conseil national des femmes du Canada et l'Organisation nationale des femmes immigrantes et des femmes appartenant à une minorité visible du Canada.
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