La revue Françoise Stéréo publie un dossier sur l'économie
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2015, c’est l’année de la 4e édition de la Marche mondiale des femmes, lancée le 8 mars dernier, sous le thème « Libérons nos corps, notre terre et nos territoires ». Sept mois de résistance qui culmineront le 17 octobre, Journée internationale pour l’élimination de la pauvreté.
2015, c’est aussi la suite de 2012. La lutte à l’austérité n’est pas terminée. Les loups sont juste allés reprendre des forces et reviendront hurler dès que les négociations dans le secteur public auront échoué. Tiens, une entrevue avec Régine Laurent, on va essayer de vous offrir ça cet automne.
En cette fin de printemps qui n’aura pas su tenir ses promesses, en attendant l’automne avec beaucoup d’espoir, nous vous offrons un numéro consacré à l’économie qui se décline en trois temps.
Le mouvement féministe a été porteur de plusieurs revendications de nature économique : droit à la propriété, droit de disposer librement de son salaire, droit de gérer ses biens pendant et après un mariage, et plus près de nous, les questions de l’équité salariale et de l’accès aux postes de direction. Une part importante de la mobilisation féministe se joue dans le cadre imposé de l’économie libérale et du travail salarié.
Un premier dossier abordera précisément la question de la présence des femmes dans deux des sphères qui font traditionnellement l’objet des études économiques, le travail et le commerce. Isabelle Joyal se penche sur les parcours des femmes cadres retraitées et Élise Desaulniers explore la trajectoire des femmes dans le secteur des technologies. Sophie Imbeault aborde l’histoire méconnue des veuves commerçantes en Nouvelle-France et Rachel Nadon propose une réflexion intime sur la représentation des femmes qui travaillent à la fois dans la littérature et au sein de sa famille. Julie Veillet a interviewé la colorée Françoise Bertrand, présidente-directrice générale de la Fédération des chambres de commerce du Québec ; un portrait de Françoise qui vous étonnera.
Le mot « économie » vient du grec ancien oikonomía, qui signifie administration, gestion d’un foyer.
Un second dossier traitera de la tension entre le travail domestique, invisible, et le travail salarié. Nous avons posé à Annie Cloutier et à Laurence Simard la même question : Comment peut-on penser, dans une perspective féministe, notre rapport au travail salarié, dans l’idée de faciliter et de valoriser le care ? Ici, à partir d’un constat partagé (on ne valorise pas assez le soin donné aux personnes), deux points de vue s’exposent. Suivent plusieurs textes qui abordent de front la question du salaire au travail ménager. Camille Robert propose un panorama historique de cette question et nous reproduisons avec grand plaisir « L’épouvantail dans le jardin », un texte que Louise Toupin avait publié sur le destin de cette revendication au Québec, dans le numéro hors-série de La Vie en rose paru en 2005, avec un épilogue de l’auteure. Marie-Ève Blais propose un compte rendu de la conférence offerte en février par Louise Toupin et Silvia Federici à Montréal et Isabelle Hudon propose une réflexion sur la dévalorisation du féminin et la force politique de la sollicitude. Enfin, les Contemplations du câlice proposent pour la première fois un texte de fiction inspiré par la question de l’insécurité alimentaire.
Un troisième dossier porte sur des formes de résistance à la toute puissance de l’économie néo-libérale. Mickaël Bergeron dresse un bref portrait de trois entreprises féminines sociofinancées à Québec. Manon Massé a accordé une très généreuse entrevue à Djanice St-Hilaire et effectue avec nous un retour sur les 20 ans de la marche Du pain et des roses. Anne-Marie Régimbald écrit sur la colère et sur la violence des publicités de voiture. Les chroniques de Pierre-Luc Landry et de Zishad Lak font échec au capitalisme et à l’hétéronormativité en suggérant des moyens de rompre avec leurs grands récits totalisants, qu’il s’agisse de l’amour-toujours ou de la cabane à sucre.
Et nous, le collectif éditorial de Françoise Stéréo, vous offrons avec plaisir ce numéro gratuitement. C’est pas payant, mais on se valorise autrement.