Colloque : « C’est la faute au féminisme! » L’antiféminisme en question

Date: 

20 Avril 2012 - 04h00 - 21 Avril 2012 - 03h59

Si les femmes occidentales d’aujourd’hui sont reconnaissantes pour les luttes qu’ont menées leurs mères
et leurs grand-mères, force est de constater que très peu d’entre elles se sentent interpellées par le
mouvement et les idées féministes. Considérant les avancées réalisées par les féministes au cours des
quarante dernières années en Occident (scolarisation, équité salariale, droit à l’avortement, etc.), le
discours dominant (et intériorisé) veut que la liberté des femmes et l’égalité entre les femmes et les
hommes soient déjà atteintes et que le féminisme soit inutile, voire nuisible pour la société. Cette
conviction nourrit un discours antiféministe qui s’est développé avec la montée du conservatisme et des
forces religieuses dans les années 1980, documentée par la politologue Diane Lamoureux. Susan Faludi a
identifié ce mouvement à un véritable ressac (backlash) s’apparentant à « une guerre froide » contre les
femmes émancipées et les féministes. L’époque est également traversée par un « antiféminisme
ordinaire », pour reprendre l’expression de la sociologue Francine Descarries, alors que se développe et se
consolide le « masculinisme ». Selon Christine Bard et Florence Rochefort, il existe une multiplicité des
formes (humour, discours politiques, littérature, etc.) et de narrations de l’antiféminisme : « c’est la faute
au féminisme si... », « le féminisme est allé trop loin », « l’égalité est déjà atteinte », « je suis féministe,
mais... », etc. Les actions antiféministes ont des conséquences diverses pour les femmes, les féministes et
la société en général : reconduire la naturalité des sexes et des genres, valoriser les valeurs familiales
traditionnelles, culpabiliser le féminisme en le rendant responsable de nombreux problèmes sociaux et
miner la légitimité du féminisme. L’antiféminisme est aussi un phénomène qui n’affecte pas les femmes
de manière homogène selon les catégories sociales spécifiques (orientations et préférences sexuelles,
origines ethniques, communautés religieuses, etc.) et les régions du monde où il se déploie.
Face à l’importance du phénomène de l’antiféminisme et des enjeux qu’il soulève, force nous est de
constater que les connaissances à ce sujet restent encore limitées. L’objectif de ce colloque est de poser
une série de questions et d’essayer d’y répondre collectivement : qu’est-ce que l’antiféminisme? Quelles
sont ses différentes formes d’expression? Quels sont les effets de l’antiféminisme? Voici quelques unes
des questions pouvant servir de pistes de réflexion aux conférencières et conférenciers. Par ailleurs, les
approches favorisant l’intersectionnalité (genre, sexe, âge, « race », orientation sexuelle, religion, classe,
etc.) sont les bienvenues. Le colloque se veut interdisciplinaire et encourage la participation de
chercheures et de chercheurs en études littéraires, en histoire de l’art, en sciences juridiques, en science
politique, en sciences des religions, en sociologie et dans toutes autres disciplines pertinentes.

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Canada