10 mai 2024

Bulletin Femmes et TIC - Autonomisation

Le 10 avril dernier avait lieu l’atelier de lancement du projet « Produire, diffuser et faire rayonner des formes de savoirs féministes pour une plus grande participation de toutes les femmes dans la société du savoir, de l’information et des instances décisionnelles traditionnelles ». Ce projet, mené par Co-Savoir en partenariat avec Relais-Femmes, est financé par le Secrétariat à la condition féminine du Québec.

La première partie de l’atelier était consacrée à la présentation des pratiques de diffusion recensées au cours de la dernière année grâce à un sondage, quatre groupes de discussion et quatre entrevues semi-dirigées. Les échanges ont permis de souligner le flou persistant entre stratégies de communication et pratiques de diffusion. Un plan de communication est avant tout un outil de rayonnement, d’autant plus lorsque les bailleurs de fond demandent des résultats quantifiés de l’impact des projets; toutefois, la diffusion ne peut s’y résumer. En effet, diffuser implique de vulgariser et de transmettre sur le long terme. Il est donc essentiel de réfléchir à de meilleures manières d’archiver nos savoirs pour les rendre facilement accessibles aux prochaines générations de militantes. L’un des axes de réflexion principal a ainsi été la mutualisation des expertises, à la fois en ligne, sur des plateformes collaboratives dont la forme reste à définir, et hors ligne, dans un ou plusieurs espaces communs tels qu’un centre, une bibliothèque ou encore un musée.

Car, au-delà de l’enjeu de transmission au sein des groupes et entre les groupes, il nous faut rejoindre les populations concernées, ce qui ne peut se faire qu’en combinant les outils traditionnels aux outils numériques. La fracture numérique persiste, les formats papier demeurent pertinents, et les groupes n’ont de toute façon pas toujours les moyens d’investir l’ensemble des plateformes virtuelles qui évoluent rapidement et dont l’appropriation implique d’avoir des ressources suffisantes.

La seconde partie de l’atelier portait sur la co-création des outils de diffusion et de conservation. Les formats et supports sont aujourd’hui multiples : serveurs infonuagiques et sites Internet pour l’archivage général, réseaux sociaux et téléphones cellulaires pour les photos, zines, podcasts et vidéos pour les savoirs à diffuser… Cependant, chaque outil a ses problématiques et ses limites. On note, entre autres, la perte de contrôle sur les droits de propriété intellectuelle, la possibilité de récupération ou d’instrumentalisation du contenu en ligne, les enjeux de cybersécurité, l’accessibilité – ou non – des formats, ainsi que le risque de rupture avec les principes de l’éducation populaire. Il existe donc un véritable besoin de formation aux enjeux de diffusion et de conservation pour éviter de perdre du temps dans l’éternel recommencement des pratiques militantes, mais aussi de perdre une partie de son public cible ou potentiel.

Aucune solution définitive n’a pour l’instant été trouvée, en revanche, la nécessité de mettre en commun nos pratiques et nos intelligences demeure au cœur des préoccupations et des résolutions, en articulant toujours les enjeux de justice épistémique.