Droit fondamental et bien public mondial, l’éducation doit être protégée
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L’Assemblée générale des Nations Unies a décidé en décembre 2018 de proclamer le 24 janvier Journée internationale de l’éducation. Alors que la pandémie de Covid-19 continue de sévir, cette Journée « n’est pas comme les autres », a dit le Président de l’Assemblée générale, Volkan Bozkir.
« Nous célébrons cette troisième Journée internationale dans un contexte exceptionnel : celui de la plus grande perturbation de l’histoire dans la vie des étudiants, des enseignants, et de toute la communauté éducative », a rappelé la Directrice générale de l’UNESCO, Audrey Azoulay.
Avant le début de la pandémie, quelque 258 millions d’enfants et d’adolescents, dont une majorité de filles, n’étaient pas scolarisés. Dans les pays à faible revenu ou à revenu intermédiaire, plus de la moitié des enfants de 10 ans n’apprenaient pas à lire un texte simple.
La pandémie de Covid-19, à son paroxysme, a obligé presque tous les établissements d’enseignement et de formation à fermer leurs portes. Plus d’1,6 milliards d’apprenants ont fait l’expérience de l’interruption de leur éducation en raison de la pandémie.
« Aujourd’hui, la situation reste menaçante. Vingt-quatre millions d’élèves, dont des millions de filles pour qui l’école offre un havre de paix, pourraient ne jamais retrouver le chemin des classes », a alerté Mme Azoulay.
« À l’heure où le monde continue de lutter contre la pandémie, l’éducation – en tant que droit fondamental et bien public mondial – doit être protégée pour éviter une catastrophe générationnelle », a insisté le Secrétaire général des Nations Unies, António Guterres.
« Lorsque l’éducation est perturbée, tout le monde est touché », a rappelé M. Guterres qui a commencé sa carrière professionnelle comme professeur au Portugal. « En 2021, nous devons saisir toutes les occasions de renverser la situation ».
« Nous devons répondre aux besoins de ceux qui risquent d’être laissés de côté, y compris les enfants vivant avec un handicap et ceux dans les zones de conflit, ainsi que les 11 millions de filles qui risquent de ne pas revenir dans la salle de classe », a, de son côté, souligné M. Bozkir.
Les défis de l’éducation à distance
Pour beaucoup, une éducation sans école a dû s’organiser, à travers Internet, la radio, la télévision, le courrier papier. Mais, faute de moyens de connectivité, trop d’élèves – 470 millions – ont été laissés de côté, redoublant les inégalités.
Tant que la pandémie sévit, l’UNESCO estime qu’il faut continuer à développer l’enseignement à distance : « parce que la pandémie est toujours là, parce qu’il faut faire face aux prochaines crises, et parce que c’est aussi un bon moyen de perfectionner les pédagogies et les façons d’apprendre », a expliqué Mme Azoulay. Le Président de l’Assemblée générale a salué les efforts des enseignants qui ont poursuivi leurs cours à distance pour assurer la continuité de l’éducation.
L’éducation doit être mieux financée mais aussi repensée
En cette période de pandémie, les Nations Unies soulignent l’importance du financement de l’éducation.
Le Secrétaire général de l’ONU a appelé les Etats membres à assurer la reconstitution intégrale du fonds du Partenariat mondial pour l’éducation et renforcer la coopération mondiale en matière d’éducation.
« Nous devons agir d’urgence (…) pour investir dans les systèmes éducatifs », a insisté le Président de l’Assemblée générale, rappelant que l’ONU vient d’entrer dans une décennie d’action et de résultats pour les objectifs de développement durable.
Pour la Directrice générale de l’UNESCO, l’éducation doit être mieux financée mais aussi repensée car les derniers mois ont souligné de nouveaux enjeux : « l’éducation scientifique et sanitaire bien sûr ; mais aussi l’éducation aux médias et à l’information, et au numérique ; ou bien l’éducation à l’environnement et la citoyenneté mondiale, pour respecter la planète comme on respecte l’autre ».
M. Guterres a demandé à redoubler d’efforts pour « imaginer une nouvelle éducation » – en formant les enseignants, en comblant le fossé numérique et en repensant les programmes d’enseignement afin de doter les apprenants des compétences et des connaissances dont ils ont besoin pour s’épanouir dans un monde en rapide évolution. « Bien que cette perturbation ait abouti à des innovations en matière d’apprentissage, elle a également anéanti les espoirs d’un avenir meilleur parmi les populations vulnérables », a reconnu le Secrétaire général. « Nous en payons toutes et tous le prix ».