Mieux diffuser les savoirs ou quelques enjeux de la documentation en milieu communautaire
Par Julie Leclair, responsable du développement des collections au CDÉACF *
Les organismes communautaires produisent beaucoup de documents, là n’est pas le problème. Encore aujourd’hui, ils omettent trop souvent de diffuser leur production. Pourquoi? D’entrée de jeu, beaucoup d’organismes ignorent tout simplement que leurs publications sont, par exemple, assujetties à la loi sur le dépôt légal. Parfois, la mauvaise perception qu’ils ont de leurs propres documents, souvent fondée sur leur apparence physique – mise en page qui n’est pas à la fine pointe sur le plan graphique, par exemple – fait en sorte qu’ils jugent inutile de les diffuser, à tort il va sans dire. Pour collecter et diffuser la production documentaire et les savoirs de manière dynamique, il faut alors se munir d’une interface efficace. Les bibliothèques publiques ne peuvent à elles seules répondre à ces besoins. Elles n’ont pas le mandat d’acquérir les productions documentaires des organismes communautaires, ni l’espace physique suffisant. Le flou entourant la perception par le milieu communautaire de l’importance de ces centres de documentation met en péril leur bon fonctionnement, voire leur existence, et du coup nuit à la diffusion des savoirs. L’un des principaux enjeux auxquels fait face la documentation en milieu communautaire concerne justement la pérennité de ces centres de documentation. Ces derniers souffrent de problèmes criants de visibilité et de financement. Afin d’assurer leur survie, ils doivent d’abord rappeler leur importance non seulement aux yeux des principaux bailleurs de fonds, mais à ceux du milieu communautaire lui-même. « Les bibliothèques et centres de documentation sont essentiels, d’une part, pour constituer notre mémoire collective et faire la promotion des savoirs communautaires, surtout dans le contexte du développement des sociétés dites de savoir. Ce n’est pas seulement l’institution universitaire qui détient le savoir. D’autre part, c’est un enjeu citoyen politique de maintenir des centres de documentation, qui ne sont pas juste là pour archiver, mais qui animent la production et la diffusion de connaissances et de savoirs critiques », estime Sylvie Jochems, professeure à l’École de travail social de l’UQAM. * Ce billet est extrait d’un article de Julie Leclair, issu du numéro spécial conjoint des revues Argus et Documentation et bibliothèques publié à l’occasion de la 74e édition du Congrès mondial des bibliothèques et de l'information. L’article intitulé «La documentation en milieu communautaire au Québec : entre menaces et avancées» dresse un portrait des particularités et des enjeux de la documentation en milieu communautaire. Il est disponible en version intégrale sur le site de la Bibliothèque virtuelle : Congrès mondial des bibliothèques et de l'information L'IFLA (Fédération internationale des associations de bibliothécaires et d'institutions) qui a pour mission de représenter les intérêts des bibliothèques et des centres de documentation, organise annuellement une rencontre internationale dans un pays différent. Cette année, c’est la ville de Québec qui a été l’hôte de la 74e édition du Congrès mondial des bibliothèques et de l'information qui s’est déroulé du 10 au 15 août sous le thème : "Bibliothèques sans frontières : naviguer vers une compréhension globale". La rencontre a réuni 4000 congressistes qui ont abordé les enjeux, les défis et les transformations du milieu de la documentation. Consultez le site de l’événement |