L’alphabétisation doit être reconnue comme un droit
Les taux résolument élevés d'analphabétisme ne pourront être réduits que si les gouvernements font de cet objectif une priorité et reconnaissent l'alphabétisation comme un droit fondamental, ont conclu les participants à la conférence régionale de l'UNESCO sur les défis de l'alphabétisation en Asie du Sud, du Sud-Ouest et en Asie centrale, qui s'est achevée ici aujourd'hui.
« Le Rapport mondial de suivi sur l'EPT 2008, que l'UNESCO a lancé cette semaine, affirme que « l'analphabétisme ne bénéficie que d'une attention minimale de la part des politiques et demeure un scandale mondial». Je soutiens fermement ce point de vue », a déclaré cet après-midi le Directeur général de l'UNESCO, Koïchiro Matsuura, lors d'une conférence de presse à New Delhi.« L'alphabétisation est un droit incontestable et doit être reconnue comme tel », a-t-il affirmé. « S'il est vrai que les pays de l'Asie du Sud et du Sud-Ouest ont réalisé des progrès considérables vers la construction de sociétés alphabétisées au cours des deux dernières décennies, aujourd'hui encore, près de 40 pour cent de la population adulte de ces pays ne sait ni lire ni écrire et la grande majorité des personnes qui ne possèdent pas ces compétences sont des femmes. »
Selon les statistiques fournies par l'UNESCO, près de 380 millions d'adultes en Asie du Sud et du Sud-Ouest n'ont jamais acquis les compétences élémentaires de lecture et d'écriture. A l'échelle mondiale, ce chiffre s'élève à 774 millions, bien que le Rapport mondial de suivi sur l'EPT indique qu'en réalité il est probablement beaucoup plus élevé. En Asie centrale, le niveau général d'alphabétisation est relativement élevé mais un important fossé sépare encore les sexes.
Cette conférence de deux jours, qui a rassemblé des experts et des représentants des gouvernements de 14 pays de l'Asie du Sud, du Sud-Ouest et de l'Asie centrale, a été l'occasion d'examiner les principaux problèmes auxquels est confrontée la région, notamment le financement, l'égalité entre les sexes et le manque d'« environnements alphabétisés» encourageant parents et enfants à développer leurs capacités à lire et à écrire. Les participants ont également cherché des solutions concrètes permettant de faire face à ce problème en analysant une série de programmes et de projets couronnés de succès et en échangeant des idées et des expériences autour des différents sujets abordés.
Les participants ont souligné le fait que l'alphabétisation doit être reconnue comme un droit fondamental et pleinement intégrée dans la planification du secteur de l'éducation, avec le financement nécessaire. Ils ont également indiqué que plus des deux tiers des adultes analphabètes sont des femmes, et ont mis l'accent sur la nécessité d'aborder le problème des inégalités entre les sexes dans le cadre des politiques d'alphabétisation. Ils ont recommandé que les programmes se concentrent en particulier sur le développement des compétences nécessaires dans la vie courante, notamment celles qui visent à la création d'entreprises et à des activités génératrices de revenus.
Même si c'est aux gouvernements qu'incombe la tâche essentielle de fournir des opportunités d'alphabétisation, la conférence a également recommandé que soient encouragés des partenariats avec des organisations de la société civile, des associations communautaires et le secteur privé. Les participants ont souligné l'importance d'une plus ample coopération régionale. Ils ont déclaré que la communauté internationale devait également accorder une plus grande priorité à cette question.
Cette réunion est la quatrième d'une série de six conférences régionales et sous-régionales organisées par l'UNESCO pour promouvoir l'alphabétisation mondiale. Les trois premières réunions de cette série se sont tenues plus tôt cette année à Doha (Qatar), à Beijing (Chine) et à Bamako (Mali). Deux autres conférences couvrant l'Europe, l'Amérique latine et les Caraïbes auront lieu avant la fin 2008.
Ces initiatives font suite à la Conférence mondiale sur l'alphabétisation, organisée par la Maison Blanche à New York le 18 septembre 2006, sous l'égide de Laura Bush, Première Dame des Etats-Unis et Ambassadeur honoraire de la Décennie des Nations Unies pour l'alphabétisation. Cette conférence marque le démarrage d'une campagne internationale de promotion de l'alphabétisation dans le cadre de la Décennie des Nations Unies pour l'alphabétisation (2003-20012) et de l'Initiative de l'UNESCO pour l'alphabétisation : savoir pour pouvoir (LIFE) (2006-2015).