Lettre à Stephen Harper : La CSQ revendique l'accès à une éducation publique de qualité pour les Premières nations
pour diffusion immédiate
Lettre de la CSQ à Stephen Harper concernant le financement de l'éducation
Montréal, le 7 mars 2008. - Voici une lettre transmise au premier ministre du Canada, M. Stephen Harper, et signée par le président de la Centrale des syndicats du Québec (CSQ), M. Réjean Parent, en réaction aux orientations prises par le gouvernement fédéral lors du dernier budget au sujet du financement de l'enseignement postsecondaire, de la formation professionnelle et de l'éducation des Premières Nations :
Montréal, le 6 mars 2008
M. Stephen HarperPremier ministre du Canada
Cabinet du Premier ministre
80, rue Wellington
Ottawa (Ontario) K1A 0A2
Monsieur le Premier Ministre,
Je vous écris aujourd'hui à titre de président de la Centrale des syndicats du Québec (CSQ) qui représente 155 000 travailleuses et travailleurs du secteur public au Québec, dont plus de 100 000 œuvrent dans le secteur de l'éducation. La présente a donc pour but de vous exprimer les sérieuses inquiétudes de notre organisation syndicale en réaction aux orientations prises par votre gouvernement touchant l'éducation lors du budget fédéral dévoilé le 26 février dernier.
En premier lieu, permettez-moi de vous exprimer ma profonde déception de constater que votre gouvernement a complètement ignoré les importants besoins en matière d'enseignement postsecondaire et de formation professionnelle. En effet, le ministre des Finances, M. Jim Flaherty, n'a absolument prévu aucun effort additionnel en ce domaine, en sus des 800 millions de dollars déjà annoncés lors du budget de 2007 pour l'enseignement postsecondaire et des 500 millions pour la formation liée au marché du travail. Cette omission est inacceptable et témoigne d'un grave manquement du gouvernement à l'égard de ses responsabilités touchant l'éducation au pays.
Dans un deuxième temps, je voudrais vous faire connaître, au nom de la Centrale des syndicats du Québec, l'appui de notre organisation aux doléances exprimées par le Conseil en Éducation des Premières Nations (CEPN) et par l'Assemblée des Premières Nations du Québec et du Labrador (APNQL) à la suite de la sortie du budget 2008 de votre gouvernement. À l'instar de ces deux organisations autochtones, la CSQ déplore grandement l'orientation inquiétante prise par votre gouvernement à l'égard de ses engagements en matière d'éducation des Premières Nations.
Votre gouvernement a totalement ignoré les besoins financiers criants des Premières Nations en éducation. Il s'agit d'une grave injustice qui est d'autant plus condamnable que votre gouvernement ne peut surtout pas plaider l'ignorance. En effet, plusieurs groupes de travail, composés à la fois de représentants du gouvernement et des Premières Nations, vous ont informé, au cours des dernières années, de l'épineuse situation de sous-financement qui afflige le programme d'éducation des Premières Nations. Pourtant, vous avez délibérément choisi de passer outre ces avertissements et de fermer les yeux sur le rêve de milliers de jeunes étudiants autochtones de poursuivre leurs études postsecondaires et qui ne peuvent le réaliser, faute d'un financement adéquat au programme.
Une telle démonstration d'insensibilité est profondément choquante pour toute personne qui connaît le rôle essentiel que joue l'éducation pour assurer le développement socioéconomique et l'émancipation des peuples. En ce sens, la négligence de votre gouvernement à remplir ses devoirs et responsabilités à l'égard de l'éducation des Premières Nations n'est pas un geste anodin. Cette négligence a pour effet de maintenir les Premières Nations dans un état de dépendance qui a malheureusement illustré leur passé et dont elles souhaitent aujourd'hui se libérer. Cette négligence ralentit le cours de l'histoire des Premières Nations sur le chemin de l'autonomie qu'elles aspirent atteindre et qui représente un objectif tout à fait légitime pour ces peuples autochtones qui ont contribué à bâtir ce pays.
L'égalité des chances à la réussite en éducation est une préoccupation majeure de la Centrale des syndicats du Québec et de ses membres. Le gouvernement fédéral et l'ensemble des gouvernements des provinces sont responsables de défendre à tout prix le droit de toutes et de tous de recevoir une éducation publique de qualité et de créer les conditions nécessaires permettant l'expression d'un tel droit. Il est évident que votre gouvernement manque aujourd'hui à ses devoirs pour assurer ce droit aux Premières Nations.
Monsieur Harper, j'en appelle aujourd'hui à votre conscience et à celle des membres de votre gouvernement afin que vous preniez les mesures nécessaires pour corriger sans tarder les orientations déplorables prises par votre gouvernement dans le cadre de son dernier budget alors que les besoins urgents en éducation des Premières Nations ont été oubliés.
Je vous rappelle, en terminant, que le maintien délibéré des écoles autochtones dans une situation de précarité, comme c'est le cas présentement, est indigne des valeurs de justice, de solidarité et d'égalité qui tiennent à cœur à l'ensemble des citoyennes et des citoyens de ce pays.
Des valeurs auxquelles ont droit d'aspirer, pour le bien-être de leurs peuples, les Premières Nations et qui s'expriment, entre autres, à travers l'accessibilité à des écoles bien financées disposant de ressources et de services de qualité égale aux écoles accessibles à l'ensemble de leurs concitoyennes et concitoyens à travers ce pays.
Je vous remercie de l'attention que vous porterez à la présente et vous prie d'accepter, Monsieur le Premier Ministre, mes salutations les plus distinguées.
Réjean Parent, président
Centrale des syndicats du Québec
Profil de la CSQ
La CSQ représente quelque 155 000 membres, dont plus de 100 000 dans le secteur public. Elle est l'organisation syndicale la plus importante en éducation au Québec. La CSQ est également présente dans les secteurs de la santé et des services sociaux, des services de garde, du municipal, des loisirs, de la culture, du communautaire et des communications.
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