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Les groupes féministes privés sont nombreux et très populaires sur Facebook. Il s’agit de lieux de construction de solidarité, de support et de prise de conscience féministe, principalement pour les plus jeunes générations. Malgré ces qualités indiscutables, il arrive que les groupes soient le théâtre de conflits où le recours aux call-outs – pratique discursive qui consiste à condamner publiquement son interlocuteur.trice – est chose courante entre les membres. S’il peut arriver que les call-outs soient justifiés (dans le cas où une personne s’entête à tenir des propos discriminatoires, par exemple), il arrive bien souvent que les call-outs soient utilisés en premier recours contre quelqu’un.e dont les propos jugés « problématiques » pourraient simplement être attribuables à son ignorance et non à une mauvaise foi affichée. Dans le contexte de groupes de solidarité féministe, on peut se surprendre de voir émerger de telles dynamiques condamnatoires au détriment de pratiques plus pédagogiques envers les personnes dont la prise de conscience féministe n’est qu’émergente.
Camille Ranger s’est intéressée aux rôles et aux conséquences des call-outs dans les groupes féministes progressistes québécois sur Facebook. Dans le cadre de cette conférence, elle rapportera d’abord les principaux résultats de son enquête avant de présenter le concept de solidarité agonistique (Bonnie Honig), une proposition normative qui vise à penser les conditions nécessaires pour faire du conflit un moment créateur de solidarité plutôt que du contraire. Les réflexions proposées ici s’ancrent dans une perspective transdisciplinaire, inspirée à la fois de la pensée politique de Hannah Arendt, Judith Butler et Bonnie Honig, et des théories féministes de Julietta Singh, bell hooks et Audre Lorde.