Porté par l’effet accélérateur de la COVID et de l’IA, le paysage numérique mondial reste fracturé

14 mar 2024

Porté par l’effet accélérateur de la COVID et de l’IA, le paysage numérique mondial reste fracturé

Un rapport du Groupe de la Banque mondiale dévoile le potentiel du numérique et les domaines critiques pour réduire des inégalités grandissantes

WASHINGTON, 5 mars 2024 — La pandémie de COVID-19 a entraîné une accélération sans précédent de la transformation numérique dans le monde entier, marquée notamment par la montée en flèche du trafic de données et de l’utilisation des applications mobiles, le boom de l’industrie informatique et la résilience des entreprises digitales. Tous les pays ont connu une hausse importante du recours au numérique, même si les gains réalisés dans les pays à faible revenu n’ont pas suffi à combler l'écart qui les sépare des pays à revenu élevé ni à résorber la fracture numérique à l’intérieur de leurs frontières. Dans ces pays, seule une personne sur quatre a accès à l’internet.

Le nouveau rapport du Groupe de la Banque mondiale sur les avancées et les tendances du numérique propose une analyse exhaustive sur la production et l’utilisation de technologies digitales à travers la planète, en abordant tous les aspects du sujet — des emplois numériques et du développement d’applications mobiles aux exportations de services numériques, en passant par les usages de l’internet et les questions d’accessibilité financière et de qualité. 

Dans les pays à revenu faible et intermédiaire, les carences dans la vitesse de connexion, le trafic de données et les usages limitent les gains que les particuliers et les entreprises pourraient tirer du numérique. Pendant la pandémie, l’utilisation des technologies numériques a entraîné une forte augmentation du trafic de données, dopée par le streaming vidéo. Le trafic mobile haut débit moyen par habitant dans les pays riches a été plus de 20 fois supérieur à celui des pays à faible revenu, et plus de 1 700  fois pour les connexions fixes. En 2023, les vitesses du haut débit fixe et mobile étaient cinq à dix fois plus rapides dans les pays à revenu élevé que dans ceux à faible revenu. 

Les prix sont cependant restés beaucoup plus élevés pour les populations pauvres, les prix médians du haut débit fixe dans les pays à faible revenu représentant un tiers du revenu mensuel en 2022. Même le smartphone le moins cher représente plus de 14 % du revenu annuel des personnes vivant avec moins de 2 dollars par jour. Aujourd’hui, c’est en Afrique que la connectivité coûte le plus cher, tandis que la région du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord accuse les plus faibles taux d’adoption des services financiers numériques dans le monde.

« La numérisation est le grand vecteur de transformation de notre temps, mais seulement pour ceux qui ont la chance d'être connectés, souligne Axel van Trotsenburg, directeur général senior de la Banque mondiale. Sans accès internet et sans les compétences nécessaires pour utiliser efficacement les technologies numériques, vous vous retrouvez de fait exclus du monde moderne. Les services essentiels qui soutiennent le développement — comme les hôpitaux, les écoles, les infrastructures énergétiques et l’agriculture — dépendent tous de l’internet et des données. Les infrastructures et les plateformes qui sous-tendent ces connexions doivent être disponibles, abordables et sûres pour permettre aux pays en développement de prospérer. » 

Le rapport constate que le décollage du numérique est porteur de croissance économique, d’emploi et de résilience. Entre 2000 et 2022, le secteur des services informatiques a connu une croissance presque deux fois plus rapide que l’économie mondiale. Au cours de la même période, l’emploi dans les services numériques a augmenté de 7 % par an, soit un rythme six fois plus élevé que la croissance de l’emploi total. Durant la pandémie de COVID-19, les pertes de chiffre d’affaires des entreprises qui avaient investi dans des solutions numériques ont été deux fois moindres que celles subies par les entreprises non digitalisées. 

« En mesurant de près les avancées du numérique à l’échelle nationale, régionale et mondiale, les responsables publics et le secteur privé seront davantage en mesure de concentrer leurs efforts sur les domaines les plus critiques pour réduire la fracture numérique, explique Guangzhe Chen, vice-président de la Banque mondiale pour les Infrastructures. Afin de tirer parti du potentiel de transformation des technologies digitales, la communauté mondiale doit redoubler d’efforts pour aider les pays en développement à rattraper leur retard, accélérer l’adoption du numérique et faire en sorte que chacun soit inclus dans ce processus. »

Le rapport identifie également deux tendances émergentes appelées à redessiner notre avenir numérique. Premièrement, l’importance des infrastructures publiques numériques — c’est-à-dire la combinaison de plateformes pour l’identification des personnes, les paiements et le partage des données —, qui sont devenues un fondement essentiel de l’accès aux services publics et privés. Et, deuxièmement, les percées de l’intelligence artificielle, qui vont accélérer la croissance, mais qui auront aussi des effets disruptifs.   

Le Digital Progress and Trends Report sera actualisé chaque année afin de rendre compte de la rapidité de la transformation numérique à l'œuvre. Il fournira aux décideurs politiques et aux acteurs de terrain un étalon mondial grâce auquel ils pourront évaluer la vitesse des changements en cours, identifier les tendances à exploiter et les obstacles à surmonter, et récolter ainsi les fruits de la transformation numérique à l’aube d’une nouvelle ère du développement.  

Pour en savoir plus sur les activités du Groupe de la Banque mondiale pour la promotion du développement à l'ère du numérique, nous vous invitons à suivre la séance d’ouverture du Sommet du numérique.