L’antiféminisme est avant toute chose une réaction, certes au féminisme mais surtout au progrès social en faveur des femmes. Il est alimenté par un certain air du temps où se conjuguent néolibéralisme et néoconservatisme, tous deux dangereux et pernicieux pour les femmes et le féminisme dans la mesure où ils tentent de rogner l’autonomie personnelle et collective que les femmes ont acquise à travers leurs luttes des dernières décennies. Alors que le néolibéralisme nie les rapports sociaux, le néoconservatisme se languit d’un retour au « bon vieux temps ». Tous deux convergent dans une tentative de privatisation de toutes les dimensions de l’existence, ce qui entraîne notamment une disqualification du féminisme comme mouvement social et rend plus difficile de politiser certains aspects de la vie privée, comme l’a fait le féminisme depuis ses débuts. Les effets s’en font sentir dans la plupart des pays occidentaux, dont la France et le Québec, où nous assistons à un changement important de paradigme quant à l’égalité entre les sexes que l’on peut repérer dans les politiques des gouvernements, dans la mise en cause de la légitimité des groupes de femmes, dans la valorisation politique des autorités religieuses et dans la place accordée aux groupes de pression familiaux hétérosexistes ou masculinistes.

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