Les carrières d'avenir 2008: Vers un bogue de l'an 2012?
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CommuniquésÀ partir de 2012, la population de 15 à 64 ans va commencer à diminuer dans la province, mais les employeurs sont déjà aux prises avec des difficultés pour combler leurs besoins en main-d'oeuvre.
«Indépendamment de la conjoncture économique, pouvoir compter sur un minimum de relève qualifiée est nécessaire en tout temps dans tous les secteurs», a affirmé Patricia Richard, directrice générale des contenus aux Éditions Jobboom, à l'occasion du dévoilement de la 11e édition du guide Les carrières d’avenir.
«Aujourd'hui, plusieurs domaines où l'on observe des difficultés à trouver du personnel furent presque considérés moribonds à un moment ou un autre au cours des derniers quinze ans : les mines ou la construction, par exemple, dont les formations ont été longtemps boudées par la relève à cause de ralentissements d'activité. Et dans un contexte spécifique de décroissance démographique comme le nôtre, cette difficulté à remplir les salles de classe des programmes pertinents a encore plus d'impact.»
Pourtant, près d'une centaine de programmes de formation professionnelle, technique et universitaire affichent d'excellents taux de placement allant de 95 % à 100 %, et les offres d'emploi présentent un ratio allant jusqu'à dix fois le nombre de diplômés dans certains secteurs.
Le bogue de 2012 est-il commencé?
À partir de 2012, la population de 15 à 64 ans devrait commencer à diminuer dans la province. Néanmoins, pour une 11e année consécutive, l'enquête auprès des établissements d'enseignement démontre clairement que certains programmes d'études n'ont pas assez de diplômés pour répondre à la demande des employeurs. Plusieurs élèves reçoivent des offres d'emploi avant même d'avoir obtenu leur diplôme. De plus, dans les programmes où les stages sont obligatoires, bien des élèves obtiennent un emploi dès que leur cheminement scolaire est terminé.
Cette situation s'observe particulièrement dans les programmes de formation professionnelle et technique, souvent peu considérés par les jeunes. Selon le ministère de l'Éducation, du Loisir et du Sport, une hausse des inscriptions de 15 % serait nécessaire pour satisfaire les besoins du marché du travail.
Ceux qui détiennent des compétences spécialisées sont d'autant plus recherchés dans les domaines d'emploi en croissance comme la santé, les mines, la construction, l'aérospatiale, l'environnement et les technologies de l'information. La situation concerne aussi d'autres secteurs plus touchés par les départs à la retraite, comme l'agriculture, les services automobiles et les assurances.
Voici quelques cas où la demande excède l'offre de manière disproportionnée, selon l’enquête des Éditions Jobboom.
Formation professionnelle
- Conduite de procédés de traitement de l'eau : de 60 à 100 postes par année se libèrent en raison des départs à la retraite dans ce domaine. Seulement 45 personnes ont reçu ce diplôme en 2007 au Centre de formation professionnelle Paul-Gérin-Lajoie, à Vaudreuil, seul établissement à offrir le programme au Québec.
- Installation et réparation d'équipement de télécommunication : 60 personnes ont reçu ce diplôme en 2007 au CFP Léonard-de-Vinci, à Saint-Laurent. Or, parmi les employeurs prêts à les embaucher, une entreprise avait pas moins de 125 postes à pourvoir.
- Mécanique agricole : le Centre multiservice de la Commission scolaire des Samares, à Joliette, a décerné 11 diplômes en 2007. Il lui en aurait fallu une trentaine de plus pour répondre aux attentes des employeurs de la région.
- Mécanique automobile : les nouvelles voitures, équipées de systèmes de plus en plus complexes, doivent absolument être réparées par des professionnels. Or, même avec 450 à 500 diplômés par an, l'École des métiers de l'équipement motorisé de Montréal ne parvient pas à répondre à la demande des employeurs.
- Transport par camion : les 120 finissants annuels de l'École du routier professionnel et les 600 à 700 diplômés du Centre Formation Routiers Express, à Boucherville, se placent tous sans problème chez les employeurs des grands centres du Québec. Les compagnies de transport des régions plus éloignées peinent à les attirer.
Formation collégiale
- Technique de santé animale : environ 40 offres pour une vingtaine de finissants du Cégep de Saint-Félicien.
- Techniques de transformation des matières plastiques : il faudrait de 100 à 200 diplômés par année pour satisfaire la demande des employeurs. Or, seulement 6 à 10 personnes sont diplômées chaque année au Cégep de Thetford, le seul au Québec à offrir ce DEC.
- Technologie de la géomatique : 63 offres d'emploi pour 7 diplômés au Collège Ahuntsic.
- Technologie de la mécanique du bâtiment : 59 offres d'emploi pour 12 diplômés au Cégep de Trois-Rivières. Au Collège Ahuntsic, c'est 70 offres pour 35 finissants.
- Technologie de la production horticole et de l'environnement : 107 offres d'emploi pour 22 finissants à l'Institut de technologie agroalimentaire de Saint-Hyacinthe.
Formation universitaire
En formation universitaire, les diplômés les plus demandés sont également ceux qui peuvent exercer un métier précis. Par exemple...
- Adaptation scolaire : 113 offres pour 41 finissants de l'Université du Québec à Trois-Rivières en 2007.
- Ergothérapie : plus de 180 offres d'emploi pour 60 finissants à l'Université Laval. Selon le ministère de la Santé et des Services sociaux, il manquera 302 ergothérapeutes dans la province en 2008.
- Génie civil, génie de la construction : une centaine d'offres d'emploi pour 67 diplômés à l'Université Laval en 2007 et 150 offres pour 88 diplômés à l'École de technologie supérieure à Montréal.
- Génie des mines : 380 offres d'emploi pour seulement 2 finissants à l'École Polytechnique de Montréal.
- Géomatique appliquée à l'environnement : 45 offres pour 17 bacheliers à l'Université de Sherbrooke.
Compétences recherchées
Les employeurs doivent donc préparer leur relève en attirant de nouveaux travailleurs tout en retenant ceux qui sont en place. «Offrir des horaires flexibles semble être le moyen le plus réaliste d'y parvenir, selon les regroupements d'employeurs que nous avons consultés. Les candidats ne doivent cependant pas espérer une surenchère du côté des salaires, car les entreprises québécoises, qui regroupent 75 % de PME, ont généralement peu de marge de manoeuvre financière», a noté Patricia Richard.
Les jeunes en processus de choix de carrière pourraient penser qu'il suffit d'étudier dans un domaine en manque de candidats pour décrocher un bon emploi. Or les choses ne sont pas toujours si simples. Les entreprises veulent non seulement des candidats diplômés, mais expérimentés, car elles ont souvent besoin de travailleurs fonctionnels tout de suite. Les nouveaux diplômés ont donc davantage à faire leurs preuves que les travailleurs qui sont sur le marché depuis trois ou cinq ans.
Dans ce contexte, les candidats inexpérimentés doivent acquérir des compétences recherchées par les recruteurs. Outre ce qui concerne la formation spécialisée, on pense au bilinguisme, à la capacité à communiquer, à travailler en équipe, à être autonome. Faire des stages, développer son réseau de contacts, s'intéresser à l'actualité dans son domaine font donc partie des devoirs de tout futur travailleur. L'édition 2008 des Carrières d’avenir consacre les pages 32 à 51 à cet aspect. De plus, notre sélection des formations gagnantes s'attarde sur le profil recherché dans chacun des domaines présentés.