Les petits gestes qui font du bien
Résumé:
Un projet du Carrefour d’éducation populaire de Pointe-Saint-Charles
Depuis quelques années, le Carrefour réalise des projets portant particulièrement sur la santé. Graduellement, le thème s’est donc imposé et a suscité une démarche importante en 2013-2014 avec un groupe de participantes et de participants en alphabétisation. Les années suivantes, la démarche a été élargie à l’ensemble des secteurs d’activité du Carrefour, et deux autres volets au projet ont permis d’explorer ce thème selon les besoins et les décisions des participantes et des participants de l’organisme, et ce, dans le respect des ressources disponibles.
Un partenariat entre le Carrefour et la Clinique communautaire de Pointe-Saint-Charles a permis d’obtenir du soutien financier pour le projet initial et pour la suite au cours des deux années suivantes.
Des constats à l’origine de ce projet
Plusieurs facteurs ont incité le Carrefour à amorcer le projet Les petits gestes qui font du bien : un certain nombre de personnes avaient une maladie chronique, certaines n’étaient plus capables de monter les escaliers qui mènent aux ateliers, le taux d’absentéisme pour maladie était en hausse, et certaines éprouvaient du désarroi à l’égard d’un diagnostic reçu. S’ajoutaient à cela les études qui démontrent les liens entre l’état de santé des citoyens, la pauvreté et l’analphabétisme. De plus, au cours des mois et des années antérieurs au projet, des activités traitant de la santé avaient suscité beaucoup d’intérêt parmi les participantes et les participants.
Les objectifs du projet
- Aider les participantes et les participants à prendre leur santé et leur vie en main et à être des citoyens actifs.
- Réaliser un projet d’éducation populaire de A à Z, qui serait mené par et pour les participants, afin de permettre l’acquisition de nouveaux savoirs à partir des expériences collectives.
- Sensibiliser les intervenants en santé aux réalités des personnes peu scolarisées et contribuer à la modification de leurs pratiques pour que celles-ci soient mieux adaptées aux besoins de ces personnes.
Les participantes et les participants
Les adultes qui ont participé au projet Les petits gestes qui font du bien sont en majorité des citoyennes et des citoyens du quartier et ont une moyenne d’âge élevée. La plupart d’entre eux participent aux ateliers en alphabétisation. Plusieurs éprouvent des problèmes de santé physique. Quelques-uns ont un handicap intellectuel, et certains souffrent de troubles de santé mentale.
La première année du projet : une recherche-action
Collecte d’information dans le cadre d’ateliers et de rencontres individuelles
Le projet a débuté par une collecte d’information en groupe. L’arbre à problème, puisé dans les outils d’animation issus de l’approche Reflect, et des activités avec des photos et des images ont servi à nommer les difficultés, à décrire les réalités que chacune et chacun vivaient et à chercher des solutions. Les discussions en groupe ont permis de réfléchir collectivement à l’activité physique et de trouver des solutions pour chacun des obstacles.
De plus, un animateur a rencontré individuellement les participantes et les participants pour recueillir plus d’information sur les aspects nommés en groupe.
« On se dégourdit » : sortie sur le mont Royal
Au terme de la démarche de réflexion, les participantes et les participants ont décidé d’une activité à réaliser ensemble : une marche sur le mont Royal.
Des pistes pour l’an deux du projet :
À la fin de ce projet, le groupe a tracé des pistes qui pourraient être intégrées aux pratiques du Carrefour et être utiles à la Clinique puisqu’elles permettraient d’informer ses propres intervenants. Les pratiques à mettre en place devaient tenir compte de la pauvreté et des conditions de vie difficiles. Les solutions devaient être applicables en milieu défavorisé et prendre en considération de la relation avec un corps qui a forcément été malmené. En outre, on ne doit pas présumer que les personnes veulent ou peuvent faire quelque chose.
Les pistes soulignaient un atout majeur du Carrefour, celui d’être un milieu de vie. L’évaluation du projet a fait ressortir l’importance de la relation de confiance, de la continuité, de l’implication et de l’engagement.
La deuxième année : le projet Les petits gestes qui font du bien est intégré au quotidien
Ainsi, la deuxième année du projet, un comité a été formé et s’est efforcé d’intégrer Les petits gestes qui font du bien à l’ensemble des activités du Carrefour. Tant l’équipe de travail que les participantes et les participants des divers secteurs d’activité ont été appelés à un moment donné à faire une activité physique inspirée par les participantes et les participants.
Création du groupe Les Petits Pas
Ces activités ont suscité la création du groupe Les Petits Pas, qui s’est opposé à l’imposition des activités physiques. Les participantes et les participants ont en effet demandé qu’on reconnaisse que l’activité physique faisait déjà partie de leur quotidien.
Pour appuyer leurs propos, ils ont décidé de produire un recueil de trajets de marche illustrant leurs parcours quotidiens dans Pointe-Saint-Charles, intitulé Dans les pas d’une participante du Carrefour!, recueil qui a ensuite été diffusé dans les organismes du quartier.
Cette réaction des participantes et des participants démontre à quel point ils s’étaient approprié la question de la santé et de l’activité physique. Ils se sont sentis en mesure d’affirmer haut et fort leur point de vue et de revendiquer la reconnaissance de leurs réalités et ont réclamé qu’on tienne compte de leur opinion.
La troisième année : réalisation de la vidéo Nos petits gestes, sur les activités physiques quotidiennes
Dans la suite de cette démarche, un troisième volet au projet Les petits gestes qui font du bien a été conçu. Celui-ci a permis de documenter comment, au quotidien, toutes sortes d’activités physiques contribuent à la santé. Le comité Ensemble, composé en majorité de participantes et de participants, a guidé tous les aspects de la production de la vidéo : la forme (documentaire, fiction, etc.), les activités à présenter, le montage. Une vidéaste professionnelle a procuré de l’aide pour le tournage.
Le comité Ensemble a organisé un lancement afin non seulement de sensibiliser le plus de gens possible à la réalité des personnes qui vivent dans des conditions de pauvreté et qui sont souvent peu alphabétisées, mais aussi de modifier leur perception de ces dernières.
http://carrefourpop.org/nos-petits-gestes-videos-activite-physique/
Conclusion
Le projet Les petits gestes qui font du bien, réalisé par et pour les participantes et les participants, a permis à ceux-ci de prendre la parole et de faire des revendications. Ils se sont affirmés et ont demandé que les projets portant sur l’exercice physique tiennent compte de ce qu’ils accomplissaient déjà au quotidien, de leurs réalités et de leur vécu. Les participantes et les participants du Carrefour ont suggéré et expérimenté les solutions qu’ils proposaient. Concrètement, ils ont trouvé ensemble des moyens de prendre leur santé en main qui leur convenaient, accessibles et réalistes. Un article sur le projet paru dans un bulletin du réseau de la santé a permis de sensibiliser des intervenants sociaux dans tout le Québec. « Comme organisateur communautaire, il faut être vraiment à l’écoute de ce qui se dégage des discussions afin de soutenir concrètement les personnes en dehors de toute stigmatisation. » De plus, la promotion du projet dans le quartier a permis de sensibiliser plus de 300 personnes à cette question. Ainsi, le projet Les petits gestes qui font du bien constitue un bon exemple de pratique citoyenne.
http://www.otstcfq.org/docs/default-source/bulletins/otstcfq_bulletin-126_lr.pdf?sfvrsn=2