Besoins de base : de nombreuses familles de tout-petits peinent à les combler
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Montréal, 13 novembre 2024 – L’Observatoire des tout-petits dévoile aujourd’hui la 3e édition du Portrait Dans quels environnements grandissent les tout-petits au Québec ?, à l’aube du lancement de la Grande semaine des tout-petits. Ce portrait dresse l’état de situation de l’environnement familial, le milieu de résidence et les milieux de garde des enfants de 0 à 5 ans partout à travers la province. Il met en évidence que des iniquités préoccupantes entre certains groupes demeurent et que cette situation peut entraîner des répercussions sur le développement de certains tout-petits.
« Les conditions de vie dans lesquelles grandissent les quelque 515 000 tout-petits au Québec ont un impact important sur leur développement. Ce que les indicateurs nous démontrent, c’est qu’il y a encore beaucoup à faire pour que tous les enfants démarrent dans la vie en ayant tout ce qu’il leur faut pour bien grandir. Par exemple, sur le plan des besoins de base, les enfants qui vivent dans des familles à faible revenu, monoparentales ou immigrantes vivent dans des environnements qui peuvent présenter davantage de risques pour leur développement », souligne Julie Cailliau, directrice de l’Observatoire des tout-petits.
Des éléments préoccupants
En ce qui concerne l’environnement familial des tout-petits, certains aspects sont inquiétants. Ainsi, en 2022, près d’une famille sur cinq (19,8 %) ayant au moins un enfant de 0 à 5 ans était en situation d’insécurité alimentaire. Rappelons que les enfants qui se trouvent en situation d’insécurité alimentaire risquent plus de présenter, entre autres, des retards en ce qui a trait à leur développement cognitif, moteur et neurophysiologique. Le portrait met aussi en relief le stress ressenti par les parents et le manque de soutien de leur entourage, ainsi que l’augmentation des signalements à la DPJ.
Certains éléments de l’environnement physique des tout-petits sont aussi à surveiller, comme la sécurité des quartiers dans lesquels vivent les familles à faible revenu, les déménagements plus fréquents vécus par certains tout-petits et la qualité des logements. Ainsi, en 2021, 1 famille sur 4 (25,7 %) avec au moins un enfant de 0 à 5 ans vivait dans un logement non acceptable. Cette proportion est encore plus élevée chez les familles monoparentales et les familles immigrantes.
Du côté des services éducatifs à l’enfance, ce nouveau portrait met en relief qu’au-delà du manque de places dans le réseau des services de garde éducatifs à l’enfance, la qualité de tous les types de milieux est en baisse. Or, pour que la fréquentation d’un service de garde éducatif influence positivement le développement des tout-petits, il est essentiel qu’il soit de qualité.
Des bonnes nouvelles à signaler
Heureusement, certaines bonnes nouvelles sont aussi à signaler. Par exemple :
- La proportion des familles qui se partagent les prestations parentales du Régime québécois d’assurance parentale (RQAP) après la naissance de leur enfant est passée de 27 % en 2020 à 35 % en 2021.
- Les tout-petits sont moins exposés au plomb. Les concentrations de plomb dans le sang des enfants de 3 à 5 ans ont diminué de 40% entre les périodes 2009-2013 et 2016-2019.
- En 2023, on a enregistré le plus faible taux de fécondité chez les femmes de moins de 20 ans depuis que cette mesure est faite au Québec (4 naissances pour 1000 femmes de moins de 20 ans). C’est positif, puisque l’on sait que devenir mère à l’adolescence peut entraîner de nombreux défis, tant pour les mères que pour les enfants.
Des pistes d’actions collectives à notre portée
Le Portrait démontre également qu’il est possible d’agir collectivement pour les tout-petits. Ainsi, il recense à la fois des projets, des mesures et des politiques publiques qui soit apparaissent prometteurs, soit sont documentés et évalués sur le plan scientifique. Par exemple :
- Bonifier les mesures de soutien financier aux familles. Des mesures comme l’allocation canadienne pour enfants et l’Allocation famille du gouvernement du Québec peuvent amoindrir le fardeau du manque d'argent, surtout pour les familles les plus défavorisées. Les familles avec de jeunes enfants (moins de 6 ans) qui sont admissibles à un montant annuel supplémentaire de l’allocation canadienne pour enfants risquent moins de se trouver en situation d’insécurité alimentaire.
- Poursuivre la création de logements sociaux et abordables. L’Initiative pour la création rapide de logements du gouvernement canadien a permis la création de près de 3 000 logements au Québec depuis 2021. S’il s’agit d’un pas dans la bonne direction, notons que le logement social locatif représente plus de 20 % en Autriche, au Danemark et aux Pays-Bas. Au Canada, cette proportion est de moins de 5 %.
- Soutenir les mères monoparentales à revenus modestes. L’organisme à but non lucratif Mères avec pouvoir travaille avec des mères monoparentales d’enfants de 0 à 5 ans qui se trouvent dans un ménage à modeste revenu. L’organisme leur offre, entre autres, l’accès à un logement social transitoire pour une période de 3 à 5 ans, ce qui facilite leur cheminement et favorise leur autonomie et leur intégration sociale et professionnelle.