L’Association des groupes de défense de droits en santé mentale du Québec dévoile les gagnants des Prix Orange et Citron

11 juin 2024

L’Association des groupes de défense de droits en santé mentale du Québec dévoile les gagnants des Prix Orange et Citron

Source: 

Association des groupes de défense de droits en santé mentale du Québec (AGIDD-SMQ)

STE-ANNE-DES-MONTS, le 6 juin 2024 – L’association des groupes de défense de droits en santé mentale du Québec (AGIDD-SMQ) dévoile les gagnants des Prix Orange et Citron.

Depuis 1996, l’AGIDD-SMQ sélectionne 3 mises en candidatures au prix Orange et 3 au prix Citron. C’est par un vote populaire, principalement auprès des personnes premières concernées par la santé mentale, que sont déterminés les gagnants. C’est une façon concrète et originale qui permet aux personnes de s’approprier un certain droit de regard sur cette société qui, trop souvent, les exclut ou les marginalise.

Le prix Orange est décerné à une personne, un groupe, une association ou une institution qui, par son implication, s’illustre pour le respect des droits des personnes vivant un problème de santé mentale. Le prix Citron, quant à lui, est décerné à une personne, un groupe, une association ou une institution qui contrevient au respect des droits des personnes vivant un problème de santé mentale.

Le prix Citron 2024 a été décerné à l’hôpital Anna-Laberge de Châteauguay.

Après avoir fait de nombreuses demandes d’aide à l’urgence de l’Hôpital Anna-Laberge de Châteauguay, Christine Caron, 25 ans, a subi des propos désobligeants et stigmatisants à son endroit et ce, de la part d’un médecin qui lui aurait dit : « si tu avais voulu te suicider, tu l’aurais déjà fait et tu veux juste faire un show pour attirer l’attention ». Elle est finalement retrouvée par des proches, dans sa chambre le 18 décembre « dans un état de conscience très altéré » à la suite d’une tentative de suicide. Elle est décédée trois jours plus tard.

« Par-delà cette très mauvaise intervention non thérapeutique, au-delà de pratiques (normalement) automatiques d’évaluation du potentiel du risque suicidaire des personnes se présentant aux urgences, nos observations terrain nous confirment que des approches différenciées existent en fonction de certains diagnostics (de santé mentale) précis dans le réseau de la santé, notamment aux urgences. Le trouble de personnalité limite (TPL) est le diagnostic honteux, difficile à tolérer, souvent perçu comme intraitable par les divers intervenants de plancher. À l’opposé, il fait souvent l’objet de doléances et de difficultés d’accès aux soins et services par ces personnes et les proches qui nous consultent. » relate David-Alexandre Grisé, coordonnateur du Collectif de défense des droits de la Montérégie (CDDM).

Le prix Orange 2024 a été décerné Johanne Bossé et Alain Champagne : Les parents d’Amélie Champagne, pour leur courage à soutenir leur fille et à chercher justice en ce qui concerne son décès. Amélie Champagne est décédée en septembre 2022 après avoir été refusée aux urgences psychiatriques à la suite d’une tentative de suicide. Amélie Champagne était aux prises avec de grande souffrance physique liée à une maladie s’apparentant à la maladie de Lyme, qui lui causait par conséquence une grande détresse psychologique.

Nous estimons qu’Amélie Champagne est susceptible d’avoir été victime de sectorisation et de masquage diagnostique.

« Est-il normal que plus de 15 ans après la mise en œuvre du Plan d’action en santé mentale 2005-2010, on vienne à vivre une situation ou un établissement priorise un transfert, alors que la personne vient de tenter de se suicider? » questionne François Winter, porte-parole de l’AGIDD-SMQ dans le mémoire déposé lors de l’enquête publique sur le décès d’Amélie Champagne.

« La recherche et l’expérience des premières personnes concernées démontrent que malgré les politiques gouvernementales, il existe encore et toujours du profilage envers les personnes vivant avec un problème de santé mentale qui se présentent à l’urgence. Le manque de considération des problématiques de santé physique, quand ce n’est pas la négation de ces mêmes problématiques pour les lier à des problèmes de santé mentale sans les examiner, le manque d’empathie ressenti par les personnes, voilà ce qu’a été susceptible de vivre Mme Champagne. » peut-on lire dans ce même mémoire.

Étaient aussi mis en candidature au Prix Orange :

Katharine Larose-Hébert, Alexis Hieu Truong, Marie-Hélène Deshaies, Julia Léonard, et Émilie Rochefort : « Santé mentale et violence sexiste, ce que les femmes ont à dire » est une étude réalisée par Katharine Larose-Hébert et son équipe en collaboration avec Regroupement des groupes de femmes de la région de la Capitale-Nationale sur la psychiatrie et les violences sexistes.

Le Mouvement Jeunes et Santé Mentale (MJSM) : Le MJSM s’adresse aux personnes de tous âges qui s’intéressent à la santé mentale des jeunes et qui désirent lutter contre la médicalisation des problèmes sociaux des jeunes et ses effets. Un manifeste vidéo a été réalisé cette année sur le sujet.

Étaient aussi mis en candidature au Prix Citron:

L’institut universitaire en santé mentale de Québec : Des personnes, dont leurs proches se sont suicidé.e.s dans la région de Québec, ont découvert que plus d’une dizaine de professionnel.le.s ont eu accès au dossier médical. Dans le cas d’Isaac Lajeunesse, ce sont 11 professionnel.le.s qui ont consulté son dossier médical durant 3 ans à la suite de sa mort. Une travailleuse sociale (S.A.) a consulté son dossier médical à huit reprises suivant sa mort, en plus d’autres employé.e.s.

L’Institut national de psychiatrie légale Philippe-Pinel : Une demande d’action collective a été intentée contre un institut psychiatrique qui aurait mis en isolement des patients soupçonnés d’avoir la COVID-19. Un demandeur X aurait été placé en isolement cellulaire solitaire complet à plusieurs reprises, ce qui représente pour lui un événement « extrêmement traumatisant ayant porté une atteinte irréversible à son intégrité physique et psychique ». « Ainsi, l'Institut aurait instauré une mise en isolement cellulaire complet 24 heures par jour durant 14 jours et ce « sans s’assurer qu’il y ait des mesures afin de voir au bien-être physique et psychologique des patients ».

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Source : Nancy Melanson, coordination volet sociopolitique AGIDD-SMQ 450-204-8000

Entrevue : François Winter, porte-parole AGIDD-SMQ, 581-984-9311

                 David-Alexandre Grisé, coordination CDDM, 450-502-1219