Violence entre partenaires intimes : les femmes en sont les principales victimes et subissent les actes et les conséquences les plus graves
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Québec, le 13 décembre 2023. – Environ 40 % des Québécoises de 18 ans et plus qui ont déjà été dans une relation intime ou amoureuse ont vécu au moins un acte de violence entre partenaires intimes au cours de leur vie, ce qui représente environ 1 329 500 femmes. En ce qui concerne les hommes, la proportion est de 26 %, ce qui représente environ 858 400 hommes.
Les femmes sont plus susceptibles que les hommes de subir des actes de manière répétée, des actes de nature grave (ex. : des agressions sexuelles ou des tentatives d’étranglement) ou des actes liés au contrôle coercitif. C’est ce que révèlent les résultats de la première édition de l’Enquête québécoise sur la violence commise par des partenaires intimes menée en 2021-2022 auprès de 24 499 personnes de 18 ans et plus.
Les trois formes de violence entre partenaires intimes
Parmi les femmes qui ont déjà été dans une relation intime ou amoureuse, environ 35 % ont déjà subi au moins un acte de violence psychologique, 22 % au moins un acte de violence physique et 17 % au moins un acte de violence sexuelle. Du côté des hommes, 24 % ont déjà subi au moins un acte de violence psychologique, 13 % au moins un acte de violence physique et 3,4 % au moins un acte de violence sexuelle.
Par ailleurs, parmi les personnes qui ont déjà vécu de la violence entre partenaires intimes, une majorité de femmes (62 %) ont subi plus d’une forme de violence, tandis qu’une majorité d’hommes en ont subi une seule (56 %).
Les actes de violence les plus graves sont subis par les femmes
On constate que tant les femmes que les hommes peuvent vivre de la violence entre partenaires intimes, mais pas nécessairement de la même manière.
Les femmes ont subi en plus forte proportion que les hommes des actes de violence entre partenaires intimes se classant parmi les plus graves. Par exemple, 13 % des femmes se sont déjà fait obliger à se livrer à des actes sexuels contre leur gré, tandis que c’est arrivé à 2,1 % des hommes, et 6 % des femmes ont déjà subi une tentative d’étranglement au cours de leur vie, alors que c’est arrivé à 1,0 % des hommes.
Des recherches montrent d’ailleurs que le fait d’avoir eu des rapports sexuels forcés ou le fait d’avoir subi une tentative d’étranglement constituent des facteurs de risque importants lorsqu’il est question d’homicides conjugaux.
Qui sont les personnes les plus touchées?
La violence entre partenaires intimes peut être subie par tout le monde, mais plus particulièrement par :
- les jeunes femmes âgées de 18 à 29 ans;
- les personnes qui vivent dans des milieux plus défavorisés;
- les personnes qui ont vécu durant leur enfance des expériences de violence.
Les multiples conséquences de la violence
La violence entre partenaires intimes entraîne de nombreuses conséquences sur la santé et le bien-être des personnes qui en sont victimes. Parmi les personnes ayant vécu de la violence dans l’année avant l’enquête, les femmes sont proportionnellement plus nombreuses que les hommes à avoir vu leur santé mentale être affectée ou leur fonctionnement social être perturbé. Elles sont plus susceptibles que les hommes d’avoir :
- présenté au moins un symptôme de stress post-traumatique;
- ressenti de l’anxiété;
- eu l’impression d’être sur leurs gardes;
- eu peur d’un ou une partenaire ou ex-partenaire intime;
- craint pour leur vie;
- vu leur rendement au travail être affecté.
L’exposition des enfants à la violence
Environ 33 % des femmes et 28 % des hommes qui ont subi des actes de violence de la part d’un ou une partenaire ou ex-partenaire intime au cours de l’année précédant l’enquête disent que des enfants dans leur ménage en ont été témoins. D’ailleurs, les recherches indiquent que la violence entre partenaires intimes peut compromettre la sécurité des enfants et entraîner de nombreuses conséquences sur leur santé et leur développement.
Peu de victimes vont chercher de l’aide
Environ 8 victimes sur 10 n’ont pas eu recours à des services officiels (service juridique, organisme communautaire, service d’hébergement) ou à des spécialistes (psychologue, travailleur social), notamment car elles n’en ont pas ressenti le besoin, ne se sentaient pas à l’aise de demander de l’aide ou ignoraient l’existence de certains services.
À propos de l’enquête
Les résultats de cette enquête fournissent le portrait le plus complet de la violence entre partenaires intimes au Québec à ce jour. En faisant état d’aspects caractéristiques de la violence entre partenaires intimes qui peuvent être difficiles à percevoir (notamment les actes de violence psychologique, dont certains sont liés au contrôle coercitif), ils sont plus exhaustifs que les données policières, qui se concentrent sur les infractions criminelles et les crimes signalés à la police, et que les résultats d’autres enquêtes populationnelles dans le cadre desquelles on s’attardait surtout à la violence physique et à la violence sexuelle.
Cependant, il est important de tenir compte de certains aspects lors de l’interprétation des résultats. En effet, on ne connaît pas la motivation derrière les actes commis, on a probablement eu de la difficulté à joindre les personnes vivant sous le contrôle de leur partenaire, et il est possible que certaines personnes qui ont participé à l’enquête ne se souviennent pas des actes de violence qu’elles ont pu subir ou qu’elles ne soient pas capables de les reconnaître.
Bien qu’il n’existe aucun instrument parfait pour mesurer un phénomène aussi complexe que la violence entre partenaires intimes dans le cadre d’une enquête populationnelle, l’Enquête québécoise sur la violence commise par des partenaires intimes contribuera à faire avancer les connaissances sur le sujet.