Étude de la Fondation pour l'alphabétisation - Précarité sociale et économique : dévoilement d'un indice de grande vulnérabilité

3 mai 2022

Étude de la Fondation pour l'alphabétisation - Précarité sociale et économique : dévoilement d'un indice de grande vulnérabilité

MONTRÉAL, le 3 mai 2022 /CNW Telbec/ - La Fondation pour l'alphabétisation dévoile aujourd'hui les résultats de l'étude « Aperçu d'un indice de grande vulnérabilité dans plusieurs villes du Québec », réalisée par l'économiste Pierre Langlois. Dans un contexte hors du commun où le Québec est vivement animé par des enjeux d'inflation et de pénurie de main-d'œuvre, l'étude met en lumière l'existence d'un noyau dur de la population au sein duquel les enjeux de littératie seront encore plus difficiles à résoudre.

C'est en corrélant les résultats du Programme pour l'évaluation internationale des compétences des adultes (2012) aux données du dernier recensement canadien (2016) sous la perspective d'un double enjeu de pauvreté économique et sociale, incluant le niveau de littératie, que M. Langlois a été en mesure d'estimer les populations touchées par une spirale de grande vulnérabilité de laquelle il est très difficile de sortir sans une approche d'aide multisectorielle.

Une spirale de précarité

En effet, la coexistence d'enjeux de littératie et de revenus donne lieu à une tempête sociale parfaite. D'une part, les compétences de base insuffisantes sont un frein évident à l'employabilité, à la progression salariale ainsi qu'à la formation scolaire et professionnelle. D'autre part, vivre en situation de faibles revenus rend, sans un appui financier spécifique, quasi impossible le déploiement des ressources et du temps nécessaires pour l'apprentissage adulte, le raccrochage scolaire ou la requalification professionnelle. En somme, les deux phénomènes s'alimentent l'un et l'autre, créant une spirale de précarité sociale et économique.

Les principaux faits saillants qui ressortent cette nouvelle étude sont les suivants :

  • Cet indice de grande vulnérabilité atteint 6 % de la population âgée de 15 ans et plus au Québec, soit tout près de 400 000 personnes.
  • D'une liste de 50 villes du Québec, représentant les plus populeuses et des cités régionales, l'indice de grande vulnérabilité de trois villes culmine à près de 10 %, soit Shawinigan (9,66 %), Lachute (11,96 %) et Joliette (13,36 %). Ces résultats s'expliquent essentiellement par des enjeux plus élevés de sécurité du revenu et par des résultats en littératie plus faibles dans leur population âgée de 16 à 65 ans
  • Les grandes villes de banlieue, comme Terrebonne, Brossard, Repentigny, Blainville, Saint-Eustache, Mascouche ou Boucherville affichent des indices de vulnérabilité fort inférieurs à la moyenne québécoise. Par exemple, l'indice de grande vulnérabilité estimé pour Boucherville frise le seuil du 1 %. Un résultat similaire est observable dans les grandes villes majoritairement anglophones comme Dollard-des-Ormeaux et Pointe-Claire.

Pistes de solution

Devant ces résultats, l'économiste Pierre Langlois avance qu'une première étape pour lutter efficacement contre la grande vulnérabilité serait d'associer un programme de requalification des compétences de base à un programme visant un soutien financier minimal à hauteur de la mesure du panier de consommation (MPC) d'un ménage ou d'un individu sans contrainte à l'emploi.

Une telle stratégie permettrait à plus de 176 000 personnes de 20 à 59 ans en situation de grande vulnérabilité de sortir à la fois de la pauvreté économique et sociale.

Qui plus est, cette diminution de la grande vulnérabilité au Québec permettrait d'engendrer une injection économique récurrente de plus d'un milliard de dollars dans le produit intérieur brut (PIB) du Québec, selon la modélisation de l'étude La Littératie comme source de croissance économique (P. Langlois, 2018).

Citations

« Il est nécessaire d'ouvrir les yeux sur ce cycle de vulnérabilité qui affecte une importante partie de la population. Les leviers tels que les services Info Apprendre et Info-Alpha offerts par la Fondation pour l'alphabétisation sont des outils tout indiqués pour déployer des approches d'aide sur mesure, telle que décrite par M. Langlois. »

André Huberdeau, président de la Fondation pour l'alphabétisation

« L'indice de vulnérabilité nous démontre de façon précise que la faible maitrise du français est un frein à l'employabilité et à la progression sociale des individus. En travaillant ensemble à améliorer le taux d'alphabétisation, on agit à la fois autant sur la prospérité économique du Québec que sur la qualité de vie des citoyens »

Karl Blackburn, président et chef de la direction du Conseil du patronat du Québec

« Le Québec doit se retrousser les manches et adresser l'enjeu de la littératie sans plus attendre. Comme nous le démontre l'étude de la Fondation pour l'alphabétisation, la santé sociale et économique de nos régions en dépend alors que la province fait face à une pénurie de main-d'œuvre qualifiée sans précédent. »

Charles Milliard, président-directeur général de la Fédération des chambres de commerce du Québec

« L'amélioration des résultats globaux en littératie est un outil qui vise à la fois le développement social et économique du Québec. Bien cerner les sources des enjeux en littératie, qu'ils soient en milieu urbain ou en région, nous aide collectivement à définir les meilleurs outils d'intervention. »

Pierre Langlois, économiste et auteur de l’étude « Aperçu d’un indice de grande vulnérabilité dans plusieurs villes du Québec »

« Actuellement, les transitions démographique, numérique ou vers une économie verte transforment le monde de l’emploi. Le développement des compétences en continu devient une condition à la résilience de nos parcours professionnels. Or, la maîtrise des compétences en numératie et littéracie constitue le socle sur lequel repose notre capacité à s’adapter. L’indice de vulnérabilité produite par la Fondation pour l’alphabétisation montre qu’il y a encore de l’énergie à déployer pour solidifier ce socle.  Le Québec a besoin de tous ses talents. Travaillons ensemble à rehausser les compétences en littéracie et numératie de toutes et tous. »

Audrey Murray, présidente de la Commission des partenaires du marché du travail